3 questions à Bernard Lugan :
Bernard Lugan, dans votre blog vous venez de publier un article intitulé Le fils du colonel Kadhafi sera t-il le futur chef de l'Etat libyen ? Vous y révélez que le 14 septembre dernier, le Conseil suprême des tribus de Libye a désigné Seif al-Islam Kadhafi comme son représentant légal et vous écrivez « voilà donc un fils du défunt colonel seul habilité à parler au nom des vraies forces vives de Libye ». Cette information ne va-t-elle pas à l’encontre de tout ce que le « pays légal » a cherché à nous faire croire depuis 2011 ?
Oui, mais la bulle des illusions s’est fracassée sur le mur des réalités. Cette nouvelle confirme ce que je soutiens depuis le début du désastre libyen, à savoir que la pacification de ce malheureux pays ne se fera pas à travers les comédies électorales chères à BHL, mais en reconstituant les alliances tribales mises à mal par la guerre qu’il a contribué à faire déclencher. Je me permets de renvoyer vos lecteurs à mon blog pour plus de détails concernant cette question.
L’échec de la politique française en Libye est donc flagrant. Dans ces conditions, comment expliquez-vous qu’une institution aussi prestigieuse que l’IHEDN ait demandé à BHL, pourtant directement aux origines de l’actuel chaos, de prononcer, en qualité d’expert, une conférence de géopolitique devant ses auditeurs?
L’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale) est, selon sa plaquette de présentation un « Institut de niveau gouvernemental (qui) a pour vocation de former de hauts fonctionnaires, civils et militaires, à la préparation et à la conduite de la guerre, dans une vision dépassant le cadre militaire (…) Les formations reposent sur un partage d’expériences entre hauts responsables issus du service public et de la société civile ».
C’est pourquoi, je ne vois effectivement pas en quoi, demander à un « philosophe » qui s’est toujours trompé, tant en Bosnie et en Ukraine, qu’en Syrie et en Libye, de prononcer une conférence de géopolitique, domaine qui lui est totalement étranger, pourra aider tant nos officiers supérieurs que nos plus hauts cadres civils à la « préparation et à la conduite de la guerre »…
La vérité est que l’IHEDN, notamment en ce qui concerne sa session nationale, est de moins en moins pluraliste. Quant aux associations régionales, certaines ont été récemment épurées, notamment à Lyon. Longtemps espace de liberté, phare intellectuel et point de rencontre des plus brillantes personnalités civiles et militaires de ce pays, le risque est donc de voir l’Institut se transformer peu à peu en conservatoire des platitudes du politiquement correct et des médiocrités institutionnelles.
Ce lent déclin et dans une certaine mesure cette baisse de niveau, expliquent probablement pourquoi BHL a été invité à y prononcer une conférence. Le plus insolite est qu’il est écrit sur la plaquette de présentation de l’Institut que les intervenants des Lundis de l’IHEDN « sont choisis parmi les meilleurs spécialistes francophones »…Nous aimerions donc connaître les titres universitaires possédés par notre « philosophe » et qui lui ont permis d’accéder à cette élite des « meilleurs spécialistes francophones ».
Avez-vous entendu parler d’une manifestation que des associations de victimes serbes, ukrainiennes, libyennes et syriennes auraient l’intention d’organiser devant l’Ecole militaire le 12 octobre ?
Vivant loin de Paris, j’ignore tout d’un tel projet.