Extrait de l’entretien accordé par Bruno Gollnisch à l’hebdomadaire Rivarol :
Rivarol : Le FN aura beaucoup de mal à constituer seul des listes aux municipales de mars 2008. Etes-vous favorable a des accords avec le MNR et d’autres groupements nationaux pour y parvenir ou faut-il définitivement enterrer le concept d’union patriotique ?
Bruno Gollnisch : " Oui, j’y suis favorable. Refuser cette possibilité aboutirait à renoncer de fait à se présenter dans des villes dans lesquelles nous pourrions avoir des élus mais pour lesquelles, à l’heure actuelle, seuls les apports externes au FN nous permettraient de boucler les listes.
Dans les années 1980, le « rassemblement national » autour du FN nous avait permis d’attirer bon nombre de personnalités extérieures au FN, permettant ainsi une plus grande attractivité électorale.
Quoi qu’il en soit, l’épisode de l’avortement de l’Union patriotique a été désastreux. La venue de Bruno Mégret a Montretout a créé un espoir vite déçu. Personne n’en est sorti grandi. […] Vouloir la faire à nos seules conditions et en refusant la venue de personnalités sans autre motif que celui de l’absence d’allégeance totale à notre égard a participé de notre déroute électorale.[…]"
Antoine
Cela me semble le bon sens.
D’autant qu’il est intéressant – même si cela ne touche qu’une petite partie de la population – de voir comment les lignes bougent : sur l’UE et le coup d’Etat en cours, sur le communautarisme et la discrimination positive. On est encore peut être loin d’une traduction politique mais, comparé à ce qui se disait il n’y a encore que 4 ans, ce mouvement est intéressant. A la droite nationale de se mettre en position d’acceuillir ces inquiétudes.
Pascal G.
Les fondamentaux que rappelle B. Gollnisch : ” civilisation chrétienne qui défend la vie contre la culture de mort. refus d’une immigration qui submerge la France, d’un mondialisme qui tue notre tissu social et entrepreneurial, d’un fiscalisme et d’un assistanat qui tuent le travail.”, ni B. Mégret, ni JM Le Pen, ni même P de Villiers, n’y ont jamais renoncé, bien que chacun d’eux les défende à des degrés divers. Or, les deux premiers n’existent plus politiquement, et le FN n’a pas connu en 2007 les succès espérés. Cela démontre que les fondamentaux ne sont pas les seuls éléments du combat politique, et qu’il faut savoir les présenter aux Français au travers d’un programme convaincant et des mesures séduisantes et crédibles.
Si l’Union Patriotique consiste à créer un grand ramasse miettes, uniquement sur la répétition incantatoire des ”fondamentaux” , sans réflexion supplémentaire, on aboutira alors à des contradictions internes non résolues : elles créèrent la scission mégrétiste et recréeront des dissensions tout aussi désastreuses. Avec des résultats électoraux médiocres.
Parce que si les idées ne meurent pas, elles doivent s’incarner d’une façon nouvelle à chaque génération : cela s’appelle une tradition vivante. Et non une lettre morte, bien que se voulant ”fondamentaliste”. Il y a en réalité un passage de flambeau à réaliser : les générations de l’après guerre et des années 60 doivent préparer la place à celle de l’après mai 68.
(Passage de flambeau : oui, pourquoi pas. Mais à qui ; que les jeunes talents s’annoncent !
Quant à P. de Villiers, existe-t-il plus que Mégret ou Le Pen ? Je n’en suis pas sûr. Le Pen existe qu’on le veuille ou non à travers le FN. Mégret existe par sa persévérance et sa clairvoyance malgré ses échecs. Mais Villiers, il semble qu’il n’exsite que par le bon vouloir de l’UMP…
Philippe Carhon)
Antoine
Totalement d’accord avec Pascal G. sur la tradition vivante. Il est évident que le message doit être représenté à chaque génération. De ce point de vue, je suis très optimiste, si la droite nationale arrive à voir que se fait jour un peu partout dans le débat intellectuel des thêmes qui ont toujours été les siens ou des inquiétudes neuves (sauf la défense de la vie, qui reste un point dur – voir le traitement réservé à la Pologne -). Bien sur la diabolisation joue et chacun se dédouane de “l’extrème-droite” mais c’est un fait que les thématiques sont les mêmes. A mon sens, la droite nationale n’arrive plus à reprendre ces réflexions ; c’est un manque.
Mais, pourquoi opposer présentation d’un programme crédible et “ouverture” et rassemblement à droite. L’un empèche t’il l’autre ? Au contraire, “l’ouverture externe” est déjà une traduction concrète d’un décentrement des appareils et des questions de personnes, pour présenter aux français un avenir.
Actuellement, il me semble constater que le FN est plutot menacé et par la perte de certains fondamenataux (qui ne peuvent plus être présenté de façon moderne) et par celle de sa dynamique interne. Ce n’est pas mélanger les ordres comme dirait Blaise Pascal de conseiller à JMLP de lire “Sagesse d’un pauvre”. En voulant sauver sa vie, ou son oeuvre, on risque de perdre tout. Au contraire la remise de son oeuvre permet de donner une vie, une fécondité. Le ramasse mietes aurait un grand intéret psychologique…