À la veille de la Marche pour la vie, Mgr de Kérimel, évêque de Grenoble, qui préside le groupe de travail de la Conférence des évêques de France sur l’avortement, déclare à Famille chrétienne :
"Je ne serai sans doute pas présent, à cause d’autres engagements. Mais oui, je soutiens cette marche. Il est bon de marcher pour la vie, pour que notre société reprenne conscience de la beauté de la vie, et qu’elle soit aidée à trouver d’autres solutions que cette solution mortifère. Car l’avortement blesse le corps social, et génère de la violence de manière imperceptible dans toute la société.
Les chrétiens ont de beaux défis à relever pour aider tant de personnes qui sont perdues ou en détresse et leur montrer la beauté et donc l’inviolabilité de la vie humaine.
Comment voyez-vous la dimension de combat spirituel qui se joue autour de l’avortement ?
Au moment de la naissance du Fils de Dieu, un immense combat spirituel a lieu. Le démon s’agite pour éliminer le Verbe incarné. Et, comme par hasard, ce sont les enfants qui sont éliminés. Au moment de la sortie d’Égypte, comme pour le massacre des Innocents, on s’attaque aux enfants.
Il y a quelque chose de très mystérieux dans ces attaques de l’ennemi du genre humain contre la maternité, les enfants à naître, la vie. Quand on écoute des témoignages de femmes dans des situations de grossesses difficiles, on retrouve toujours l’angoisse et la pression de l’entourage pour éliminer le problème. Je trouve qu’on les plonge dans quelque chose d’effrayant. Quoique le gouvernement en dise, elles sont dans une grande détresse avant pendant et, pour beaucoup, après avoir avorté. Il y a là quelque chose de l’acharnement du Malin sur la vie naissante, et donc sur les femmes dans leur capacité à donner la vie.
De plus, il y a quelque chose de pervers dans la logique à l’œuvre, car elle enfonce les femmes en les rendant responsables d’un mal dont elles sont victimes. Paradoxalement, en présentant l’avortement comme un droit, on leur retire jusqu’au droit de souffrir ou de se plaindre. Elles n’ont plus que le droit de se taire.
Sur le fond, voyez-vous une logique à l’œuvre entre la légalisation de l’avortement il y a 40 ans et les dérives législatives actuelles ?
Lorsque le pape Paul VI a écrit Humanae Vitae et désigné le danger qu’il y avait à dissocier l’union sexuelle de la procréation, cela a été mal reçu et mal compris. Mais il était profondément prophétique. Cette dissociation ouvre la porte aux excès d’aujourd’hui : la sexualité est déresponsabilisée et ordonnée à l’affectivité et à la jouissance tandis que la vie devient un produit ; ce qui conduit d’un côté à des mariages ou autres unions précaires ou au « mariage » homosexuel, d’un autre côté à la PMA et la GPA. Au point que la société civile prend conscience, ici ou là que l’on porte atteinte à quelque chose d’essentiel.
Lorsque l’on oublie que la vie est sacrée, on est prêt au trafic. Marx avait prédit, paraît-il, que la famille serait le dernier bastion à être investi par le capitalisme. Aujourd’hui, avec la vie humaine devenue une marchandise, nous y sommes. […]"