Aux Etats-Unis, le peuple vote sur les taxes

Là où le Français, pauvre de lui, en est réduit à orner le pare-brise de sa voiture d’un gilet jaune pour dire sa colère face au carburant surtaxé, l’Américain va déposer son bulletin de vote dans l’urne avec bon espoir d’être entendu. C’est peut-être pour cela qu’actuellement, le gallon d’essence (près de 4 litres, 3,79 exactement) plafonne aux alentours de 2,84 dollars aux Etats- Unis, soit 2,51 euros à l’heure d’écrire. 66 centimes d’euro par litre !

L’Américain aime peu céder son argent au pouvoir étatique ou fédéral, ces dernières votations de mi-mandat l’ont encore montré, puisque les taxes en ont été un thème récurrent.

En Arizona, 64,72 % des électeurs ont décidé d’interdire toutes les taxes nouvelles ou augmentées sur les services à compter de décembre 2017. Texte soutenu par, entre autres, les petits entrepreneurs, les architectes, les détaillants… Ils se mesuraient à la force politique des candidats au poste de gouverneur de l’Etat, aussi bien le Républicain que le Démocrate. Et ils ont gagné.

La Floride a voté la limitation à 10 % de certaines taxes immobilières et imposé que toute nouvelle taxe soit adoptée aux deux tiers des voix du Sénat et de la Chambre. Là-bas, ce n’est pas un quelconque Edouard Philippe qui pourrait imposer la hausse du diesel d’un sibyllin « c’est compliqué mais il n’y a pas le choix », et encore moins un « bibi » présidentiel.

C’est que l’Américain, en général et tant que ça dure, a horreur du socialisme. Le Colorado a rejeté à plus de 54 % la proposition de remplacer la flat tax – un taux égal pour tous – par l’impôt progressif qui était au nombre des mesures prônées par Karl Marx dans son Manifeste. Les électeurs ont en même temps rejeté la hausse de l’impôt sur les sociétés dans leur Etat, d’autant plus qu’elle devait financer la création d’un fonds pour l’éducation. Les Etats-Unis, qui se heurtent au même décervelage par l’école que la France, comptent au moins parfois la possibilité de refuser de signer « un chèque en blanc », comme ils disent, aux pédagogistes.

L’Indiana est allé encore plus loin, en décidant à 71,33 % d’imposer à ses législateurs le devoir d’adopter des budgets « équilibrés ». On ne sera pas étonné d’apprendre que la seule opposition à cette mesure était portée par le syndicat des enseignants du public de l’Indiana. […]

En Caroline du Nord, on a décidé de ramener le taux maximum des impôts sur le revenu de 10 à 7 %, et cela à une majorité de 57,39 %.

Le New Hampshire détient certainement le pompon puisque les contribuables y sont désormais autorisés par la voix du peuple à remettre en question toutes les décisions de dépenses publiques qu’ils jugeraient non conformes aux prérogatives de l’Etat, et ce à 82,82 %. Là, manifestement, les clivages partisans ne jouent plus du tout !