Le 24 avril 1915 est le début des massacres et des déportations qui décimeront près des deux tiers des Arméniens de Turquie. Le 24 avril prochain est donc un jour de commémoration, à un mois d’un référendum sur une Constitution qui ne définit pas l’Europe, ouvrant ainsi la porte à la Turquie. Cette dernière n’a d’ailleurs toujours pas reconnu ce génocide. Elle le nie.
Ce soir sur Arte, un documentaire revient sur cette tragédie. Pour mieux saisir la réalité de la période 1915-1916, celui-ci se plonge dans les archives diplomatiques. Les diplomates allemands et américains en poste à l’époque témoignent de l’ampleur de la tragédie : «Il s’agit de rien moins que la déportation de toute la population arménienne. Il y aurait environ 60 000 Arméniens dans cette province et environ un million dans l’ensemble des six autres. Tous doivent être expulsés, entreprise probablement sans précédent dans l’histoire», écrivait Leslie Davis, consul américain à Kharpout.
Le mérite de ce documentaire n’est pas seulement de nous montrer les visages et les corps de ces martyrs du premier génocide du siècle. Il est aussi de rappeler que les diplomates étrangers sur place n’ont cessé de demander en vain à leur gouvernement d’intervenir.
«L’agonie de l’Arménie n’a pas manqué de témoins. Même si les statistiques étaient encore plus nombreuses et encore plus éloquentes, elles ne parviendraient pas à nous faire saisir la réalité de ce qui vient d’avoir lieu : une nation vient d’être exterminée», écrivait l’historien britannique Arnold Toynbee en 1916. Le génocide arménien fit entre 1 million et 1,5 million de victimes.