D’Antoine de Lacoste sur Boulevard Voltaire :
Les affaires de Joe Biden vont mal. Ce président élu dans les conditions douteuses que l’on connaît fut célébré avec enthousiasme par le monde de la bien-pensance. Enfin la parenthèse Trump était terminée et le valeureux démocrate allait réconcilier l’Amérique qui pourrait de nouveau jouer son rôle impérial. Las, un an après, même la presse américaine qui le soutint tant doit reconnaître que le mandat est bien mal engagé.
Tout n’avait pas si mal commencé, pourtant, avec le vote, en mars 2021, de l’American Rescue Plan (1.900 milliards de dollars) destiné à relancer l’activité économique. Puis, en novembre, celui du plan de modernisation des infrastructures pour 1.200 milliards de dollars. Dans le même temps, le chômage était descendu à moins de 4 % de la population active.
Mais Trump, de son côté, ne resta pas inactif. Il consolida son emprise sur le parti républicain et régla ses comptes avec ceux qui l’ont lâché. Le cas de Liz Cheney est le plus emblématique. Elle fit partie des dix républicains de la Chambre des représentants qui approuvèrent la mise en accusation de Trump après l’assaut du Capitole. Son vote sera justifié par un propos très violent :
« Il n’y a jamais eu de plus grande trahison par un président des États-Unis de sa fonction et de son serment à la Constitution. »
La bataille fut rude car Liz Cheney n’était pas n’importe qui. Fille de Dick Cheney, l’ancien vice-président de George Bush et figure emblématique des néo-conservateurs américains, elle jouit d’une belle notoriété et a été réélue dans le Wyoming avec 67 % des voix.
La tornade Trump finit par avoir raison des réticences et Liz Cheney perdit sa place de numéro trois du groupe républicain à la Chambre. Elle aura en prime un adversaire investi par le parti républicain lors du renouvellement de son mandat à la fin de l’année.
C’est alors que les mauvaises nouvelles s’accumulèrent pour Biden. L’inflation fit son apparition à un niveau inédit depuis quarante ans (6,8 % pour 2021). Ajoutée à la flambée du prix de l’énergie, c’est le pouvoir d’achat des Américains qui baisse, contrairement aux années précédentes. Le Covid, qu’il devait « écraser », se porte très bien et tue davantage que sous Trump. On peut, d’ailleurs, souligner que la chaîne CNN, si engagée contre Trump, a retiré de son écran le décompte macabre des morts du virus. Il est toujours distrayant d’observer le comportement des médias donneurs permanents de leçons de morale.
Par ailleurs, sa majorité est infime, notamment au Sénat. Or, deux sénateurs démocrates, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, font régulièrement défaut à la majorité démocrate, empêchant l’adoption de plusieurs projets.
Toutes les promesses de Biden sur de grandes lois concernant l’immigration, le climat ou le système électoral sont ainsi en panne et le vieil homme donne l’impression d’être désemparé. Les démocrates sont d’autant plus inquiets que la vice-présidente Kamala Harris, symbole de diversité radieuse pour le camp progressiste, est elle aussi décevante et apparaît de moins en moins comme une candidate naturelle dans trois ans.
En politique extérieure, la situation n’est guère plus réjouissante et l’« America is back again » de la campagne est devenu d’une triste ironie face aux images de la lamentable retraite d’Afghanistan de l’été dernier. Mille milliards de dollars dépensés pour offrir le pouvoir à des islamistes sanguinaires, voilà un constat que beaucoup d’Américains n’ont pas digéré.
Dans ce contexte difficile, les élections de mi-mandat qui auront lieu à la fin de l’année suscitent l’inquiétude du camp démocrate, qui craint de perdre la majorité dans les deux Chambres. Ce serait la paralysie pour Biden et l’effervescence chez les républicains qui seront confrontés à un choix cornélien pour savoir qui investir en 2024.
Donald Trump y pense tous les jours.