Lu sur Sandro Magister :
"En l’espace de quelques jours, c’est par dizaines que des églises, des
couvents, des logements de chrétiens ont été pris d’assaut ou incendiés
en Égypte. Une tragédie dans la tragédie, après le coup d’état qui a
plongé le pays du Nil dans une guerre civile qui a fait des centaines,
si ce n’est des milliers, de victimes.Toutefois "L'Osservatore
Romano" du 18 août, qui a mentionné les nombreux appels à la cessation
des violences, n’est pas parvenu à en citer un seul qui provienne du
monde musulman. Ce silence public des guides spirituels musulmans
n’est pas surprenant. Il accompagne presque tous les actes de violence
politique auxquels participent des musulmans, dans une région du globe
ou une autre.C’est un silence qui ne s’explique pas uniquement
par des calculs d’opportunité ou par la crainte de mesures de rétorsion.
Ni par le seul fait qu’aujourd’hui, en Égypte, le principal conflit
oppose deux factions musulmanes qui sont l’une comme l’autre bien
décidées à mettre en œuvre par la force les préceptes de l'islam : parce
que non seulement les Frères Musulmans du président déposé Mohamed
Morsi conçoivent la lutte politique comme un jihad, comme une guerre
sainte, mais c’est également le cas de leur adversaire Abdel Fattah Al
Sisi, le général qui a été mis à la tête des forces armées par ce même
Morsi qui le considérait comme le plus fidèle de tous les islamistes.Pour
retrouver la racine ultime du silence des guides spirituels musulmans
face à l’explosion de la violence d’inspiration musulmane, il suffit de
faire quelque chose de simple. Il suffit de relire les premiers
paragraphes du discours prononcé par Benoît XVI le 12 septembre 2006
dans le grand amphithéâtre de l'université de Ratisbonne. Les
manifestations d’agressivité par lesquelles des hommes et des groupes
musulmans ont réagi à ce discours ont été la tragique confirmation de la
justesse de la thèse exposée par le pape Joseph Ratinzger. Selon
celle-ci, la violence associée à la foi est l'inévitable produit du lien
fragile qui existe entre foi et raison dans la doctrine musulmane."