Pierre de Lauzun (X et ENA), Directeur général à la Fédération bancaire française et délégué général de l’Association française des marchés financiers, vient de publier un livre préfacé par Jacques Myard, Député-maire de Maisons-Laffite, intitulé EURO, vers la fin de la monnaie unique ?, question cruciale, souvent passionnée, surtout en pleine campagne présidentielle.
De façon sereine et claire, l'auteur aborde la question de la monnaie, son histoire et son rôle, avant d'aborder cette question sur l'euro, monnaie qu'il considère être une erreur et par conséquent être un échec :
"[L]a principale déconvenue de l'euro est l'absence de convergence, après les illusions des premières années. Sur la croissance par exemple la divergence entre pays de la zone euro est considérable. Les performances allemandes sont indéniables, alors que l'Italie stagne depuis presque 20 ans. […] La zone euro ne fonctionne donc pas de façon optimale."
Néanmoins, maintenant que nous vivons avec, faut-il sortir de l’Euro ? Et si oui comment : seul ou en supprimant cette monnaie fédérale, voire en conservant cette monnaie commune à côté de monnaies nationales ? En termes simples, l'auteur décortique les différentes options qui s'offrent à nous et admet que la réponse n'est pas aussi évidente que certains le croient :
"En résumé, il n'est pas démontré que la sortie de l'euro serait juridiquement et comptablement désastreuse dans le cas de la France. Mais il y a un doute, et même en hypothèse favorable l'incertitude serait réelle, et la secousse appréciable."
Estimant cette opération très difficile à gérer politiquement, l'auteur préconise, avant de prendre une telle décision, de réformer et de reconstruire :
"Plus essentiellement il s'agit de reprendre en main son destin. Cela ne veut pas dire tourner le dos aux coopérations européennes. Mais certainement cesser de rêver à une hypothétique Europe fédérale, et redéfinir le projet européen sur la base des coopérations essentielles entre pays membres. Et reconstruire l'alliage de solidarité, d'ambition et d'exigence qui seul peut assurer à la communauté française un avenir digne d'elle.
Vous me direz qu'on sort alors de la question de la monnaie et vous aurez raison. La monnaie n'est qu'une donnée parmi d'autre, un outil pour une communauté. Elle peut être un réel handicap, et peut-être qu'un jour un changement s'imposera. Mais elle ne peut pas tout conditionner".