Polémia dresse un portrait du modèle social allemand. Extrait :
"L’Allemagne est à nouveau au centre des débats. Pour être critiquée ou prise en exemple. Mais le « modèle allemand » n’est pas seulement économique ; il est aussi culturel. La puissance économique allemande repose sur l’effort et la valeur du travail mais aussi sur un véritable patriotisme économique : pour les entreprises la préférence allemande est de l’ordre de l’évidence. […]
Comment expliquer la difficulté pour les mères à concilier vie de famille et vie professionnelle ? Une mesure récemment mise en œuvre témoigne de cette difficulté : un chèque mensuel de 100€ est offert aux parents ne plaçant par leurs enfants en crèche. Les parents sont âgés – souvent de 35 ans au 1er enfant – mais la cellule familiale s’est bien conservée car les grands-parents s’occupent beaucoup des jeunes enfants. Ce recours aux grands-parents permet aux femmes de continuer à mener une vie professionnelle. Les Allemands déménagent peu car la densité de population est très forte, de sorte que l’on peut changer d’occupation professionnelle sans déménager.
Les enfants font l’objet de beaucoup d’attention, comme en témoigne cette anecdote : pour entrer à l’école maternelle (à 3 ans et demi), la fille de l’intervenant a été testée sur sa maîtrise de la langue allemande pendant 45 minutes. Il s’agit d’un test systématique, destiné à détecter les difficultés de manière précoce. A l’âge de 10 ans, les enfants sont orientés entre trois voies, des meilleurs aux moins bons : le Gymnasium, la Hauptschule, la Realschule (un tiers environ pout chaque filière). Cette orientation ne revêt pas une connotation sociale et il existe de nombreuses passerelles entre ces filières.
Les professeurs allemands ont une attitude différente des Français : la Loi fondamentale leur interdit le droit de grève, ils enseignent au moins deux matières (ce qui enrichit leur relation avec les élèves), ils gagnent en moyenne 55K€ par an (contre 31K€ en France). Le système fonctionne bien, notamment du point de vue de la relation professeur-élève.
Dans une entreprise française, on veille à l’intelligence, au potentiel… En Allemagne, on veille à l’expérience (cf. la figure du Meister, artisan reconnu pour son savoir-faire) et au savoir (cf. la figure du Doktor, dont le titre repose sur une accumulation de savoirs et de travail). Il existe ainsi des docteurs en machine-outil. L’apprentissage revêt une grande importance et les entreprises veillent à entretenir leur filière d’apprentissage. Une entreprise se sent un devoir moral envers ses apprentis. Après sa formation, l’apprenti est très indépendant. Un exemple témoigne du décalage entre la France et l’Allemagne en ce qui concerne les filières d’apprentissage : récemment, aucun tourneur-fraiseur n’a pu être trouvé en Normandie – situation inimaginable en Allemagne.
La scolarité des enfants handicapés est prise en charge quel que soit le niveau de handicap. En Allemagne, la solidarité est un devoir, mais pour sa communauté : les aides au handicap sont ainsi octroyées à partir de deux années de cotisation. […]
Pour chercher des fournisseurs, on s’adresse à des Allemands, de préférence localement : une entreprise allemande n’achète qu’à des entreprises allemandes. Les Allemands refusent l’externalisation, sachant qu’ils peuvent faire montre d’une forte résistance passive. La préférence allemande est de l’ordre de l’évidence. […]
Amaury Duquesne
L’analyse livrée par cet article est pour le moins approximative. Tout n’y es pas faux mais l’article dresse un tableau idyllique d’une Allemagne dont la réalité est fort éloignée de ce que l’auteur laisse à penser.
– Sur l’éducation par exemple: attention le brut allemand n’est pas le brut français, il est beaucoup plus élevé car il comprend l’ensemble du coût du salarié: le net correspond à 60% du brut.
– attention au mythe également de la cellule familiale idéal: certes les parents perçoivent 100€ si ils ne placent pas l’enfant à la crèche mais il n’existe pas de système d’allocation familiale en Allemagne, de plus s’est développé une idéologie de l’enfant unique, car une mère qui aurait plus de 2 enfants serait ou une “mauvaise mère” ou une asociale. De plus je ne partage pas l’avis de polémia sur les crèches, et l’Allemagne en manque drastiquement.
– Les entreprises allemandes externalisent comme les autres: voyez la puissance sur place de groupes français comme ALTRAN, ALTEN ou ASSYSTEM.
– les passerelles entre les filières ne sont pas aussi évidente que polémia le prétend.
PG
Les germanophiles Nlle Droite de POLEMIA sont merveilleux : on dirait un film des années trente, avec jeunes filles en tresses remontées sur les tempes et robes “Dirndl”. Si tout cela est vrai, ce qui n’est pas le cas, pourquoi les Allemands de souche ont encore moins d’enfants que les ”de souche français” ?
Ce qui est exact est la description de leur système de formation, qui teste en permanence les compétences des enfants et des élèves pour les orienter au mieux de leurs capacités et nature.
La qualité allemande de l’enseignement est en baisse pour ce qui est de la culture générale, souvent très idéologisée comme en France. Mais ils ont gardé les humanités comme filière possible, le primaire allemand apprend encore la grammaire et la syntaxe de manière méthodique.
C’est frappant chez les jeunes générations, même catholiques que je rencontre dans un mouvement international : les jeunes couples allemands pensent réussite matérielle par le travail avant tout, carrière, argent, vacances, sérieux certes, mais matérialisme absolu, écologisme diffus qui fait de la procréation un acte qui offense l’avenir de la terre, bref l’enfant est une gêne pour réussir, et ceci dans tous les milieux. Alors qu’en France rien n’est encore normalisé totalement à ce point.
Là encore, il faudrait savoir : plus de crèches en allemagne favoriserait la famille (moins de travail féminin et plus de temps partiel en Allemagne pourtant) alors qu’ il y en aurait trop en France ce qui pousserait les femmes à trop travailler ?
Pour ce qui est de la préférence allemande en matière industrielle, c’est très contestable : l’Allemagne vend du Made in Germany souvent assemblé en Allemagne, mais à partir de composants venant d’Europe, ou d’Asie. Cette forte valeur ajoutée est la force de l’Allemagne, mais son effondrement démographique va devenir son problème majeur : or les allemands ont une peur viscérale des enfants.
Jean
@ Amaury, vous dites : “il n’existe pas de système d’allocation familiale en Allemagne”, mais y a-t-il des avantages/allègements fiscaux ? Les entreprises sont-elles tenues de participer à une politique familiale ?
exilé
Le modèle familial allemand, cela me fait rire franchement jaune.
Est ce qu’il existe en France un terme aussi péjoratif que “Rabenmutter”?
et qui, de fait, fait que la femme allemande, dans cette société germanique hypermatérialiste, préfère ne pas avoir d’enfants ou un seul ?