Au Chili :
"Alors que la Commission de la santé du parlement chilien s’apprête à voter, mardi, sur la légalisation de l’avortement « thérapeutique » au nom de trois exceptions que le gouvernement socialiste de Michelle Bachelet souhaite voir reconnaître, cinq évêques catholiques du Chili ont publié des pleines pages dans la presse chilienne pour mettre les élus devant leurs responsabilités. Deux jours avant le vote, ils les ont interpellés au nom de la cohérence : « Les législateurs catholiques ont la grave responsabilité de permettre ou non que cette législation de mort soit introduite », écrivent-ils. Leur démarche s’inscrit dans le cadre d’autres initiatives de l’Eglise catholique qui récuse la légalisation de l’avortement en cas de danger pour la vie pour la mère, de non viabilité du fœtus et de viol.
Sous la signature de NNSS Francisco Javier Stegmeier, de Villarrica, Felipe Bacarreza, de Los Ángeles, Carlos Pellegrín, de Chillán, Jorge Vega, de Illapel, y Guillermo Vera, de Iquique, le texte s’intitule Demande urgente de cohérence aux législateurs catholiques.
Dans un des seuls pays au monde qui ne prévoit aucune exception à la pénalisation de l’avortement – et qui, accessoirement, affiche le taux de mortalité maternelle le plus bas de l’Amérique latine, et l’un des plus bas au monde – la tentative de mettre en place d’exceptions très limitées n’a pas trompé les mouvements pro-vie et encore moins l’Eglise qui refuse tout discours relativiste en la matière.
Les cinq évêques, dont l’initiative vient s’ajouter à d’autres de la Conférence épiscopale, qualifient le projet d’« injuste, arbitraire et immoral ».
« Il ne sera permis à aucun catholique de voter pour eux, conformément ce qu’affirme l’enseignement du Magistère sur l’illicéité morale de donner sa voix à des projets ou à des candidats qui favorisent l’avortement », affirme le long texte qui s’appuie sur l’Ecriture sainte et les déclarations des papes.
Pour que les choses soient bien claires, ils ajoutent : « Il relèvera de notre obligation de pasteurs que d’avertir nos fidèles de ce que, indépendamment des légitimes options politiques de chacun, ils tomberont eux aussi sous le coup de l’interdiction morale de donner leur voix à un candidat qui aura soutenu le projet d’avortement. »
Affirmant ne pas pouvoir se taire devant le « crime », ils rappellent que le projet actuel ouvre la voie à « une forme de légalisation de l’avortement libre », et qu’il aurait pour effet de « déformer gravement la conscience des Chiliens en les laissant insensibles devant ce crime ». La « malformation » du fœtus, la grossesse résultant d’un viol, la mise en place de délais « arbitraires » n’y changent rien, rappellent-ils : le « moyen » de l’avortement est un mal et ne peut être justifié par aucune fin.
Les évêques rappellent aussi que les catholiques ne peuvent s’abriter derrière « l’autonomie » de leur conscience : celle-ci doit « se conformer à la vérité ». « Pour ce qui est du chrétien, cette vérité, c’est le Christ. La conscience, lorsqu’elle est formée de manière droite, ne doit pas soutenir ces initiatives législatives parce qu’elles sont contraires à la loi du Créateur », affirment-ils.
De son côté, la Conférence épiscopale a publié un communiqué rappelant « avec force » aux « législateurs chrétiens » leur « devoir de promouvoir des lois justes et de ne pas collaborer avec une loi d’avortement » – un devoir auquel il ne peuvent ni « renoncer » ni « se soustraire »."