Dans L'Homme Nouveau, le père Yannick Bonnet donne des conseils avant d'aller voter :
"[…] La doctrine sociale de l’Église est suffisamment claire et précise, pour qu’au vu des déclarations des candidats on puisse déjà établir la liste de ceux pour lesquels, en conscience, un catholique ne peut pas voter. Cette doctrine nous affirme que la finalité de la communauté politique, servir le bien commun, c’est respecter l’ordre inscrit par Dieu dans la créature humaine, en matière morale et religieuse. Il y a un mode d’emploi de l’homme, le terme savant étant une anthropologie, rappelée sans cesse par le magistère, que l’on ne saurait transgresser sans faute grave. Et donc le pouvoir politique ne doit pas promulguer des lois qui bafouent le respect de la personne humaine, telle que l’a voulue et créée Dieu dans sa sagesse.
La réaction des catholiques et de ceux qui, sans l’être, respectent au moins en désir cet ordre naturel montre bien qu’il y a, pour les citoyens, un droit de résistance et un droit à l’objection de conscience. En conséquence, au premier tour de l’élection présidentielle, un catholique conséquent s’interdit de voter en faisant un pari sur ce qui pourrait se représenter le duel du deuxième tour, il vote pour le candidat le plus proche des positions de la doctrine sociale de l’Église.
Là où commencent les difficultés, c’est évidemment pour le deuxième tour, car l’expérience montre depuis de nombreuses années qu’il ne subsiste après le premier tour aucun candidat qui corresponde aux conditions énoncées ci-dessus. Il ne reste que trois positions possibles pour le catholique : l’abstention, le vote nul ou le vote « contre ». L’abstention présente un inconvénient majeur, celui d’être confondu avec ceux qui privilégient leurs loisirs, ceux qui se désintéressent du destin national, ceux qui sont révoltés contre la classe politique et en restent là. Quant au vote nul, il n’est pas pris en compte, ce qui est également un inconvénient majeur.
Reste la troisième voie : en conscience on ne cherche pas à favoriser l’élection d’un candidat mais à favoriser l’élimination de celui qui est le plus loin de ses convictions spirituelles et morales. Je reconnais que ce n’est pas glorieux ni satisfaisant pour l’esprit, mais je ne vois pas d’autre voie. […]"