Audition de l’ex-procureur spécial Robert Mueller : énorme déception pour les Démocrates

De Christian Daisug dans Présent :

Durant cinq heures, mercredi, l’ex-procureur spécial Robert Mueller a été interrogé par deux comités spéciaux de la Chambre des représentants à propos de ses deux ans d’enquête consacrée à une hypothétique collusion entre le président Donald Trump et la Russie pour empêcher Hillary Clinton d’entrer à la Maison-Blanche. Cinq heures de rafale questions-réponses. Cinq heures de mise sur le gril et de harcèlement oratoire. En définitive, cinq heures décevantes et, pour les démocrates, une occasion ratée, un vrai désastre. Ce sont eux qui avaient exigé que Mueller vienne témoigner. Ce sont eux qui souhaitaient le placer sur la sellette pour mieux lui arracher de nouveaux éléments compromettants pour Trump. Non seulement rien de neuf n’émergea de cette audition, mais Mueller donna l’impression de se crisper sur son rapport de 448 pages, qui innocente Trump de toute collusion et reste prudent sur une éventuelle obstruction à la justice.

Pour les démocrates, c’était l’opération de la dernière chance. Avec Mueller assis devant eux et déstabilisé par la solennité de l’événement, ils espéraient sortir au grand jour des détails équivoques, des mots ambigus, des faits troublants que le fameux rapport aurait volontairement ou fortuitement négligés ou carrément passés sous silence. Socrate appela cet exercice d’une grande subtilité la maïeutique – l’art d’accoucher les esprits des pensées qu’ils contiennent sans le savoir. Les démocrates se sont mués en disciples de Socrate. Ils ont cherché à vider le cerveau de Mueller de son contenu concernant Trump en nourrissant la folle illusion que de ce caravansérail de jugements et d’opinions pourrait jaillir à tout moment un élément corrosif capable de le détruire. Leur amertume vient de Mueller, 75 ans. Ils n’en ont rien tiré. L’ex-procureur spécial a paru désorienté, las, absent. Souvent, il refusa de répondre. Presque toujours, il fit référence à son rapport. « Un désastre », selon le correspondant de Fox News.

Pourquoi un désastre ? D’abord, parce que cette mythique affaire de collusion Trump-Russie constitue la pièce maîtresse de l’offensive démocrate contre le président. Depuis que leur cible est au pouvoir, les prédateurs estiment que cette suspicion est une véritable bombe à retardement. Il lui manquait un détonateur. Ce devait être Mueller. Raté ! Ensuite, parce que l’échec de ces auditions prive d’un argument politique essentiel les partisans d’un processus de destitution contre Trump. Un vote récent de la Chambre a montré que ces partisans sont au nombre de 95. Sur 435 députés, c’est peu. Il leur faudrait 150 voix de plus pour enclencher les démarches. La journée de mercredi était censée les leur apporter. Encore une fois, c’est raté. La Maison-Blanche exulte : blanchi une première fois par le rapport, le président l’est maintenant une deuxième fois par son signataire en personne. Quant à Trump, il a choisi l’humour avec un tweet ultrabref adressé aux démocrates : THANK YOU !