Le président de l’Institut du Pays Libre définit les sujets :
"Sur la laïcité.
La saine laïcité consiste fondamentalement en la distinction des domaines de la politique et de la religion. Elle est née d’une des phrases les plus révolutionnaires de l’histoire prononcée par le Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Jusque là, les peuples ignoraient cette distinction d’ailleurs trop souvent peu respectée ensuite au long de l’histoire. Avec la modernité, les pouvoirs de César, c’est-à-dire de l’État ont de plus en plus empiété sur ceux de Dieu, ce qui s’est traduit concrètement par des lois politiques en rupture avec la loi morale naturelle.
Pourtant il y a déjà longtemps la grande tragédie grecque exprimait superbement combien étaient illégitimes les tyrans ne respectant pas les grandes lois non écrites de la conscience morale et la Bible donnait aux hommes avec le Décalogue les dix devoirs fondateurs de leurs droits. Mais avec l’ère idéologique s’est affirmé, en rupture avec les valeurs grecques et judéo-chrétiennes, le refus de l’adéquation des lois civiles à la loi morale.
Cela s’est traduit par l’apparition avec la Révolution Française du totalitarisme jacobin tant admiré et encensé aussi bien par Lénine que par Hitler. Ainsi l’équilibre d’une bonne laïcité était-il rompu par un laïcisme coupé de la loi morale et conduisant aux grandes monstruosités du communisme et du nazisme et de celles qui se mettent en place aujourd’hui dans l’utopie du meilleur des mondes. […]
Sur l’islam.
Car le débat sur l’islam est une bonne chose. Il ne peut contrevenir en rien au respect dû aux musulmans comme à tous les hommes. Mais il en va du principe même de la liberté d’affirmer que l’islam comme toute autre religion, idéologie et culture, système politico-social et juridique (et il est tout cela à la fois car refusant la distinction évangélique du spirituel et du temporel) doit pouvoir être analysé, critiqué, réfuté.
Le risque de la critique que l’on accepte dans le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme, la maçonnerie, le socialisme, le libéralisme, l’islam doit l’accepter aussi. Or, là où il est au pouvoir, la moindre critique, l’expression du moindre doute sont qualifiés de blasphèmes et valent les pires châtiments sinon la mort. Là où la société ne lui est pas encore soumise, ses dirigeants crient à l’islamophobie, que le pseudo-antiracisme se doit donc de réprimer, dès l’expression de tout refus de son modèle et ses mœurs. Cela n’est pas acceptable. […]
Mais il en va de la liberté de notre civilisation de pouvoir critiquer l’islam, de pouvoir le réfuter, de pouvoir refuser son système totalitaire encore plus durablement contraignant que le communisme. Voilà hélas ce que semblent ne comprendre ni les porte-parole des religions ni même les responsables politiques de tous bords, incultes ou apeurés. Pourtant, pouvoir critiquer librement l’islam, c’est ce à quoi aspirent, nous le savons, en pays d’islam, des millions de musulmans. Et c’est ce que font chez nous des milliers de nos compatriotes arabes ou berbères. C’est cela qu’il faut verser au débat. L’enjeu s’appelle liberté !"
jordanus
Bien vu, M. Antony ! Dommage que vous ne soyez pas convié au débat du 5 avril. Il est d’ailleurs à craindre que ledit débat n’aborde pas les problèmes de façon aussi nette… C’est sans doute la raison pour laquelle les représentants religieux (toutes confessions confondues) prennent d’ores et déjà leur distance avec ce projet.
gégé
bravo, c’est excellent !
nemo
Une autre contribution à écouter … pour les amnésiques :
http://www.youtube.com/watch?v=Cl9aYJag5hY&feature=player_embedded
MLC
C’est excellent, en n’oubliant pas que si Notre Seigneur a invité à « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », il a aussi répondu à Pilate que ce dernier n’aurait aucun pouvoir sur Lui s’il ne lui avait été donné d’En-Haut, comme l’a rappelé récemment (sauf erreur) Mgr l’Evêque de Fréjus-Toulon.
À vrai dire, on se demande si ce débat sur la laïcité ne concernerait pas plutôt l’identité de la France. Les médias aux ordres et malheureusement la partie s’exprimant de notre Episcopat donnent à penser que ce débat sur la laïcité viserait en réalité à discriminer les musulmans alors qu’il ne s’agit évidemment pas de cela.
D’ailleurs, les Chrétiens d’Orient aimeraient jouir de la même liberté que les musulmans chez nous. C’est donc bien de l’identité et de la liberté qu’il s’agit ; cette liberté qui recule de décennies en décennies, comme par exemple l’impossibilité croissante d’aller avec son chien (en laisse) dans des magasins, dans le bus, au motif que certains français (qui ne sont pas des sous-chiens comme nous) en serait offensés dans leurs croyances.
Plus que jamais, c’est notre liberté d’aller et de venir, de croire et de pratiquer, qui est en jeu. C’est cela qu’il faut défendre. On se surprend à envier nos amis belges qui peuvent chanter « le Roi, la loi, la liberté ».
L. Cheron
« ‘Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu’. Jusque là, les peuples ignoraient cette distinction. » C’est un peu plus compliqué. Dans son contexte, la réplique du Christ n’a de sens – et ne s’adresse – qu’à des Juifs qui, pour le piéger, lui demandent en quelque sorte si le Messie peut accepter la soumission d’Israël à Rome. Du point de vue des Gentils, cette distinction n’avait pas de sens, tout simplement parce que les religions païennes imprégnaient tous les aspects de la vie, mais avec une charge morale, spirituelle et savante bien moindre que le christianisme futur (et que le judaïsme déjà).
C’était, si l’on veut, des religions de « basse tension », informant bien moins la vie intime et la société, que ne le fera le christianisme. La cité « s’occupait » de religion parce que c’était son affaire, comme celle de tout un chacun, de se mettre en paix avec les dieux. Par exemple, maints temples étaient des édifices civiques, et leurs murs, comme les sacerdoces qu’ils requéraient, étaient affaire d’Etat, au même titre que la réfection des quais du port ou la police des marchés.
Ça n’avait rien d’une quelconque théocratie, concept ignoré du temps, autant que celui de laïcité. Le pontificat était à Rome un sacerdoce que l’on revêtait au cours d’une carrière publique, comme d’autres magistratures, sans jamais se prendre pour un pape, un docteur ni un prophète. Les dieux se contrefichaient pas mal de l’âme, du salut (?) comme des moeurs des simples mortels, pourvu qu’ils ne les défiassent pas en tombant dans la démesure (encore pouvaient-ils se payer ce luxe, s’ils avaient montré par leurs exploits qu’ils étaient de race divine, comme Alexandre, ou les Césars).
Sylvie
Personnellement, j’ai du mal à avaler que notre religion séculaire soit placée sur le même plan que l’islam. Et je crains que nos curés abandonnent plus vite leur soutane que les musulmans leur chemise, leurs femmes leur voile et les juifs leur grand chapeau.
Mingdi
“Le débat sur l’islam est une bonne chose” nous assène le président de l’Institut du Pays Libre. J’ai peur que ce débat, organisé par l’UMP, ne serve à favoriser l’implantation en France de l’islam. Avez-vous lu sur le Forum Catholique l’information sur le remplacement de plusieurs dizaines d’aumôniers militaires catholiques par autant de musulmans? Je ne pense pas que ce soit une blague du 1er avril. L’UMP cherche apparemment à accélérer le processus. M Antony devrait rebaptiser son Institut du Pays Encore Libre, jusqu’en 2025?
PHYTO
tout est dit, et bien dit!
trahoir
Une des émissions de Bernard Antony sur Radio Courtoisie :
http://rutube.ru/tracks/4268843.html?v=60b0b5725ddf429b5788b3539c6f7dca
D’autres émissions enregistrées et à venir sur ce fil :
http://payezvotrecotisation.rutube.ru/rss
achille
“Le risque de la critique que l’on accepte dans….la maçonnerie, le socialisme…”
Il ne faudrait peut être pas pousser trop loin et trop vite dans ce grand élan oecuménique!
Dans certains milieux comme la maçonnerie et le socialisme on accepte un semblant de critique à condition de ne pas sortir des pseudo dogmes implicites
Corso
Dès la première ligne Bernard Antony a tout faux.
Débattre ne veut pas dire se plier aux décisions voire à l’idéologie des autres ou depuis les autres mais présenter sa propre vision.
Bernard Mitjavile
Une bonne réflexion sur une saine laïcité et le défi à cette laïcité que pose l’Islam mais cette réflexion risque de passer au dessus des têtes des élus UMP qui sont avant tout inquiets devant la perspective des élections de 2012 et la possible élimination de leur candidat au premier tour par Marine Le Pen.