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Histoire du christianisme

Bienheureuse Sœur Théotiste martyre d’Orange, future sainte guérie par Saint Benoit Joseph Labre le 29 juin 1783

Bienheureuse Sœur Théotiste  martyre d’Orange, future sainte  guérie par Saint Benoit Joseph Labre  le 29 juin 1783

Voici comment :

Marie-Élisabeth Pélissier était née à Bollène, le 15 avril 1741, de Pierre Pélissier et d’Élisabeth Piton. Son père avait la charge de notaire et occupait un certain rang dans la ville et dans la région. Sa mère était une excellente chrétienne, qui éleva son enfant dans les pratiques de la piété, et prit soin de déposer dans son âme, les premiers germes de la vocation religieuse.

Le 9 mars 1758, Marie-Élisabeth Pélissier entrait en qualité de postulante au couvent du Saint-Sacrement de Bollène. Le 20 juin, elle y recevait le saint habit des mains du doyen de la collégiale, official de l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, Messire Jean-Pierre de Guilhermier, et se consacrait définitivement à Dieu le 25 juin 1759, en présence de son père, de son frère, et de plusieurs autres de ses parents. Elle reçut le nom de Sœur Théotiste du Saint-Sacrement.

La Providence avait doté la nouvelle professe de nombreuses qualités naturelles, que ses supérieures surent bientôt découvrir et mettre en lumière pour le plus grand bien de la communauté. Par un privilège assez rare, elle unissait le goût des choses de l’esprit aux aptitudes pour l’administration matérielle, et comme la pensée de Dieu lui était familière, c’est surtout à Lui qu’elle consacra le talent qu’elle en avait reçu pour la musique et la poésie. Sa voix était, d’après les traditions sacramentines, des plus mélodieuses. Elle devait en dédier les derniers accents à la louange de la guillotine et du chant du Magnificat.

Pendant plusieurs années, Sœur Théotiste fut comme le poète du couvent, célébrant en vers simples et toujours marqués de dévotion, les petits événements du cloître, le passage des hôtes remarquables, les vêtures et les professions de ses compagnes. C’est ainsi qu’elle écrivit une assez longue poésie que l’on trouvera aux annexes, en l’honneur de Saint Benoît-Joseph Labre. Dans ses pèlerinages, le saint traversa plusieurs fois la Provence. Le souvenir de son passage s’est conservé à Piolenc, à Bollène, à Orange. Il reçut à Bollène l’hospitalité au couvent du Saint-Sacrement, où l’on conserve religieusement son portrait. Les Sacramentines furent des premières à l’invoquer après sa mort [16 avril 1783], et le 29 juin 1783, elles obtenaient, par son intercession, la guérison de Sœur Théotiste. Celle-ci était alors très malade. La Communauté avait commencé, pour elle, une neuvaine à Saint Benoît Labre. Le dernier jour de la neuvaine, pendant que les sœurs chantaient, au chœur, les vêpres, la malade demanda ses vêtements à la sœur qui la soignait. Craignant un accès de délire, celle-ci refusa ; mais comme la malade insistait, elle lui donna ses habits. Sans aucun aide, la sœur Pélissier s’en revêtit et descendit à la chapelle où l’on terminait l’office. À sa vue la Communauté saisie d’admiration, avait chanté le Te Deum.

Pour remercier son charitable et puissant médecin, la sœur Pélissier avait donc composé un cantique à sa louange, où elle racontait sa maladie et sa guérison et qui commençait ainsi :

Vous tous témoins de l’état
Qui chaque jour me mettait aux abois
Reconnaissez son secours favorable
Pour le bénir ne faisons qu’une voix !

Lors de la suppression des monastères, Sœur Théotiste était économe du couvent du Saint-Sacrement depuis quelques années : et elle remplissait cet emploi à la satisfaction générale. Mise en arrestation avec ses compagnes, elle fut, comme elles, transférée à la prison de la Cure à Orange, et elle comparut devant ses juges le même jour que Rosalie Bès, Claire Blanc, et Marguerite d’Albarède. C’était le vendredi 11 juillet.

Condamnée à mort, elle fut ramenée à la prison du Cirque, comme cela se pratiquait chaque jour, pour y attendre l’heure de l’exécution. Au cours de ces heures pleines des dernières angoisses, le désespoir et les larmes, chez la plupart des condamnés, se donnaient libre cours. Sœur Théotiste, elle, chanta. Elle chanta, à la prière de ses gardiens désireux d’entendre sa voix, et son chant fut un cantique à l’échafaud. Elle l’avait sans doute composé en prison, et ses compagnes l’avaient entendu plus d’une fois retentir dans leur cachot :

Quel auguste poteau
Dressé pour mon supplice
L’amour est le marteau
Qui frappe sans pitié
Personne n’aura de moitié
À mon généreux sacrifice.
Les traits de mon vainqueur me laissent aux abois.
Je suis enfin réduite à l’agonie
Heureuse mort qui finit sur la croix
C’est là que je trouve la vie.

Le même jour, à six heures du soir, elle entrait dans la Vie qu’elle avait si pieusement célébrée. En allant au supplice, elle laisser s’exhaler sa joie et chanta le Magnificat. Sœur Théotiste avait 53 ans.

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