Après la polémique créée par la diffusion de son témoignage, le docteur Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens, déclare dans Famille chrétienne :
La journaliste de TMC m’a interrogé sur ma pratique personnelle, mais elle a ensuite présenté celle-ci comme la pratique recommandée par le syndicat que je préside. Or, ce n’est pas le cas. Notre syndicat vient en aide aux patientes, à toutes les patientes, quelle que soit leur demande, et il est là également pour faciliter la pratique médicale de la gynécologie-obstétrique aux confrères qui prennent en charge ces patientes. L’IVG n’y fait pas exception. Mon syndicat ne demande pas l’arrêt des IVG. Par contre, le syndicat observe – et c’est pour cela que j’ai lancé le sujet qui a été repris mais malheureusement déformé – une remise en cause de la clause de conscience.
Vous craignez que la clause de conscience soit supprimée ?
Oui, c’est notre crainte au sein du syndicat, et c’est ce combat qu’en tant que syndicaliste je porte. La loi sur l’IVG a pu être votée parce que Simone Veil avait négocié une clause de conscience permettant aux médecins qui ne souhaitaient pas pratiquer d’IVG de s’abstenir de le faire, à condition de confier la patiente à un autre médecin. Cette clause fait partie de plusieurs conditions encadrant le texte d’origine. Or, depuis 1975, la quasi-totalité des conditions ont été supprimées au fur et à mesure des années. Et, depuis 2013, nous entendons de plus en plus de demandes – notamment de la part du Planning familial ou du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – exigeant la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG. Nous considérons cela comme un grand danger pour la pratique médicale.
Pourquoi ?
Car l’IVG n’est pas une intervention comme une autre. C’est un choix très difficile pour les médecins, puisqu’ils retirent une vie pour aider une femme dans une situation de grande détresse. Avant la loi Veil, l’avortement était considéré comme un crime, passible du pénal. La loi a dépénalisé l’IVG et y a mis des conditions. Cela a permis de voir disparaitre cette situation inacceptable où des femmes mourraient dans nos services des suites de complications liées à un avortement clandestin. Mais si on a fait disparaitre ces décès inacceptables, on a dans le même temps créé un conflit interne pour les médecins. La clause de conscience permet de reconnaître la liberté individuelle de ces médecins qui, quel qu’en soit la raison, éthique ou religieuse, refusent de pratiquer des IVG.
Nous sommes donc très inquiets de voir de plus en plus de demandes, notamment écrites, demandant au ministère et au gouvernement de faire disparaître notre clause de conscience. Et si personne ne dit rien, dans quelques mois ou quelques années, la clause de conscience risque d’être supprimée par un amendement dans un texte de loi, et le gouvernement l’acceptera pour avoir la paix sociale. […]
Toutefois, même les pro-IVG ne voudraient pas d’une intervention réalisée par un médecin qui agirait sous la contrainte. Ce qui les dérange ce n’est pas la clause de conscience, c’est la conscience…, leur conscience.