Dans Monde & Vie, l'abbé de Tanoüarn estime que les concepts de droite et gauche sont dépassés pour les chrétiens, qui peuvent désormais s'allier sur un certain nombre de plans :
"Comment pourrait-on caractériser un programme commun des catholiques français, en quelques points?
- A droite et à gauche, les catholiques français ont conscience de défendre une culture de vie, fondée sur l’amour, sur la famille, sur l’accueil et le respect de la vie depuis sa conception.
- A droite et à gauche, les catholiques français ont conscience de défendre ce que Pie XI a appelé le principe de subsidiarité : l’idée que contre le gigantisme financier il faut défendre l’initiative privée et les entreprises, que contre les délocalisations, il faut défendre nos industries, que contre le magma bruxellois que l’on appelle Union européenne, il faut défendre la responsabilité et la culture des nations, ces « grandes institutrices des peuples » dont l’identité est en péril.
- A droite et à gauche, les catholiques français prennent une conscience toujours plus aiguë du devoir où nous sommes tous de respecter la nature, don de Dieu, en mettant des limites à la consommation effrénée, qui détourne les hommes des vraies valeurs – celles de l’esprit.
- A droite et à gauche, les catholiques français prennent conscience des dangers d’une mondialisation sauvage, organisée par une petite « élite » au nom du « laisser faire, laisser passer », c’est-à-dire au nom d’une liberté devenue folle.
- A droite et à gauche, les catholiques français prennent conscience du fait que la catholicité de leur Eglise est la seule réponse chrétienne adéquate à ce qu’Alain Minc appela «la mondialisation heureuse» ou «l’ivresse démocratique».
Il faut reconnaître que le pape Benoît XVI a fait beaucoup, en particulier dans son encyclique Caritas in veritate pour acclimater des thèmes nouveaux dans la réflexion des chrétiens en politique. Le moment est venu sans doute, en particulier à gauche, de reconnaître que la doctrine sociale est bien aujourd’hui ce qu’elle a été a toutes les époques : la synthèse antilibérale dont nous avons besoin pour ne pas perdre nos âmes. Parmi d’autres petits signes encourageant à une union alternative de la Pensée chrétienne sociale, la publication aux éditions de L‘Homme nouveau du livre de Joseph Pearce, Small is toujours beautiful (sic), semble indiquer que l’union des catholiques ne se fera pas par le centre (comme le voudrait Sarkozy en bon politique électoraliste) mais par les deux ailes réconciliées dans un même refus des abus de la liberté sans règle."
Denis Merlin
Cela peut être, certes un “programme commun” des catholiques, mais plus largement, c’est un “programme commun” de tous les hommes de bonne volonté.
Quand on fait de la politique, on en fait pour le service commun de tous, quelles que soient les croyances de chacun.
LB
J’ignorais qu’il y eut des catholiques à gauche.
Lysandre
“Au-delà de la droite et de la gauche” ?
J’ai la sincère opinion qu’en tant que catholiques, nous devrions rejoindre le combat royaliste, dans l’intérêt de la foi et de la nation.
Roque
Il y a des catholiques de gauche (dont je fais partie) qui n’ont jamais envisagé – même un instant – de s’aligner sur les idées “libérales” en matière de loi sexuelle et familiale de la gauche. Je crois que les attaques contre le Pape ont commencé à reveiller une partie des caholiques de gauche lesquels réalisent qu’ils ne peuvent plus du tout trouver des repères chrétiens dans les médias (je suis abonné au Monde, mais certainement pour les commentaires biaisés de Stéphanie le Bars et d’autres du même tonneau). La doctrine sociale et écologique de l’Eglise est mal connue (même de moi), mais c’est un voie de cohérence quand les répères “du siècle” (notre belle République compromise avec le niveau de conscience des pipoles et des marchands) sont passablement brouillés.
Roque
J’en rajoute un couche : … mais, mais, mais le problème principal n’est pas d’abord de faire un groupe de pression “catho” ou d’avoir un “programme commun”, de se “sentir forts ensemble” comme le croit trop vite ce site. Le problème est que les chrétiens arrivet à voir à vraiment “sortir le tête du sac”, pour voir et dénoncer notre société “qui fout le camp”. Redevenir libres de refuser les plats avariés … que nous sert notre belle démocratie.
senex
C’est vrai que le véritable critère spatial des valeurs de la catholicité n’est pas la droite ou la gauche, mais le Haut et le bas..
LB
Etant donné la condamnation par le Magistère de l’Eglise du socialisme et du communisme, comment peut-il y avoir des catholiques à gauche ?
Il est vrai qu’il ne faut pas laisser le social au socialistes, l’écologie aux écologistes, l’économie aux économistes; en fait, il suffit que les catholiques soient pleinement catholiques et non libéraux.
elqana
Nous devons nous former à la doctrine sociale de L’Eglise. Un de ces moyens est le parcours Zachée (formation donnée sur la DSE) proposé par la Communauté de L’Emmanuel.
Roque
Le Magistère a condamné le communiste “intrinsèquement pervers”, ça je sais et j’approuve depuis très longtemps. LB, il est bien possible étant donné mon âge que j’ai été beaucoup plus que toi “baigné” de marxisme et de communisme, mais je n’y ai jamais adhéré, même du bout des lèvres. Merci de ne pas caricaturer. Ai-je dit que je suis “socialiste” . Pour la condamnation du socialisme par le Magistère, je ne vois pas. Surtout si on considère que ça n’a pas plus de sens actuellement qu’une vague étiquette politicienne.
minimaus
cela est bien dit ; il fau dépasser nos différences et voir plus loin ! L’union fait la force c’est ce qu’ a compris le groupe Riposte laïque qui accepte de “travailler” avec tous les gens de bonne volonté et ils travaillent avec des Chrétiens mais aussi avec la droite qui était leur ennemi juré !!
Cela est preuve d’une GRANDE lucidité quant à ce qui risque d’arriver à nos enfants SI , nous, nous ne réagissons pas !
minimaus
mon commentaire ne passe pas car je dis qu’il faut absolument TOUS s’unir contre le danger qui menace le monde occidental dans son ensemble ?
pg
Ce que dit M. l’Abbé de TANOUARN est rigoureusement exact.
Mais sur un point, le sens donné au mot libéral, qui a des significations multiples et variées, il serait nécessaire de préciser.
Car le libéralisme économique conçu comme la définition des libertés économiques est diabolisé par la gauche socialiste et la droite technocratique mondialiste ; de ce fait il est utilisé a contrario contre les libertés que reconnait la DSE. Et beaucoup de catholiques et de gens de droite authentique tombent dans cette ambiguïté et en arrivent à revendiquer l’étatisme contre l’exercice sain et normal des libertés. Ou à penser que la justice ne peut être que le fait de l’Etat socialiste ou redistributeur.
Le libéralisme économique n’est pas le relativisme ou la licence morale, ou le libertinage. Si nous demeurons dans cette erreur conceptuelle, la DSE est inapplicable, car elle demeure un moralisme abstrait, coupé du réel, et particulièrement de la sphère économique.
Denis Merlin
Disons que la gauche a une vision libérale, libertarienne de la liberté qui devrait être détachée de la vérité pour être vraie.
La droite s’embrouille en revanche entre les notions morale individuelle, donc de liberté individuelle et de liberté de conscience par rapport à la vérité et de liberté sociale (“sociale” c’est-à-dire : mettant en relation de au moins deux individu jusqu’à un nombre indéfini). Elle en vient ainsi condamner la liberté religieuse, contre la vérité de la raison. Elle rejoint le libéralisme par ce côté.
Ces deux partis sont, en l’état actuels des esprits, irréconciliables, ou alors ils se concilieront sur un compromis honteux fait de silences et d’ambiguïtés.
La vraie réconciliation sera dans la méditation de la doctrine sociale. Mais pour cela il faudrait saisir et classer diverses catégories : conscience, société, liberté, vérité, bien commun au lieu de rester dans la confusion comme le fait l’abbé de Tanouärn, ce grand rêveur.