Le P. Mario Vergara, prêtre missionnaire de l'Institut pontifical pour les Missions Etrangères (PIME) et Isidore Ngei Ko Lat, catéchiste birman, assassinés tous deux en 1950, seront béatifiés le 24 mai.
Envoyé en Birmanie en 1934, ce prêtre italien, après avoir rapidement appris le dialecte local, s’intègre dans sa nouvelle communauté avec une facilité qui irrite les baptistes. Ces derniers s’inquiètent du soutien apporté par le missionnaire aux populations pauvres et sous-développée de la région.
Les premières menaces, accompagnées de campagnes de calomnie contre le P. Verdata suivent de près le déclenchement de la guerre civile, lors de l’accession à l’indépendance de la Birmanie en 1948. Les tribus locales rebelles sont convaincues que les catholiques sont les « héritiers » de l’ancien gouvernement colonial et les espions du nouveau régime. La guérilla, soutenue par les baptistes, s’attaque aux missionnaires catholiques.
Le 24 mai 1950, le P. Vergara se rend dans le centre de Shadaw avec son catéchiste Isidore Ngei Ko Lat, afin de convaincre le chef de district, qui dirige les milices locales, de relâcher un autre catéchiste, récemment arrêté. Mais le rendez-vous est un guet-apens : les deux catholiques sont soumis à un interrogatoire à l’issue duquel ils sont ligotés et emmenés dans la jungle. Après avoir marché toute la nuit, le P. Vergara et Isidore Ngei Ko Lat sont fusillés à l’aube du 26 mai. Leurs corps, enfermés dans des sacs, puis jetés dans la rivière Salween, ne seront jamais retrouvés.
Issu d’une famille de paysans convertis, Isidore a été baptisé en 1918 dans son village de naissance. Ayant perdu ses parents à l’adolescence, il est élevé avec son frère par l’une de ses tantes. Lors de l’enquête de béatification, un cousin d’Isidore a certifié que depuis son plus jeune âge le jeune Birman passait le plus clair de son temps avec les missionnaires, « les suivant partout ». C’est sans surprise que sa famille apprend qu’il désire devenir prêtre. Il entre au petit séminaire de Toungoo où il se fait remarquer pour son attitude « humble, sérieuse et honnête », son ardeur missionnaire, ainsi que pour ses « remarquables aptitudes » pour l’étude et l’apprentissage des langues comme le latin et l’anglais qu’il maîtrise parfaitement.
Souffrant malheureusement d’une santé fragile (il est asthmatique), le jeune Isidore Ngei Ko Lat doit quitter le séminaire et retourner dans sa famille. Faisant voeu de célibat, il ouvre alors dans le village de Dorokho une école privée où il enseigne aux enfants le birman et l’anglais, donne des cours de catéchisme, de musique et de chant. Selon tous les témoins de cette partie de sa vie, il entretenait de bonnes relations avec tous et était très aimé.
En 1948, il rencontre le P. Vergara à Leiktho qui lui demande s’il veut devenir catéchiste. C’est sans hésitation qu’il soutient le P. Vergara dans sa lutte pour défendre les populations opprimées par la guérilla, s’attirant la même haine et les mêmes menaces que les missionnaires. C’est également sans hésitation qu’il accompagnera le missionnaire dans la tentative périlleuse de libération du catéchiste James Colei, une démarche qui lui vaudra de subir à ses côtés le martyre « in odium fidei ».