Dans un communiqué, le ministère "des familles" se plaint que son amendement sur le délit d'entrave numérique à l'avortement ait été rejeté par le Sénat :
"Alors que le projet de loi Egalité et Citoyenneté, adopté en première lecture à l’Assemblée, est actuellement en débat au Sénat, la commission spéciale chargée de l’examiner a déclaré irrecevable, au titre de l’article 45 de la Constitution, un amendement étendant le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Cet amendement vise à sanctionner les sites internet qui, sous couvert d’une présentation neutre et objective, sont des paravents de groupes anti-IVG qui veulent dissuader les femmes qui souhaitent recourir à l’IVG. Or, les manipulations, les informations faussées délivrées sur des sites qui se font passer pour neutres portent atteinte au libre choix des femmes. En effet, ces sites n’ont qu’un but : culpabiliser les femmes et les dissuader de recourir à l’IVG.
Le Gouvernement regrette fortement que la majorité sénatoriale ait décidé d’écarter cet amendement avant même la discussion parlementaire.
Sous prétexte que cet amendement n’aurait pas de lien, « même indirect », avec le projet de loi du Gouvernement, qui parle pourtant d’égalité, le débat est refusé sur un sujet majeur pour l’égal accès des femmes à leurs droits.
Aujourd’hui, par un artifice de procédure, la majorité sénatoriale évite donc le débat sur lequel, manifestement, elle n’a pas levé ses ambiguïtés."
La volonté de culpabiliser les sénateurs est manifeste et c'est une pratique courante à gauche. Mais accuser la droit d'éviter le débat sur l'avortement est cocasse, alors que la gauche a toujours refusé un débat sur le sujet, préférant le mode opératoire à l'égard des récalcitrants à l'avortement. La volonté de poursuivre les sites alternatifs entre bien dans cette démarche totalitaire.
Si Laurence Rossignol veut débattre, alors débattons. Selon un récent sondage IFOP, 89% des français continuent à considérer que l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes. Thibaud Collin commente :
"Ce chiffre impressionnant peut être interprété de deux manières. Soit on considère qu’avorter n’est pas plus grave que de se faire arracher une dent de sagesse ou enlever une tumeur bénigne, et alors on considère que la souffrance psychique post-avortement est la conséquence de représentations archaïques entretenant la culpabilité. Il est donc urgent de faire taire toutes ces voix discordantes qui alimentent ce fond de préjugés et contribuent à l’aliénation des femmes. L’idée même de prévention de l’avortement paraît alors inintelligible puisque cet acte n’est en rien un mal, fut-il moindre.
Soit on considère que ce chiffre de 89% révèle que les gens ont l’intuition plus ou moins claire que l’avortement est le fait d’interrompre, non seulement une grossesse, mais par là même la vie d’un être à un stade de son développement que chacun a par définition vécu. Et il faut constater que cette intuition résiste à la persistante volonté de banaliser cet acte par des campagnes publicitaires et son remboursement total par la sécurité sociale. Mais si l’avortement n’est pas simplement l’interruption d’une grossesse mais le fait d’enlever la vie à un être, non pas neutre et indifférencié, mais de nature humaine, la position de moindre mal paraît intenable. Quel bien pourrait-il être mis dans la balance en face d’une vie humaine? La conscience morale peut difficilement supporter cet entre-deux qui pourtant, pratiquement, paraît être un compromis habile et raisonnable (tel était la manière dont Simone Veil a présenté la loi dépénalisant cet acte pour des raisons de santé publique). Cet inconfort tend à se résorber dans le discours militant tenu par Laurence Rossignol qui dès lors ne peut plus tolérer une voix discordante, osant juger cet acte comme un « crime abominable », selon l’expression de Vatican II (Gaudium et spes, n°51) reprise dernièrement par le pape François."