Bruno Gollnsich témoigne dans Minute :
"[…] Quiconque a vécu de près le déroulement de ces événements peut témoigner de l’effondrement de toutes les structures d’autorité, dans les universités, les entreprises, les administrations. Le jeune homme que j’étais a vu avec effarement les professeurs molestés, comme le doyen Paul Ricœur, grand philosophe dont Emmanuel Macron, qui n’était alors pas né, aurait été l’assistant trente ans plus tard, ignominieusement promené dans une poubelle, les locaux saccagés, mais aussi les cadres supérieurs des quartiers bourgeois faire la queue à leurs banques dans l’espoir d’en retirer 500 francs (moins de 100 € d’aujourd’hui), montant maximum des retraits autorisés, expédier leurs familles en Suisse quand leurs épouses se battaient littéralement pour s’approprier les derniers paquets de sucre disponibles à Inno Passy… La société s’effondrait sous elle.
Avec Mai 68, j’ai compris ce qui s’était passé en France de 1789 à 1793, en Russie en 1917, en Chine ou en Algérie. J’ai compris les diverses phases du processus révolutionnaire : provocations visant à délégitimer l’autorité, fiction de démocratie directe par des assemblées prétendues « générales » soigneusement tenues en main, version estudiantine du soviet révolutionnaire, diabolisation des adversaires justifiant leur élimination, puis, ou en même temps, dialectisation du corps social – qui n’est pas avec nous est un ennemi –, et matraquage de la propagande annihilant tout sens critique, etc.
Quelles ont été les conséquences directes de Mai 68 ?
Conjoncturelle et cependant capitale fut la victoire des idéologies marxisantes dans de larges pans de la société, dont la jeunesse. Cette victoire fut considérée à tort comme acquise par les dirigeants politiques de tout bord et cela a sans nul doute contribué, non seulement à la survie, mais à la progression du totalitarisme communiste dans le monde. Les dirigeants occidentaux, par lâcheté, lassitude ou complicité, s’y sont en effet résignés. Car ne l’oublions pas : le phénomène 68, même s’il n’a pas eu partout l’ampleur de la France, a été mondial. La victoire militaire des communistes en Indochine par exemple en fut une conséquence. Les événements portaient en germe le désengagement occidental de l’Indochine, et, par conséquent, la débâcle de 1975, la chute de Phnom Penh et de Saigon – que, pour ma part, je me refuserai toujours à appeler Ho Chi Minh Ville. […] On peut dire que le communisme y a gagné, intellectuellement et politiquement, vingt ans de répit. Car si le système soviétique s’est finalement effondré, une chose est sûre : c’est à ses propres échecs et au courage d’une poignée de dissidents de l’intérieur qu’on le doit, et non aux élites intellectuelles ou politiques occidentales. […]"
mld
Comme toujours, excellente analyse de Bruno Gollnisch. Quel malheur qu’un homme de cette intelligence et de cette fermeté ne soit pas au pouvoir !
Eloïse
“la victoire des idéologies marxisantes dans de larges pans de la société”
Cette idée de rapport de force typiquement communiste, on l’a particulièrement senti quelques années après quand Strauss-Kahn fut emprisonné. Anne Sinclair (fille de Micheline Nanette Rosenberg et de Joseph-Robert Schwartz ,devenu Sinclair en 1949) a su nous le faire comprendre pour disculper son ancien mari Strauss-Kahn : « Il n’y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage ». Pour elle, le monde est séparé entre les maîtres et les serviteurs, entre les dominants et les dominés et c’est normal…. Une conception totalement anti-chrétienne, d’où la surprise.
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-affaire-dsk/20130221.OBS9621/anne-sinclair-pense-appartenir-a-la-caste-des-maitres-du-monde.html
pmc
Très bonne analyse.
Caroff
On pourrait peut-être clarifier le profil des leaders de Mai 68 ? Il a peut-être quelque chose de commun avec celui des autres révolutions européennes ?
nemo
De votre avis mid !
la France (et le FN aussi…) est passé à coté d’un véritable homme d’état .
ludo72
Non Bruno, le gaucho-troskisme et autres Mao-spontex n’ont rien à voir avec le communisme institutionnel dit “stalinien” qui a longtemps régné au sein du PCF jusqu’à Georges Marchais… Il est important de distinguer les deux, dont l’un était plus “national” que communiste et l’autre plus facteur de décomposition sociale au service du capital libéral-libertaire… Ne jamais oublier que pour ces derniers, l’URSS était une “dictature réactionnaire” qui devait disparaître au bénéfice… des ploutocrates libéraux occidentaux !
Papon
Un certain J.Ruby, l’assassin de l”assassin” de JFK declarait que sa tâche en France en tant qu’agent de la CIA consistait à financer les mouvements cherchant à renverser deGaulle.
Dans un documentaire recent consacré à mai 68, le petit-fils du general confiait que son grand-pere soupçonnait la main de la CIA dans cette affaire.