En séjour au Liban Bernard Antony a répondu à Présent; Extrait :
Vous avez effectué plusieurs visites politiques lors de ce séjour, notamment auprès du Patriarche Maronite, du député Kataeb Nadim Gemayel et de Solange Gemayel, veuve du Président martyr Bachir Gemayel et Présidente d’Honneur de Chrétienté-Solidarité, de Samir Geagea, Président des Forces Libanaises et de Samy Gemayel, Président du Parti Kataeb. Qu’avez-vous retenu de ces rencontres ?
Tout d’abord que la Paix au Liban demeure extrêmement fragile dans un contexte régional dominé par la rivalité entre les axes sunnite et chiite d’une part et les intérêts israéliens d’autre part, mais aussi par la question des réfugiés syriens et bien sur les divergences qui persistent dans le camp chrétien en dépit des efforts consentis pour stimuler le processus de réconciliation. A travers nos entretiens, nous avons pu constater deux approches clairement différentes avec un Samir Geagea résolument politique prenant son parti des choses à travers des alliances même contradictoires en espérant en tirer quelque bien et un Samy Gemayel ancré contre vents et marées dans l’opposition et refusant toute concession qui porterait atteinte au projet 100% libanais et souverainiste qu’il porte, se montrant en cela très proche de la ligne autrefois défendue par Bachir Gemayel. Pour en revenir aux voisins du Liban et en particulier à la surenchère systématique d’un Hezbollah fort de son arsenal militaire à l’encontre d’Israël, tout en espérant me tromper, je crois inéluctable à terme l’explosion d’un nouveau conflit peut être beaucoup plus violent que celui de 2006, Tel Aviv ne pouvant se permettre un nouvel échec en demi-teinte.
On parle beaucoup de la cause des Chrétiens d’Orient en France mais avec finalement relativement peu de projets concrets à la clef. Selon vous, quel type d’action la France devrait-elle mettre en œuvre pour soutenir ces chrétiens des premières lignes ?
Je tiens tout d’abord à souligner les initiatives remarquables de nos amis de SOS Chrétiens d’Orient, de l’Œuvre d’Orient et de l’Aide à l’Eglise en Détresse qui accomplissent chaque jour des merveilles, parfois depuis des décennies, en faveur de nos coreligionnaires du Liban et du Moyen-Orient. En ce qui concerne les Institutions étatiques, fort de mon expérience au Parlement européen, je crois à une Europe des pactes et je suis convaincu qu’un pacte de la Méditerranée catalysant les efforts de l’Italie, de la France, de l’Espagne, de la Croatie et de la Grèce dans la défense de nos valeurs et de notre civilisation sur le pourtour méditerranéen contribuerait efficacement non seulement au soutien des chrétiens d’Orient mais également à la protection de l’Europe face aux dangers que posent l’immigration sauvage et l’islamisation qu’elle entraîne.
Au début des années 80, Bachir Gemayel a dit « Si la France ne réagit pas, elle sera confrontée d’ici 30 ans aux mêmes difficultés que traverse le Liban aujourd’hui. » Sommes-nous arrivés à ce stade ?
Dans le même esprit, avec nos amis de Chrétienté Solidarité, nous avions créé à cette époque une affiche qui disait « Aujourd’hui Beyrouth, demain la France » et malheureusement, force nous est de constater que Paris est de plus en plus divisée par une ligne de démarcation qui sépare les zones de non-droit du cœur de la ville.
