Vivien Hoch est rédacteur sur le site Nouvelles de France ; il sera présent le 6 février à la Cérémonie des Bobards d’Or [1]. Il y présentera l’un des six menteurs retenus [2] par les internautes parmi les dix candidats sélectionnés au meilleur bobard de l’année ! Il a accepté de répondre au Salon Beige :
Rédacteur sur le site de Nouvelles de France, vous semblez particulièrement guetter les questions attenantes à la bioéthique. Récemment, vous vous êtes élevé contre la loi qui vient de passer au parlement, relative à l’extension du délit d’entrave à l’avortement. Pensez-vous que cette législation porte atteinte à l’information relative à l’avortement ?
Ce projet de loi est la preuve que la fine limite qui sépare une société contrôlée par un Etat moralisateur d’une société soumise à un Etat totalitaire est allègrement franchie. L’Etat ne se contente plus de manipuler les intelligences au moyen de l’Education nationale, de la culture subventionnée et des médias, mais condamne désormais tout ce qui ne va pas dans son sens. On a le droit de n’avoir qu’une opinion : celle de l’Etat.
Contrairement à ce que rapporte la vulgate médiatique, ce n’est pas qu’un délit d’entrave numérique, qui ne s’appliquerait qu’aux sites internet, mais il s’appliquerait à tous les supports d’information. Cette loi compte pénaliser ce qu’elle nomme les « informations dissuasives » à l’avortement. Le problème, c’est qu’une information objective sur l’avortement est par nature dissuasive !
Non content de vouloir censurer la vérité, le gouvernement protège en même temps ses propres mensonges. C’est le cas concernant l’avortement. Les dispositifs de communication du gouvernement (sites, centres de planning familial, plaquettes d’informations) ne délivrent qu’une information incitative à l’avortement. On y lit parfois des choses grotesques, comme quoi par exemple l’embryon, qui est scientifiquement un petit d’homme, est un simple « œuf ». Le gouvernement devient démiurgique et porte désormais une vérité absolue qu’il défend contre toutes les agressions.
Et ne vous y trompez pas : ce « délit d’entrave » s’étendra très vite à d’autres discours et d’autres types informations. Il est déjà interdit de dire certaines choses sur certains sujets. Mais ce délit d’entrave ouvre la voie à un nouveau type de censure, qui s’attaque désormais non pas à la prise de parole subjective, mais à l’objectivité du discours informatif. A terme, on peut craindre qu’il sera interdit de donner des informations objectives et de mener des recherches sur n’importe quel type de sujet sensible. Au risque par exemple d’entraver les migrations, d’entraver certaines religions ou encore d’entraver le fonctionnement des institutions républicaines.
Nous vivons des heures sombres pour la liberté, pour la science et pour les consciences.
Vous participerez, le 6 février, à la huitième édition des Bobards d’Or. Une cérémonie qui vise à dénoncer la désinformation qu’opéreraient les grands médias pour voiler les vérités qui dérangent la « pensée unique ». A l’heure des plateformes de désintox, de décodeurs,…, pensez-vous qu’il existe véritablement deux camps dans ce combat pour l’information (réinformation vs médias de propagande, pour reprendre les termes des bobards d’or) ?
Stephen Bannon, l’ancien directeur de Breibart et aujourd’hui conseiller à la Maison-Blanche, dit très justement que les médias ne se cachent même plus d’être partisans. Aux Etats-Unis, ils sont clairement, aujourd’hui, dans le camp de l’opposition, et n’hésitent plus à verser dans l’ignoble et l’ignominieux (comme s’attaquer à un enfant de 10 ans ou à répandre des rumeurs infâmes). Les médias, dont l’équilibre devrait assurer un espace délibératif, sont devenus la pulsion de mort de la démocratie.
Le règne de la post-vérité a été ouvert par les médias dominants, avec leur bobardisation quotidienne, de plus en plus grotesque. Il ne pourra être refermé que par le cri de l’existence des gens du peuple, seul à même d’arracher les cerveaux hors-sol de ces médias et de les remettre face au réel.
Au lieu de robotiser la population comme ils le souhaitaient, les médias dominants ont créé des poches de résistance, comme l’Alt-Right aux USA ou la fachosphère en France, qui empiètent sur leurs prérogatives et qui vont, à court terme, jouer d’égal à égal avec eux. La guerre est ouverte et les nombreuses plateformes de fact-checking constituent les premières lignes du camp médiatique. Les batailles font rage sur quasiment tous les sujets. Les poches de résistance médiatique sont les anticorps du fonctionnement démocratique.
Dans ce contexte, les médias de « réinformation » peuvent désormais changer de nom, et se renommer « médias de salut public ».
Parmi les Bobards que peuvent sélectionner en ligne les internautes, deux bobards portent sur les questions de la famille (bobard à la romana) ou de l’éducation (bobard collectif). Lequel vous semble le plus grossier ?
S’il faut choisir le plus grossier entre le bobard sur la théorie du genre et le bobard sur les chiffres de la manifestation pro-famille en Italie, c’est le bobard de la théorie du genre qui remporte la palme. Les bobards concernant les chiffres des manifestations sont vieux comme le principe de manifester lui-même, et sont plutôt de « bonne guerre ». On a toujours le droit à trois estimations : celle de la police, celle des organisateurs, et celle des médias (principalement de l’AFP, sur laquelle se basent ensuite les autres). Celle des médias sous-estime ou sur-estime systématiquement, selon la proximité idéologique qu’ils entretiennent avec la cause en question.
Plus significatif de la grossièreté du système médiatique est le bobard sur la théorie du genre dans l’éducation nationale. La théorie du genre, tout le monde en parle, il y a des preuves de sa présence dans les mais les médias arrivent quand même à vous affirmer sans sourciller qu’elle n’existe pas.
Au-delà de l’outrecuidance et de la grossièreté de l’affaire, ce bobard est quasiment post-métaphysique. Il n’y a que l’Ereignis de Heidegger et le Tsimtsoum de la Kabbale qui puissent rendre compte de cette manière d’être présent tout en étant absent.
Enfin, je ne l’apprends à personne à Polemia et aux Bobards d’or, mais les médias fonctionnent de manière concentrique, tels les cercles de l’Enfer de Dante : sur chaque sujets, les émissions ont une poignée d’intervenants en main, qui se répondent en permanence, d’un jour à l’autre. Ce sont des personnes identifiées (par qui ? comment ?) comme « experts » ou « spécialistes ». Il n’y a rien de plus anti-démocratique que ce règne des « experts ». Ce sont eux qui, de par leur posture herméneutique, vont infléchir le jugement des otages psychiques de leurs émissions. Il est indispensable de poser comme postulat que ces gens-là sont là pour vous manipuler.
[1] La cérémonie des Bobards aura lieu le 6 février, Théâtre du Gymnase Marie Bell, 38 boulevard de la Bonne Nouvelle, Paris Xème. Inscrivez-vous dès maintenant sur la plateforme en ligne (https://www.weezevent.com/les-bobards-d-or ) et choisissez les plus beaux professeurs de bobards sur nos réseaux en ligne (site des Bobards d’Or : http://bobards-dor.fr/ @bobardsdor / Facebook : Bobards d’Or).
[2] Sélectionnez les meilleurs bobards parmi les dix mensonges en lice. Seuls six d’entre eux seront retenus pour la cérémonie du 6 février. http://bobards-dor.fr/votes-2017