Extraits de l'entretien donné par Patrick Buisson au Figaro :
"Ce que je constate, c'est que Nicolas Sarkozy a tiré la droite de
l'état de soumission dans lequel elle s'est longtemps abîmée. Il est le
premier président depuis de Gaulle à avoir su trouver les mots pour
redonner aux Français des raisons de «faire France» alors que tout dans
la pensée stéréotypée dominante les invitait à «faire monde» en
renonçant à être eux-mêmes. «Verba efficiunt significant», disait
saint Thomas d'Aquin. Les mots réalisent ce qu'ils expriment. Je crois
en la puissance évocatrice des mots, à leur vertu régénératrice. Ceux
qu'a prononcés Nicolas Sarkozy n'ont pas fini d'infuser dans
l'imaginaire national. […]
[…] Le concept de «droitisation» a été
forgé par la gauche qui, après avoir basculé du social au sociétal,
cherche à masquer son refus de prendre en compte la souffrance des
Français les plus vulnérables. Toute une France populaire qui subit à la
fois l'insécurité sociale et l'insécurité culturelle de la
mondialisation s'est reconnue à travers le récit national de Nicolas
Sarkozy, parce que celui-ci lui est apparu non seulement comme un récit
protecteur mais comme un récit qui la replaçait au cœur de l'histoire.
Que cela plaise ou non, la demande sociale et la question identitaire
s'emboîtent désormais dans une même problématique.[…] Les
véritables territoires de relégation ne se trouvent pas dans les
banlieues où vivent les minorités mais dans la Creuse, l'Aude, le Cantal
ou l'Ardèche. Cette France-là n'est pas tapageuse. Elle ne revendique
pas, elle défile peu. C'est une habituée du hors-champ, une recluse de
l'angle mort, invisible sur les écrans radars médiatiques si ce n'est
pour jouer, selon la formule de Philippe Muray, le rôle de
«plouc-émissaire» et apparaître du même coup comme le réceptacle de tous
les démons français: nationalisme, racisme, xénophobie,
obscurantisme, etc. Or, c'est dans ces territoires-là que Nicolas
Sarkozy a obtenu ses meilleurs scores le 6 mai, dépassant sensiblement
la barre des 50 % dans les zones périurbaines et en milieu rural. Il y a
là un immense réservoir de voix qui, allié à l'électorat traditionnel
de la droite, constitue à coup sûr la seule formule électoralement
victorieuse pour les scrutins à venir. Ces nouvelles classes laborieuses
sont des classes potentiellement dangereuses pour la gauche. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle la modification du corps électoral
par l'adjonction du vote des étrangers est devenue pour elle une
priorité.Quelle est, selon vous, la stratégie qui permettra à la droite de retrouver le chemin du pouvoir?
Le
discours identitaire est essentiel, mais il faut aussi détruire
l'avantage moral que la gauche s'est indûment octroyé en accaparant
l'idée de justice sociale. Lorsque François Hollande crée 150.000
«emplois d'avenir» réservés exclusivement aux zones urbaines sensibles,
il ne fait pas une politique de justice sociale, il fait du
clientélisme. Il ne répond pas à une demande sociale, mais à une demande
médiatique qui réduit la jeunesse à celle des banlieues «vue à la
télé», alors que la masse des défavorisés et des précaires est ailleurs.
La France des invisibles n'est pas son souci. […] La droite a vocation à redevenir majoritaire pour peu qu'elle
ait le courage de franchir une bonne fois pour toutes ce que Léon Bloy
appelait la «Porte des humbles», c'est-à-dire de bâtir une offre sociale
protectrice en direction de cette France industrielle et rurale des
«perdants» de la mondialisation.[…] Longtemps la droite s'est
laissée docilement enfermer dans le périmètre stratégique fixé par ses
adversaires au nom, comme le dit si bien Alain Finkielkraut, d'une
«xénophilie de galerie marchande»: ni alliance avec le Front national,
ni assomption de tout ce qui relevait encore ou à nouveau de l'amour de
la patrie. C'est le rôle historique de Nicolas Sarkozy que de l'avoir
sortie de ce piège en secouant les colonnes du temple, autrement dit la
tutelle morale de la gauche. S'il veut être qualifié pour le second tour
de l'élection présidentielle de 2017 - ce qui n'a rien d'automatique -,
le futur candidat de la droite devra s'affranchir du système organisé
de l'ignorance volontaire, qui couvre des sujets comme les besoins
économiques en travailleurs immigrés, le financement de notre protection
sociale ou la préservation de notre mode de vie.Êtes-vous favorable à des alliances avec le FN?
Avec
un calendrier électoral qui instaure le primat de l'élection
présidentielle et transforme les législatives en un scrutin de
confirmation subordonné, la question qui se pose n'est pas celle des
alliances mais de l'attractivité électorale. L'homogénéité croissante
des électorats UMP et FN notamment dans la «France périphérique» des
moyennes et petites villes fait que les deux formations sont d'abord en
situation de concurrence. Il n'y a donc pas d'autre issue pour l'UMP que
de construire une offre compétitive dans le respect de ses propres
valeurs. […]"
PK
Il faut être réaliste : le Cantal, c’est 50 000 âmes… alors, 50% des voix – même pas de la population – ça ne représentent pas les voix d’un arrondissement parisien ou lyonnaix.
Ce qui n’enlève rien à la justesse de l’analyse par ailleurs.
aramis
de l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes…Patrick BUISSON est bien le seul à croire à cette analyse des discours de sarkozy, qui ne furent que stratégie d’enfumage des électeurs FN et tactique politicienne de ramassage des voix !
PG
Amusant Patrick B. : faire des paroles ”infusantes” de SARKOZY un ”faire France” qui parle aux relégués de la Creuse, faut oser.
P. Buisson appartient tellement au microcosme parisien qu’il ne comprend rien à la France profonde, celle des banlieues française des lotissements des villes, celle des campagnes et petites villes et villages,cette France qui a étonnement voté FN récemment, contrairement à toute logique apparente.
Ce cher Patrick B. demeure dans cette impasse conceptuelle selon laquelle il suffit à l’UMP de ”construire une offre compétitive” pour siphonner les voix FN par magie : comme si copier des mots pour seule offre pouvait offrir une issue crédible à la sourde désespérance de tant de nos compatriotes, ”invisibles” dit-il, bien qu’il les voit dans l’électorat bien visible du FN, en ces temps de trouble moral, de décadence politique et sociale et de crise économique dramatique.
Tant de finesse et de talent pour en arriver à un tel vide dans l’action, cela est terriblement désespérant pour l’UMP, même si on sait déjà que son poulain, M. Coppé le copieur de Sarko copieur du FN (on perd beaucoup en pixels en photocopiant les photocopies) sera battu par le centriste FILLON, qui sera battu par le centriste Hollande en 2017.
Cependant soyons justes : il a fait dire à SARKOZY des mots repris à la droite nationale certes, mais qui en sont sortis amplifiés. Et soyons encore plus précis pour ce qui est des ersatz : le FN ferait bien de ne pas penser qu’il suffise de parler sur certains sujets sociaux et économiques avec des mots de gauche pour capter les voix nécessaires à une présence second tour de 2017.
Car si SARKO a fait du ”national” électoraliste à la Buisson, il serait dommage que le FN fasse du ”social” avec les concepts d’un étatisme décalqué du socialo-communisme datant de la Libération et prolongé par la décadence gaulliste.
Marie
“Verba efficiunt QUOD significant”.
Probablement un lapsus calami..
nemo
“Nicolas Sarkozy …est le premier président depuis de Gaulle à avoir su trouver les mots pour redonner aux Français des raisons de «faire France» alors que tout dans la pensée stéréotypée dominante les invitait à «faire monde» en renonçant à être eux-mêmes.”
“paroles paroles” comme dit la chanson …
Mr Sarkozy
-a imposé la constitution européenne aux français qui l’avaient rejeté par référendum ..
-a supprimé 54000 postes dans les armées en 5 ans …
-a laissé entrer en 2010 plus d’immigrés qu’aucun président de la Vème république…
-a installé très solennellement madame Veil à l’accadémiue française…
etc etc …
Mais oui c’est vrai il parle bien , parfois meme mieux que Marine !
Robert Marchenoir
“Faire France”, “faire monde”, “faire société”… quand j’entends cet insupportable verbiage à la mode, je ne peux m’empêcher de penser à certaine fonction biologique qui, seule, est correctement décrite par cette forme grammaticale.
Et encore, seulement dans le langage familier ou infantile.
Jean Theis
Dans toutes ces belles phrases, où est l’intérêt de la France ? Il n’est question que de l’électorat.
Guillaume
Buisson fait mine de croire que chez Sarkozy, parler c’est faire. Or Sarkozy a beaucoup parlé, il n’a d’ailleurs fait que ça. Pendant ce temps, l’immigration a poursuivi sa course folle.
Giraud
Il y a moins d’ecart entre le front national et l’UMP qu’entre les socialistes et Mélanchon. La différence est que l’UMP se laisse piéger par la gauche depuis Mittérrand.
Le mérite de Sarko est de s’être partiellement extrait de ce pîège, en tout cas davantage que Fillon qui reste pris.
Il faut une droite élargie et diverse et avoir le courage de dédiaboliser les 20 pour 100 d’électeurs qui effrayés par la chutte de la France dans la hotte de l’islam voudraient tant une union des droites et des modérés pour remettre le pays sur ses assises.