Introduction de Nicolas Sévillia à la soirée Débranchons Mai 68, jeudi dernier à Paris :
"Chers amis,
J’ai la très grande joie de vous accueillir ce soir au nom des Eveilleurs d’espérance, dans cette grande salle parisienne à l’ambiance que je qualifierai d’assez énigmatique, mais tout compte fait très bien choisie pour évoquer la légèreté et l’insouciance qui caractérisent Mai 68 depuis 50 ans. On nous suspecte d’organiser une réunion politique, mais la seule élection que nous aurions pu organiser ici est celle de Miss Palmeraie. Ça n’est pas le cas quoiqu’Elisabeth, Charlotte ou Marion avaient toutes leurs chances….
Plus sérieusement, nous sommes très fiers car nous vivons ce soir l’aboutissement de plusieurs semaines de travail, nous pourrions parler presque de gestation d’un projet écrit à deux mains. Nous savons bien qu’il est démodé aujourd’hui de parler d’alterité, et pourtant oui mes chers amis, nous célébrons ce soir la naissance d’un couple atypique et improbable, mais dont l’addition d’énergie et d’audace a permis l’organisation de cette belle soirée. Voici que les Eveilleurs d’Espérance et l’Incorrect, dont les vocations et les modes d’action ne sont pourtant pas les mêmes ont revendiqué, eux aussi, leur droit à l’enfant. Une grossesse n’est jamais sans risque et elle est même à l’origine parfois dans un couple de quelques tensions, mais l’enfant à venir dont elle est la promesse apaise et console tout. Chers amis de l’Incorrect, merci de votre confiance et de votre contribution décisive qui nous ont permis ensemble d’accoucher de ce bébé sublime, dont la première nuit sera sans doute agitée et courte.
Chers amis, pourquoi avoir voulu cette soirée ? Parce que nous avons, nous, notre génération, une revanche à prendre sur tous ceux qui, en un petit demi-siècle, ont brisé l’ensemble de nos attachements vitaux, à la recherche d’un marché planétaire sans frontière, et d’un homme nomade, désaffilié, et désexué. Si nous n’agissons pas, les intelligences auront définitivement cessé demain de s’élever, et nos cœurs de battre. Nous n’aurons plus de culture, nous n’aurons plus de patrie, nous n’aurons plus de familles, nous n’aurons plus de parents ni de frères et sœurs. Nous n’aurons même plus d’enfants car ils auront pris jusqu’à notre notre lit conjugal. Ils nous auront tout pris, de notre ascendance jusqu’à notre descendance.
Que nous reste-t-il? Il nous reste la terre charnelle, qui nous rappelle à une prophétie plus haute, celle du réel, la prophétie d’un avenir qui dépasse nos projections, d’une fécondité qui échappe même à notre volonté. Il nous reste aussi des esprits libres, et au nom des éveilleurs je veux remercier pour leur présence et leur engagement Jean Sévillia, Elisabeth Levy, Gérard Leclerc, Marion Maréchal, Charlotte d’Ornellas, et Jacques de Guillebon, qui, avec beaucoup d’autres dont certains nous font l’honneur d’être là ce soir nous permettent d’affirmer avec Georges Bernanos « qu’ils ne nous auront pas. Ils ne nous auront pas vivants ! ».
Les éveilleurs d’espérance, avec leurs petits moyens (devenus ambitieux) mais avec leurs grande audace ont une aspiration : devenir un laboratoire de la reconstruction. En se formant sur les thèmes culturels, économiques, historiques ou politiques au cœur de l’actualité, mais aussi en proposant des moyens d’action et d’engagements concrets au service de la Cité et du Bien commun. Depuis trois ans nous avons reçu de grandes personnalités mais aussi des héros discrets du quotidien. Qui ont en commun et au cœur l’amour de la France mais aussi le désir de servir.
C’est idiot mais nous ne voulons pas mourir. Et nous croyons que la vie comme l’histoire de France commencent toujours demain. Non, ils ne nous auront pas vivants."