Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, répond à Anne Isbeth dans Présent. Extrait :
"Que pensez-vous de cet amendement instaurant un « délit d’entrave numérique » ?
C’est une disposition très grave : bientôt, on risquera la prison pour avoir dit la vérité, c’est-à-dire la réalité de ce qu’est l’avortement. Pour l’Etat, l’objectivité en la matière c’est de présenter l’avortement comme un bien. Or qu’est-ce que l’avortement ? La suppression d’un membre de l’espèce humaine au stade embryonnaire. Vous comprenez bien que, par définition, toute information objective donnée sur l’avortement est dissuasive, tant cet acte est contraire à la nature. Ce texte pénalise donc toute information dissuasive qui, en tant que telle, est considérée comme fausse. Par contre, l’information incitative, que l’on trouve sur les sites du gouvernement est, elle, vue comme juste. C’est incroyable ! […]
La Fondation Lejeune, tout comme le site ivg.net ou Les Survivants, sont clairement visés par ce texte. Quels sont les recours possibles pour vous ?
Effectivement, avant même que l’amendement ne soit présenté, nous avions été désignés comme les cibles à abattre par Laurence Rossignol. Nous pouvons utiliser les moyens juridiques à notre disposition, saisine du Conseil Constitutionnel ou de la CEDH, pour mettre en échec cette loi liberticide. D’ici là, nous continuons à informer l’opinion, à publier des articles et à répondre aux questions.
Quelles sont les conséquences prévisibles d’un tel texte ?
Il donne un support juridique aux structures comme le planning familial pour attaquer les défenseurs de la vie. Personne ne le voit ni n’en parle, mais c’est une réalité : on leur donne un outil pour combattre les quelques mouvements qui résistent encore à l’avortement.
Une autre conséquence, et non des moindres, est que les femmes ne pourront plus s’exprimer sur le sujet. Quoi de plus dissuasif qu’une femme témoignant de cette horrible réalité et conseillant aux autres de l’éviter à tout prix ? Pourquoi leur permettrait-on d’exprimer des regrets ? Les regrets sont dissuasifs et tomberont sous le coup de la loi. On interdira donc aux femmes de pleurer l’enfant qu’elles ont perdu, les empêchant ainsi de se reconstruire. C’est une violence qui leur est faite.
La partie est-elle perdue ?
Pas forcément… On peut espérer qu’elle ne soit pas mise en œuvre par le prochain gouvernement ou même qu’elle soit abrogée.
Que pensez-vous de toute cette agitation qu’il y a eu autour de l’avortement durant le second tour de la primaire de la droite et du centre ?
Durant cette campagne, on a bien vu que l’avortement est le ticket d’entrée dans la vie politique. Nous avons assisté à la validation par la gauche culturelle et idéologique du tour de piste des candidats. La droite est apparue comme soumise aux « valeurs » de la gauche, ne voulant pas sortir du cadre, s’agissant des questions de société qui sont les plus fondatrices."