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Liberté d'expression / Médias : Désinformation

Au nom de la liberté de la presse, nous devrions supprimer toutes les aides directes et indirectes dont bénéficie la presse

Le député Emmanuelle Ménard, fondatrice de Boulevard Voltaire, s'étonne de la dernière idée d'Emmanuel Macron de faire une loi contre les fausses nouvelles :

Unknown-4"S’il est un terrain scabreux pour un homme politique, où il n’y a que des coups à prendre, c’est bien celui de la qualité de l’information. Qu’Emmanuel Macron – qui s’est montré plutôt habile jusqu’ici – se lance dans cette chasse aux fake news me laisse perplexe. À moins que deux raisons ne l’y poussent. D’abord, et bien sûr, le souvenir amer qu’il garde de la campagne présidentielle et des accusations, sans aucune preuve, lancées contre lui concernant son prétendu « compte offshore aux Bahamas » et sa tout aussi prétendue homosexualité. Qu’il en ait été blessé, je le comprends. Bienvenue au club, ai-je envie de lui lancer, tant notre courant politique est l’objet de ces fake news sans que personne (ou presque) dans la classe politique ne s’en offusque. Deuxième raison, le chef de l’État a bien compris que les journalistes ne sont pas en odeur de sainteté dans la société française. Non sans raison, a-t-on envie d’ajouter. De là à surfer sur cette vague de ressentiment à l’égard d’une profession qui apparaît – légitimement parfois – comme véhiculant des contre-vérités et se révélant d’un rare parti pris (même s’il y a, bien sûr, des exceptions), on ne peut pas l’exclure a priori

Une troisième raison peut-être : son bras de fer avec Vladimir Poutine…

Il est vrai qu’il y a fait quasiment allusion lors de sa présentation des vœux à la presse, dénonçant les journalistes de la chaîne russe d’information en continu Russia Today… laquelle n’avait d’ailleurs pas été invitée en tant que telle ! Mais ne nous y trompons pas, derrière RT, d’autres seront visés. Pas besoin de vous faire un dessin, les médias alternatifs, au premier rang desquels Boulevard Voltaire, seront en première ligne…

Faut-il légiférer ?

Bien sûr que non ! Je vous rappelle que la loi sur la presse de 1881 permet déjà de sanctionner la diffusion de fausses nouvelles. Il est même possible de le faire en référé concernant Facebook et Twitter depuis la loi pour la confiance dans le numérique de 2004. Mais, comme chaque fois – et alors que le chef de l’État s’était engagé à ne pas suivre cette voie -, les politiques ne peuvent s’empêcher de réagir à chaud, dans l’émotion et, il faut bien le dire aussi dans le cas présent, de faire voter les lois qui les arrangent et qui les servent, sans trop se préoccuper des conséquences qu’elles auront sur le long terme…

Vous êtes au diapason des réactions de beaucoup d’autres politiques.

Eh oui, il m’arrive de partager l’opinion de responsables politiques d’autres bords. Ou plutôt, il leur arrive d’être de mon avis, même s’ils ont quelque mal à le reconnaître. Parce que je ne peux m’empêcher de rappeler que, lorsqu’il s’est agi de défendre la liberté d’expression dans l’Hémicycle cet été, je me suis retrouvée bien isolée… Souvenez-vous de cet article 1er de la loi sur la confiance dans la vie politique, qui menaçait d’inéligibilité quiconque se verrait condamné pour diffamation ou pour discrimination. Seule députée à dénoncer la véritable forfaiture qu’allait constituer une telle disposition à l’égard de la liberté d’expression – heureusement retoquée ensuite par le Conseil constitutionnel -, je n’ai pas entendu une voix pour me soutenir, bien au contraire, et mon intervention a même été quelque peu chahutée, à commencer par l’extrême gauche de l’Assemblée. Alors, quand j’entends la réaction des responsables des Insoumis concernant une future loi contre les fake news, craignant un « contrôle étatique des médias, et notamment des médias en ligne », j’hésite entre rire et m’étouffer, tant l’imposture et la mauvaise foi sautent aux yeux…

Cela n’élude pas pour autant la question de fond…

Vous avez raison. Restent les problèmes, bien réels, de l’indépendance des médias et de la qualité de l’information. Les deux sont étroitement liés. Au nom de la liberté de la presse, nous devrions supprimer toutes les aides directes et indirectes dont bénéficient la presse écrite et en ligne. Cette presse qui aime tant à se draper dans les grands principes, qui aime tant invoquer les grandes déclarations. Pourquoi ne fait-elle pas le pari de la qualité, qui lui permettrait de vivre de… ses lecteurs tout simplement ? Je suis toujours étonnée d’entendre des journalistes s’égosiller au nom de la liberté de la presse qui serait bafouée dès qu’on les critique, mais qui ne disent pas un mot sur leurs médias qui vivent pourtant sous perfusion de l’État, dépendant des subventions gouvernementales et des générosités qui leur ont été octroyées au fil des ans. La liberté de la presse, ce devrait être aussi l’indépendance financière. Les médias devraient méditer ces vers de Cyrano, extraits de la célèbre tirade du « non merci » : « Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul. » Oui, tout seul. En toute indépendance. Mais l’indépendance a un prix. Elle demande des efforts. Elle est exigeante ! En un mot, elle se mérite.

Tout cela vous inquiète-t-il ?

Plus que cette sortie sur les fake news, c’est une autre proposition d’Emmanuel Macron qui me semble réellement dangereuse : son invitation à réfléchir à « une forme de certification des organes de presse respectant la déontologie du métier ». Comme sur d’autres sujets, on voit bien la tentation d’accorder des diplômes de moralité : celui-là est digne d’être fréquenté, lu, regardé, celui-ci ne l’est pas… Qui va s’ériger en juge ? Sur quels critères ? Il y a de cela quelques semaines, toujours dans l’Hémicycle, j’ai osé poser une question à propos d’un projet de loi sur l’enseignement supérieur qui prétendait vouloir faire de nos étudiants des « citoyens éclairés ». Je suis simplement intervenue pour demander ce que le gouvernement entendait par « éclairé » et qui déciderait que nos enfants remplissent ou non les conditions pour le devenir. Bien entendu, les réactions ne se sont pas fait attendre… J’avais osé questionner le bien et le mal. J’ai même entendu une députée de la majorité qualifier mon interrogation de « honteuse »… Tout cela prêterait à sourire si cela n’engageait à ce point notre futur… […]"

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8 commentaires

  1. “Robert” a bien de la chance d’avoir une telle “Emmanuelle” à ses côtés ! (Et réciproquement !)

  2. Supprimons les subventions à la presse française et dans la minute qui suit la plupart des médias déposent leurs bilans. C’est en ricanant que j’assisterai un jour, du moins je l’espère, à l’ouverture de la fosse commune dans laquelle leurs cadavres corrompus seront jetés en vrac et avec mépris.

  3. Faut-il être ou se croire bien acculé,faut-il redouter ou avoir peur d’être désapprouvé ou contredit pour en arriver à pondre de telles restrictions en tous genre? c’est ça le progrés? Si c’est ça l’oeuf pondu par un jeune président, il est stérile.
    Quelle descente!!!
    Mais ça n’empêchera pas la vérité de se savoir car: “Il n’y a que ce qui ne se fait pas qui ne se sait pas”.E.Macron n’a pas encore fait ses humanités:Décidement la présidence est question de maturité. et la maturité conduit à la sagesse. A quand les grandes figures de notre richesse acquise pour le bien de notre pays et de ses enfants?

  4. Merci beaucoup Madame Ménard de votre beau et grand travail à l’assemblée.

  5. Ca y est, ils nous encore probablement sorti un fake avec ce bouquin qui accuserait Trump. Bouquin mal lu ou jamais lu selon ZH, bouquin mal compris en tout cas. Hier la télé nous a assommé avec ce bouquin, toutes les chaines jubilaient, enfin elles tenaient Trump. Or, à la limite on s’en fout de Trump, de sa coiffure et même de tous les yankees, vu qu’on a des problèmes autrement plus graves à résoudre, pas vrai? Alors ca devient insupportable, invivable, intolérable, de devoir supporter cette télé imbécile qui insulte notre intelligence à longueur de journée. Marre, marre et marre.

  6. Oui, c’est cela, Macron n’est pas parvenu à l’âge adulte. Il y a chez lui un côté Pinocchio, comme inachevé. Affectivement, c’est un enfant. Je n’insisterai pas sur la présence à ses côtés d’une épouse-mère. Il veut être ami avec tout le monde, mais comme s’il voulait être protégé. Il s’accroche aux basques (ou aux baskets?) de personnages plus mûrs que lui : Trump, Poutine, Erdogan. Ses références sont livresques. Je ne crois pas qu’il ait jamais fréquenté les soukhs du Moyen-Orient. Il n’est vraiment à l’aise que quand il parle bizness. Il a un langage d’inspecteur des finances. Mais il préfère les riches aux pauvres, les premiers de cordée aux culs de patte. Pour le moment, il n’a pas trop abordé les questions dites sociétales. C’est surtout cette face cachée de sa personnalité qui inquiète. Plus ange déchu que Pinocchio…

  7. > C’est surtout cette face cachée de sa
    > personnalité qui inquiète.
    > Plus ange déchu que Pinocchio…
    Jupiter ou … Lucifer ?

  8. Voici une vidéo que vous connaissez peut-être… cela se passe aux Etats Unis.
    Si vous ne la connaissez pas encore, prenez le temps de la visionner et de bien l’écouter.
    Tout comme moi, vous constaterez qu’il y a beaucoup de faits et de situations qui se produisent aussi chez nous.
    https://www.youtube.com/watch?v=owXtjrWACLg

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