Renaissance catholique répond à Mgr Eric de Moulins-Beaufort :
Le 2 décembre dernier, Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France (CEF), s’adressant aux 600 séminaristes français réunis à Paris en réponse à la question : « L’Eglise de France a-t-elle un problème avec les traditionalistes ? », déclarait :
« Oui, sans doute en raison de notre histoire mouvementée depuis la Révolution. S’il y a une question centrale, c’est une question de théologie politique et de rapport au monde. Le décret de Vatican II sur la liberté religieuse est très clair. Le Christ n’est pas venu bâtir des nations catholiques mais il est venu fonder l’Eglise. Ce n’est pas la même chose. A force de traîner la nostalgie d’un état catholique, on perd notre énergie pour l’évangélisation. »
Cette déclaration a le mérite de la franchise et de la clarté. Mgr de Moulins-Beaufort cite la fameuse déclaration conciliaire Humanae Dignitatis (7 décembre 1965) sur la liberté religieuse. Ce texte, affirmant que « nul ne soit empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé ou en public », marque la fin de la chrétienté, de toute aspiration à un Etat catholique, mettant, concrètement, toutes les religions sur le même plan face à la société civile. Le président de la CEF rejoint ainsi une déclaration antérieure du Cardinal Etchegaray, archevêque de Marseille, son prédécesseur à la tête de la CEF :
« Après l’Etat chrétien, dont la déclaration conciliaire sonne le glas, après l’Etat athée qui en est l’exacte et aussi intolérable antithèse, l’Etat laïc neutre, passif et inengagé a été certes un progrès. »
On ne peut pas dire que la continuité entre toutes ces situations saute immédiatement aux yeux !
Merci à Mgr de Moulins-Beaufort d’aborder ces questions qui sont effectivement un point d’achoppement majeur pour les tenants de l’herméneutique de la continuité entre les enseignements préconcilaire et post-conciliaire.
Les débats, si un véritable dialogue peut s’instaurer, promettent d’être passionnants, dans deux ans, à l’occasion du centenaire de la publication de l’encyclique de Pie XI Quas Primas (11 décembre 1925) sur la Royauté sociale du Christ. Il va falloir être très fort pour expliquer la continuité entre Quas Primas et Dignatis Humanae.
Providentiellement nous venons de publier, sous la direction de Michel De Jaeghere, les Actes de notre XXIIème université d’été Après la Chrétienté qui traitent largement de ces sujets et de la manière de rester chrétien dans un monde qui ne l’est plus :
Sommaire :
Le signe de contradiction
- Qu’est-ce que la chrétienté, Arnaud Jayr
- L’Etat moderne est-il antichrétien ? Constats et analyses, François Vallançon
- La politique du néant, Abbé Guillaume de Tanouärn
- L’Eglise, l’Etat et la loi naturelle, Guillaume de Thieulloy
- Des pièges de l’enfouissement à l’impasse identitaire, Abbé Claude Barthe
- Objection de la conscience et résistance, Joël Hautebert
- Géopolitique du catholicisme, Aymeric Chauprade
- Transmettre la culture chrétienne, François-Xavier Bellamy
La chrétienté dans ses œuvres
- Les résistants à la dénaturation du mariage, table ronde animée par Marie-Amélie Brocard et Jean Vallier
- Résister à la culture de mort, table ronde animée par Jeanne Smits
- Agir en politique, table ronde animée par Jean-Pierre Maugendre
- Information et désinformation, table ronde animée par Michel De Jaeghere
- Quelle école catholique ? table ronde animée par Gabrielle Cluzel
Demain la chrétienté
- Pourquoi Pie IX a-t-il institué la fête du Christ-Roi ? Chanoine Benoît Merly
- L’avenir de la chrétienté, Jean-Pierre Maugendre