Bruno Mégret, désormais retiré de la politique, avait tenté en 1998-99 de transformer le FN en parti de gouvernement, avec des vraies idées de droite, nationale et identitaire, mais en rejetant les provocations et l’esprit clanique, réagit à la situation politique d’aujourd’hui. Extrait de son interview accord au Point :
Le Point : Cet été, l’insécurité est revenue au cœur de l’actualité. Pourtant, on a l’impression que Marine Le Pen peine à concrétiser sur ses thèmes forts. Qu’est-ce qui cloche au Rassemblement national ?
Bruno Mégret : C’est vrai, le Rassemblement national ne parvient pas à exister sur la scène politique. Il y a à cela une raison fondamentale : ses représentants tiennent, de façon certes plus énergique, le même discours que la classe politique, alors qu’ils devraient porter une vision radicalement différente pour incarner l’alternative au système en place. Aujourd’hui, les Français n’ont plus la moindre confiance dans les politiques qu’ils savent impuissants à résoudre leurs problèmes et, de ce point de vue, Marine Le Pen n’est pas différente de ses concurrents, car elle ne porte aucun projet qui rendrait sa puissance au politique. Rendre du pouvoir au pouvoir, là est le nœud du succès.
La dédiabolisation du parti ne l’a-t-elle pas banalisée ?
J’ai toujours préconisé la dédiabolisation, mais pour moi elle consistait à en finir avec les provocations sulfureuses et les dérapages verbaux. Car, au-delà, il faut tenir le discours de la rupture avec le système. Sur l’immigration par exemple, ce n’est pas clairement le cas. Pourtant, comme nous l’avions annoncé, ce phénomène est aujourd’hui source de difficultés majeures que personne ne nie plus. Le RN devrait donc proposer une mesure simple et radicale : stopper toute nouvelle immigration pendant dix ans. Et ceci en faisant voter une loi d’exception qui suspende l’ensemble des dispositions permettant l’arrivée de migrants : regroupement familial, droit d’asile, etc. Ce serait une démarche non pas idéologique, mais pragmatique. Quand votre maison est inondée, vous commencez par bloquer l’arrivée d’eau avant de réparer les dégâts.
Vous oubliez que la France a signé des conventions internationales et qu’elle ne peut pas faire ce qu’elle veut…
C’est pour cela qu’il faut rendre du pouvoir au politique. Sur le plan international, on peut, dans un domaine comme l’immigration, y parvenir assez facilement. La France peut par exemple se libérer à tout moment de la tutelle de la Cour européenne des droits de l’homme. Non, le vrai problème, c’est le Conseil constitutionnel qui remet en cause la démocratie en censurant toutes les lois votées par le Parlement dès lors qu’elles ne sont pas politiquement correctes.Il faut donc créer un droit de recours sur les décisions du Conseil constitutionnel et laisser le dernier mot au peuple, soit par référendum, soit par un nouveau vote de l’Assemblée. Avec une telle réforme, la loi d’exception instaurant un moratoire sur l’immigration devient possible. Encore faut-il tenir le bon discours. Car opposer par exemple la laïcité à l’islam, comme le font tous les partis y compris le RN, revient au bout du compte à mettre sur le même plan le christianisme qui a façonné notre pays pendant quinze siècles et l’islam qui n’est présent sur notre sol que depuis quelques décennies. Les religions ont une composante culturelle qui en font un élément de l’identité des peuples et des nations. C’est donc au nom de notre droit à l’identité plus qu’aux principes de la République que le RN devrait s’opposer aux avancées de l’islam (…)Revenons à Marine Le Pen. Comment expliquez-vous ce manque de tranchant que vous déplorez : confort de la deuxième place, peur de gouverner ?
En réalité, le RN est également touché par la dégradation du niveau général de la classe politique. Quand on part de De Gaulle et qu’on en arrive à Hollande… tout est dit. La réalité est que le pouvoir politique s’est soumis à la suprématie des juges et à la toute-puissance des médias. Aujourd’hui, de qui le politique a-t-il le plus peur ? Du juge d’abord, puis du journaliste, et enfin de l’électeur. Pour incarner une véritable alternative au système, le RN devrait donc attaquer ces deux institutions et militer pour qu’elles soient remises à leur place (…) Si Marine Le Pen accédait à l’Élysée et qu’elle ne touchait pas au Conseil constitutionnel, elle resterait impuissante et devrait se contenter d’écrire des tweets comme Donald Trump.
Vous dressez un constat sombre sur le RN, mais ce parti a des villes, dont Perpignan, des députés et semble certain d’accéder au second tour de la présidentielle dans dix-huit mois.
Marine Le Pen obtient ces résultats grâce au travail que nous avons effectué avant elle. Car, quoi qu’elle dise, son parti conserve l’image très forte que nous avions construite. Elle est donc comme une sorte de rentière qui bénéficie par ailleurs de l’impéritie des autres partis politiques. Aux pays des aveugles, les borgnes sont rois.
A.F
oui, mais c’est une rentière qui est en train de cramer le capital acquis…
Meltoisan
Encore un qui fait partie d’une envie (urgente) d’une autre candidature à droite que rejoindraient Zemmour, Maréchal, Ménard, de Villiers, … lui-même et tant d’autres dont vous et moi et même, allez savoir, Dupont-Aignan et JF Poisson !
La liste reste ouverte…
Rabolio
Marine le Pen doit s’effacer au plus tôt. Elle n’est plus crédible.