Liberté Politique a organisé le 6 octobre des Assises contre la pornographie. En voici une brève synthèse :
1ère Table ronde : Sexualité et beauté : incompatibles ?
Au coeur du débat, la place du Beau comme arme décisive pour répondre à la laideur du monde pornographié.
Père Cédric Burgun, Spécialiste des questions conjugales- En quoi la sexualité est-elle belle ?
Si la pornographie est un monde de laideur, l’Église est là pour nous rappeler la beauté de l’union de l’homme et de la femme dans le plan de Dieu, seuls êtres à s’unir par les corps en se regardant en face à face. Le Père Burgun a rappelé l’importance de la régulation de la sexualité, à travers notamment l’apprentissage de la régulation naturelle des naissances prônée par l’enseignement des papes. Contraception et pornographie sont les deux faces d’une même monnaie, celle d’une vision des corps sans limites.
Myriam Chalom, Conférencière – Une éducation du regard
Dans une brève promenade à travers quelques grandes oeuvres de l’art occidental, Myriam Chalom nous a rappelé l’importance de l’éducation au regard : apprendre à voir la personne dans sa globalité, découvrir et admirer le visage – qui est par définition absent du film pornographique. Cette éducation au regard peut commencer très tôt, en famille, pour sans cesse affiner la perception que nous devons avoir de la dignité de la personne à travers son corps.
Maître André Bonnet, Co-fondateur de l’association Promouvoir – Cinéma, écrans : quand la pornographie salit le corps
L’intervention de Maître Bonnet fut un vibrant plaidoyer pour l’engagement. Non, il n’y a pas de familles « préservées » ; un catholique ne peut se contenter du raisonnement : « ça n’arrive qu’aux enfants des autres donc ça ne m’intéresse pas ! » Aujourd’hui, la pornographie est partout, bien au-delà des seuls « films X ». Des séries récentes, comme Game of Thrones, ou Westworld, qui ont été vues par la majorité des jeunes, comportent une vision pornographiée de la sexualité, faite de violence, de domination, de destruction de l’autre. Son conseil : éduquer au regard critique pour savoir rejeter les oeuvres cinématographiques mauvaises, dans tous les sens du terme.
2ème Table ronde : Éducation sexuelle : rôle des parents ou de l’école ?
Les enfants et adolescents : une cible privilégiée, qui nécessite une action et un discours adaptés. Avec les bons mots et les bons gestes, il est possible de les sortir de l’emprise du porno !
Inès de Franclieu, qui intervient en milieu scolaire auprès des adolescents, fait état de l’ampleur du phénomène de la pornographie : les garçons comme les filles sont quasiment tous touchés. Pour les aider à lutter, il faut leur parler de la beauté de l’amour et de l’union, offrir un modèle de la sexualité humaine gratifiant et exaltant, qui dilate le coeur et qui élève. Leur soif de bonheur est immense et n’attend que d’être comblée par des mots justes et vrais.
Stanislas Rocher, Fondateur de Libora, site de soutien par la prière aux porno-dépendants – Les mécanismes de la pornographie et comment en sortir
Un témoignage courageux et poignant que celui de ce jeune homme qui a eu sa première «expérience» du porno dès le CM2. À l’adolescence, une descente vers l’addiction favorisée par les amis, l’école, l’internat. Un milieu pourtant préservé : scoutisme, service de l’autel. Mais ce sont justement ces « garde-fous » qui lui ont permis de sortir de l’addiction, car depuis le début, il avait la conscience ferme que le porno était un mal. D’où l’importance des valeurs de Bien et de Mal qui seules permettent la vraie libération !
François-Xavier Clément, Directeur de Saint-Jean-de-Passy – Éducation sexuelle et pornographie : que se passe-t-il dans nos écoles ?
Un regard sans concessions, pour raffermir les parents dans leur rôle d’éducateurs. Un ennemi : le smartphone universel (90 % des enfants en 6e), alibi facile des parents pour donner une autonomie mal comprise aux jeunes adolescents, qui finit par se payer au prix fort quand ils tombent dans le porno. Sur les questions d’éducation sexuelle, et sur les programmes de l’Éducation nationale, François-Xavier Clément a rappelé avec force la liberté, importante, dont jouissent les directeurs, même dans le sous-contrat, mais dont ils ne se servent pas. Osons être libres !
3ème Table ronde : La pornographie détruira-t-elle notre société ?
Le porno induit une déconstruction morale de la société. Le courage politique doit être au rendez-vous.
L’auteur de l’excellent ouvrage Révolution sexuelle et permissivité a démonté brillamment les mécanismes qui mènent de la fréquentation de matériaux pornographiques aux atteintes sur le cerveau, enfermant l’homme dans une spirale qui va du voyeurisme à l’autodestruction. A contrario, l’apprentissage de la pudeur, méprisée et décriée aujourd’hui, est la clef d’un désir maîtrisé.
Guillaume de Thieulloy – La pornographie au coeur de la culture de mort
On connaît tous la fameuse citation de Soljénitsyne sur la pornographie et les miradors et pour cause : la pornographie fait partie intégrante du projet totalitaire de la culture de mort. En détruisant le projet divin sur l’homme, la femme et la famille, elle en est même l’une des matrices. S’il est très difficile de lutter au niveau public, la résistance commence dans les communautés naturelles que sont les familles, l’école, la paroisse.
Tebaldo Vinciguerra, Spécialiste des textes pontificaux sur la pornographie – La pornographie, enjeu d’écologie intégrale
La pornographie est une forme dramatique de « pollution », en empêchant le développement humain intégral dans toute sa dignité. Elle incarne le refus de la limite (un contenu accessible partout et tout le temps), et une culture du déchet (j’utilise l’autre, puis je le jette). Pour en sortir, la force du témoignage et de l’accompagnement humain sont fondamentaux. Prévenir, guérir et reconstruire doivent être au coeur de la démarche.
Bruno Vercken, Cadre dirigeant du PCD – Quel rôle pour les politiques dans la lutte contre la pornographie ?
Les politiques aujourd’hui n’ont aucune envie de se plonger dans le sale boulot de dénoncer le fléau pornographique. Peur d’être ringard, peur d’aller à contre-courant d’une libération morale érigée en norme universelle. Pourtant, ce combat est parfaitement cohérent si l’on souhaite la défense de la famille, la défense des plus fragiles : un appel au courage et à la systématicité des actions.