Comme chaque année au mois de septembre depuis 2000, les évêques maronites ont publié hier un long appel aux Libanais, le 7e du genre, dans lequel ils se sont employés à analyser en profondeur les problèmes que traverse le pays. D’abord la question de la présidence de la République, rendue exsangue par le boycottage local et international dont elle fait l’objet. Les prélats constatent ce boycottage et ne le critiquent pas, notant que ses effets conduisent à un grave déséquilibre au niveau des institutions de l’État et soulignant la nécessité de trouver une solution à ce problème.
Ensuite, les évêques traitent longuement de la question de l’unilatéralisme pratiqué à tour de rôle par des factions libanaises, et tout dernièrement par le Hezbollah. À chaque fois, cet unilatéralisme loin du champ de l’État conduit à des désastres. Ils en concluent que seul l’État doit être en mesure de décider des questions intéressant le pays tout entier, et a fortiori de celles se rapportant à la guerre et à la paix. Ils insistent enfin sur la nécessité pour le Liban de mettre en œuvre les résolutions internationales et de respecter la Constitution, les lois et les coutumes du pays, et pour les communautés et les groupes libanais de cesser de se mettre au service de tel ou tel État étranger, voisin ou lointain. Extrait :
"Il existe au Liban 18 communautés, chacune d’elles jouissant des mêmes droits et devoirs que toutes les autres, en vertu de la Constitution libanaise. Chaque fois qu’un groupe communautaire s’est livré à un acte unilatéral ayant des répercussions sur le pays, ce sont des désastres qu’il a entraînés. Les exemples sont nombreux. Il y en a eu au moins 4 durant le dernier demi-siècle. En 1958 d’abord, quand a commencé une série de décisions unilatérales de la part de certains groupes, déclenchées par l’orientation de l’un d’eux en faveur du pacte de Bagdad et de la doctrine Eisenhower. Cela a conduit à la première explosion. Plus tard, un autre groupe a considéré les organisations palestiniennes comme étant son armée et a livré le territoire libanais à la lutte nationale palestinienne au détriment de la souveraineté de la nation, ce qui a provoqué la deuxième explosion. Enfin, un groupe libanais [Hezbollah] a unilatéralement décidé de maintenir son arsenal après la libération de la plus grande partie du Liban-Sud, en 2000, et cela en contradiction avec les dispositions de Taëf, conclues en 1989. Ce groupe s’est transformé en une organisation religieuse, militaire et politique, ce qui a entraîné la guerre le 12 juillet 2006."