Dans un entretien, Mgr Jaime Fuentes, président de la Commission de la Famille et de la Vie de la Conférence Épiscopale de l'Uruguay, déclare que son pays se trouve dans « l’œil d’un cyclone idéologique » et que la légalisation de la vente et de la culture du cannabis constitue
« le dernier pas du gouvernement pour instaurer un type de société basée sur une idée individualiste de la liberté, qui torpille au niveau de la ligne de flottaison le mariage et la famille ».
«S'il y a deux ans nous étions au bord du précipice en ce qui concerne la société, aujourd’hui, on a fait quatre pas résolus en avant… Ces derniers temps l’avortement a été approuvé, les unions homosexuelles ont été comparées au mariage, on a légalisé la fécondation artificielle, et maintenant le cannabis ».
« Nous sommes pour ainsi dire dans le règne du "je-mon-moi-avec moi", sans aucune référence transcendante. Le substrat idéologique individualiste de ces lois affecte profondément l’éducation de nos enfants et de nos jeunes – si on leur dit que le plus important c’est que chacun soit heureux à sa manière, que la vérité de l’homme en définitive, c’est ce que chacun choisit. Si on tient compte du fait que 80% de la population uruguayenne est éduqué à l’école publique, où non seulement on ne dispense aucune notion religieuse mais où, bien que cela puisse paraître incroyable, il est interdit de parler de Dieu, nous en conclurons qu’un effort de longue haleine est nécessaire pour dépasser cet état de choses».
«Si c’est l’État qui produit le cannabis, le commercialise et le vend, les consommateurs n’auront plus à l’acheter ailleurs et on en finira avec commerce illégal qui fait tant de mal. De la façon dont je le vois, c’est une approche pour le moins pélagienne, comme si le péché originel n’existait pas, comme si nous n’avions pas des preuves plus que suffisantes, dans le monde entier et tout au long de l’histoire, que l’État est composé d’hommes et que nous les hommes nous péchons. Pour le reste, on peut arriver à un commerce important en cultivant à titre privé des plants de cannabis et en les vendant ensuite, la loi permet un nombre déterminé de plants. Qui va contrôler si j’ai 4 ou 10 plants au fond de chez moi et si je les ai pour ma consommation personnelle ou pour les vendre aux touristes ? Enfin, il y a d’autres arguments qui disent clairement et avec force que la loi du cannabis va amener des dommages très sérieux».
Mgr Fuentes a rappelé la rencontre que le président Mujica a eue à New York avec le magnat George Soros :
« Ce monsieur, connu comme financier international, a dit qu’il finançait l’ "expérience" uruguayenne de légalisation du cannabis…. Le président Mujica a dit que si l’"expérience" se passait mal, on pourrait toujours revenir en arrière. Quand je l’ai écouté, il m’est tout de suite venu à l’esprit l’Apprenti sorcier… Et quelque chose de plus grave : peut-on faire une "expérience" avec une société comme si elle était constituée de cobayes ? Il y a dans tout cela une conception matérialiste de l’homme, très éloignée du sentiment non seulement chrétien mais du sens commun » .