Chronique de La Manif Pour Tous :
"Le logiciel informatique d’admission post bac (APB) est utilisé par le ministère de l’Education nationale pour affecter les 853 262 candidats au baccalauréat 2017 en classes prépas, universités, IUT, etc. Malheureusement, aujourd’hui, 65 000 jeunes sont toujours sans affectation, quand celle-ci ne s’est pas faite par tirage au sort. Parallèlement le gouvernement vient d’annoncer qu’il diminue de 60 euros par an le montant de l’aide au logement (APL). Dans le traitement des deux cas, APB, APL, quel message le gouvernement envoie-t-il aux Français dans sa manière d’agir, et plus particulièrement à l’adresse des familles ?
En effet, que ce soit APB ou l’APL, le gouvernement montre son impéritie dans la gestion à long terme. Pour APB, il y a eu 46 000 inscriptions supplémentaires par rapport à 2016. Est-ce à dire que personne au ministère de l’Education nationale ne le savait ? Nous ne pouvons le croire. Le gouvernement et celui qui l’a précédé pratiquent la politique de l’autruche. C’est inconséquent. Pour la baisse des APL, c’est envoyé le message que l’avenir n’appartient pas aux étudiants, débrouillez-vous leur dit le gouvernement. C’est tragique. Il s’agit ni plus ni moins que d’aider à se loger des hommes et des femmes qui sont le futur de notre pays, puisque sur 6,5 millions de bénéficiaires de cette aide, 800 000 sont des étudiants.
Par ailleurs, sur le plan politique, ces deux mesures mettent en exergue le manque de courage politique de ceux qui sont à la tête de l’Etat. APB a été rendu responsable de ces non-affectations. On en a fait un bouc-émissaire. Mais cela n’a aucun sens. APB n’est qu’un algorithme, une machine programmée qui fait ce qu’on lui dit de faire. La première question est la liberté que l’on veut, ou pas, laisser aux universités de sélectionner leurs étudiants. Liberté honnie par les syndicats étudiants qui n’y voient qu’une source d’inégalité. Aussi, il conviendrait que le gouvernement, a contrario de ses prédécesseurs, ait le courage d’engager une réflexion avec toutes les parties prenantes, et en particulier avec les syndicats étudiants toujours promptes à menacer de faire grève. A l’heure de la compétition mondiale entre les universités et le développement de l’intelligence artificielle qui bouleversent la donne des savoirs et des besoins futurs, cette question est cruciale pour l’avenir de notre pays. Que les universités puissent choisir leurs étudiants sur des critères justes doit être un schéma imaginable. Il semble que d’autres Etats à l’étranger y parviennent. A titre illustratif sachons qu’à l’heure où les universités manquent de moyens, un rapport de France stratégie dévoile que 40% des étudiants se réorientent entre la première et la deuxième année d’études supérieures. Coûts : 500 millions d’euros. Bilan : les universités brûlent leurs cash pour ces « erreurs d’orientations », plutôt que d’investir pour les étudiants motivés par leurs enseignements.
Quant à la diminution du montant des APL, le gouvernement d’Edouard Philippe n’a pas eu le courage d’assumer cette mesure impopulaire. Il a donc dit que c’était le gouvernement précédent qui avait pris cette mesure – qui dément vivement par la voix de l’ex-secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert. Personne n’en sort grandi. Mais outre que c’est le second coup de rabot, après celui de 2016 fait par François Hollande qui avait déjà diminué ou supprimé ces aides pour 80.000 foyers, celui-ci montre que c’est une politique à la petite semaine qui est faite là, dans l’urgence. Rappelons qu’Emmanuel Macron était ministre des Finances l’an dernier. La situation financière de la France il la connaissait. Où est passé le candidat qui promettait des réformes structurelles ? Aux abonnées absents. Une fois encore la réforme est remise à demain. Cette mesure illustre aussi le manque de préparation des équipes présidentielles.
Enfin, dans les deux cas, APB et APL, c’est sur les familles que l’Etat se repose. Car qui d’autres que ces dernières va assurer l’année qui vient pour ces étudiants mis à mal par un Etat inconséquent. Que ce soit ceux mal orientés qui s’arrêteront en cours d’année, ou peut être ceux qui n’auront pas de place, ou que ce soit ans la baisse du montant de l’APL qui diminue d’autant leur budget. Dans les deux cas ce sont les familles qui serviront d’amortisseurs. Ce sont elles qui assureront le soutien nécessaire, qu’il soit moral ou financier, l’Etat se défaussant. Officiellement, il dit qu’il aime toutes les familles, mais là n’est pas la question. Ces dernières ont besoin, comme les entreprises au chevet duquel le gouvernement est penché ardemment, d’un cadre stable, d’aides justes et de la solidarité nationale. Et comme en amour, le dire ne suffit pas, il faut des preuves de cette solidarité.
Mais faudrait-il encore qu’il existe un ministre de la Famille pour le dire et la défendre. Or il n’en existe pas dans le gouvernement d’Edouard Philippe. Le problème est peut être là. Aucun ministre ne semble se soucier de l’impact de ces deux problèmes qui engagent pourtant la vie de millions de Français. C’est plus que regrettable, c’est inquiétant pour la suite du quinquennat. Les familles n’ont aucun porte-parole au gouvernement. Elles sont donc réduites au silence. Pour le moment."