Depuis juin 2009, la Hongroise Krisztina Morvai siège au Parlement européen. A la tête de la liste du Jobbik, elle vient de recueillir 17% des voix aux législatives en Hongrie. Minute l'a interrogée. Extraits :
"Tout d’abord, je récuse l’étiquette « droite radicale », de même que je ne crois pas à ladite distinction droite-gauche. Ce qui importe, c’est de faire connaître à chacun les valeurs et les projets que l’on défend, et les moyens que l’on envisage pour les mettre en oeuvre. En ce qui me concerne, j’ai combattu toute ma vie pour la dignité et les droits humains. Mais il est temps de cesser de confondre droits de l’homme avec lobbying gay et lesbien! Les droits humains ont vocation à protéger le droit d’expression, de rassemblement et d’opinion des personnes, y compris lorsque ce sont des patriotes. […]
Le régime communiste s’est effondré il y a 20 ans en Hongrie. Quel bilan tirez-vous pour votre pays de ces 20 années qui nous séparent du changement de régime?
Les seules choses positives du communisme ont été supprimées: sécurité de l’emploi, du logement et de la santé. En revanche, tous les aspects négatifs se sont maintenus. Il n’y a pas eu de changement dans les mentalités et dans les structures institutionnelles du pays (en particulier en ce qui concerne la séparation des pouvoirs). Nombreux sont ceux qui se réjouissent du fait qu’un seul parti (le Fidesz) dispose des pouvoirs absolus grâce à sa majorité des deux tiers des députés. Beaucoup de ces gens – qui se disent anticommunistes – ne se rendent pas compte qu’ils ont les mêmes pathologies que les communistes. […]
Vous et le Jobbik êtes souvent accusés d’antisémitisme. Qu’en est-il?
C’est inexact. Nous avons exprimé notre ras-le-bol à l’égard de l’immigration incontrôlée de Juifs en provenance d’Israël, de même que de certains propos scandaleux, comme ceux du président israélien Shimon Peres qui déclarait qu’Israël avait racheté des pays entiers comme la Hongrie ou la Pologne. Je ne crois pas que cela fasse de nous des antisémites. Nous avons tenu bon, n’avons pas craint d’être marginalisés ou menacés, et les gens nous ont soutenus.
Le Jobbik évoque souvent la thématique de la «criminalité tzigane». Qu’entendez-vous par là, et que préconisez-vous?
Tout d’abord, je voudrais préciser que l’expression criminalité tzigane n’a pas pour but de montrer du doigt les tziganes et de dire que tous les tziganes seraient des criminels, mais que cette criminalité a certaines spécificités. Lorsque j’étais étudiante en droit pénal la criminalité tzigane était enseignée, ses spécificités étudiées, au même titre que d’autres formes de criminalité. C’est ainsi qu’une part importante des violences faites aux personnes (en particulier le racket avec arme blanche) et les violences scolaires (de la part des élèves… ou de leurs parents!) sont commises par des personnes de la communauté tzigane. La vie des villages où les tziganes sont majoritaires est totalement bouleversée par la criminalité […].
Ne peut-on pas expliquer cette criminalité par la pauvreté des tziganes?
Certainement pas. Beaucoup de Hongrois sont très pauvres et ne sont pas pour autant des criminels. Cette excuse de la pauvreté tend à justifier l’inaction des pouvoirs publics et à renforcer la criminalité. Il faut également préciser que beaucoup de tziganes sont victimes de la criminalité de gens de leur communauté. On a ainsi vu des mafieux tziganes vendre des femmes de leur propre famille! C’est donc au bénéfice de tous, y compris des tziganes, qu’il est nécessaire mettre un terme à cette criminalité. […]
En tant que député européen, vous vivez à Bruxelles et Strasbourg, villes dans lesquelles l’immigration extraeuropéenne est bien plus élevée qu’en Hongrie. Quel regard portez-vous sur ce phénomène?
Je constate que l’on parle beaucoup du droit des migrants à venir s’installer en Europe, mais on ne s’intéresse que rarement au droit de ces personnes à rester et vivre dignement dans leur pays. Lorsque je travaillais pour les Nations Unies, j’ai vu à Manille, aux Philippines, des familles déchirées par l’immigration, avec des enfants séparés de leur père des années durant. C’est aussi le résultat de la globalisation, qui a besoin de travailleurs bon marché qui sont envoyés en Europe, ce qui crée des tensions sociales de plus en plus fortes."
TFP
propos de bon sens…
HV
Cette interview confirme en creux, et parfois en plein, la description de Jobbik comme un parti fasciste. Le contrôle de l’économie était ainsi pour eux un aspect “positif” du communisme… quant à “l’immigration incontrôlée” de Juifs en provenance d’Israël, cela semble bien fantasmagorique…