Sherifa a subi une interruption médicale de grossesse au septième mois de sa grossesse. Avant, pendant et après, elle a vécu cela comme un traumatisme :
“Après sept mois de grossesse, en octobre 2017, je suis allée faire une échographie à Paris alors que tout se passait extrêmement bien. Là, une sage-femme m’a annoncé de but en blanc que mon enfant allait très mal. J’ai vu une cardio-pédiatre dans la journée, qui m’a annoncé que mon enfant allait mourir.
Il s’agissait de mon premier enfant- , on appelle ça être une primipare, j’étais complètement novice en la matière -, et je suis arrivée en état de choc à la maternité pour pratiquer un fœticide, le nom précis de l’opération. On m’a fait signer un papier qui était titré “IMG” et je ne savais pas ce que cet acronyme voulait dire. On m’a expliqué qu’on allait mettre fin à sa vie dans mon ventre.
La veille de l’IMG, on m’a mis des bâtonnets dans le col de l’utérus pour préparer le corps à accoucher. Parce que moi, évidemment, je n’étais pas prête à accoucher. Cette première étape fut extrêmement douloureuse car c’est un externe qui m’a fait ça, un étudiant en quatrième année de médecine, donc évidemment ça s’est très mal passé.
Le lendemain matin, j’ai été emmenée dans une salle stérile et on m’a allongée sur le ventre. J’ai alors compris qu’on allait piquer mon ventre, comme ça, pour tuer mon enfant. J’ai commencé à paniquer totalement et je leur ai demandé en pleurant si des anxiolytiques ou une péridurale étaient prévus pour m’aider. “Ma bonne dame, vous avez un enfant dans le ventre”, m’a répondu l’anesthésiste. Une fois accouchée, j’ai passé un petit moment avec ma petite fille. J’ai demandé à prendre son bonnet, mais on me l’a refusé car il appartenait à l’hôpital. Quarante-huit heures après, je suis sortie de la maternité avec le ventre vide, et sans enfant.
Après l’opération, j’ai demandé un suivi psychologique mais on me l’a refusé car la psychologue était en vacances. Heureusement, j’ai eu l’immense chance d’être extrêmement bien accompagnée par le père de ma fille, ma mère et mon frère et j’ai trouvé un groupe de parole à Paris.
Mais en juin, j’ai écrit à l’hôpital en leur faisant part des manquements graves autour de cette opération. Ils m’ont renvoyé une lettre de plates excuses en me disant qu’ils n’avaient absolument pas pris en compte la douleur physique et morale d’une mère désenfantée. Ils m’ont dit que l’anesthésiste qui m’a dit qu’il n’y aurait pas de péridurale avait extrêmement de mal à le vivre. Je trouve que ce sont des choses dérangeantes.
Ce qui m’a le plus blessée et choquée, au-delà de perdre mon enfant, c’est l’absence de prise en compte de l’immense souffrance de la mère à ce moment-là. J’ai vraiment été traitée comme on traite une appendicite alors que mon enfant allait mourir et que j’étais actrice dans sa mort.”
Qu’en disent les ministres de l’avortement ?
philippe paternot
n’aurait elle pas pu attendre quelques semaines ?