D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain italien, pour le Salon beige:
Chaque 22 novembre, il est possible de commémorer Sainte Cécile, une vierge romaine du IIIe siècle qui fut martyrisée sous l’empereur romain Alexandre Sévère. À Rome, il y a la basilique de Santa Cecilia, construite selon la tradition au-dessus de sa maison et dans laquelle la sainte a été enterrée. Il y a la célèbre statue de Stefano Maderno (1576-1636), qui représente le corps de Sainte Cécile tel qu’il a été retrouvé lors des travaux de rénovation en 1599.
Santa Cecilia est la patronne de la musique. Selon certains, cela était dû à l’antienne en son honneur : « Cantantibus organis, Cecilia virgo in corde suo soli Domino decantabat dicens : fiat Domine cor meum et corpus meum inmaculatum ut non confundar » (Pendant qu’ils jouaient des instruments de musique, la vierge Cécile a chanté dans son cœur uniquement pour le Seigneur, disant : Seigneur, mon cœur et mon corps soient sans tache, afin que je ne sois pas confondue). Ainsi, les instruments accompagneraient Cecilia pendant qu’elle priait le Seigneur. Cependant, certains ont contesté cette interprétation, car il semble que dans certains versions les mots étaient candentibus organis, c’est-à-dire que les instruments (à incandescence) auxquels il est fait référence n’étaient pas des instruments de musique, mais ceux avec lesquels la sainte a été torturée pendant son martyre. Le musicologue et organiste Domenico Morgante, auteur d’un roman consacré à sainte Cécile, aurait démenti cette dernière thèse avec un précieux article de lui (“Cantantibus” o “Candentibus” organis?, in “Musica”, n. 324 , mars 2021, 50-54) dans laquelle il démontre la solidité de la version que tout le monde connaît, c’est-à-dire celle qui fait référence aux instruments de musique. Pourtant, il y en a encore qui défendent la thèse faisant référence aux instruments de torture. Rappelons aussi comment sainte Cécile a inspiré les sociétés céciliennes du monde entier, associations nées en Allemagne en 1868, grâce à l’initiative du prêtre et compositeur Franz Xavier Witt (1834-1888). C’est pourquoi le nom de sainte Cécile est particulièrement cher aux musiciens.
Mais essayons de réfléchir un peu plus sur l’interprétation des paroles de l’antienne. Naturellement, je fais confiance au jugement de M. Morgante que je connais et respecte. Cependant, abandonnant un instant la vérité textuelle, il ne semble pas plus approprié de nos jours qu’au moment de notre prière liturgique, ce n’est pas le son pieux dévot des instruments de musique que nous entendons, mais qu’ils servent d’instruments de torture ? En effet, quoi de plus inconvenant que d’utiliser la musique dans l’église non pas pour glorifier Dieu et édifier les fidèles, mais pour glorifier les fidèles et profaner la majesté de Dieu ? Il y a quelques années, j’ai pu parler avec un prêtre déjà assez âgé, missionnaire depuis de nombreuses années, et il m’a assuré que la musique dans l’église est principalement pour les fidèles, qu’elle doit être pour leur divertissement. À ce stade, quelle est l’utilité de l’exécuter à l’église ? Si c’est pour les fidèles, tout le monde l’écoute où il veut, car ce n’est pas très différent de la musique commerciale qu’on peut écouter où l’on veut. Mais est-ce de la musique sacrée ? Bien sûr que non. Parce que la vraie musique sacrée est celle qui nous communique la Présence (comme dirait le grand mystique italien Divo Barsotti), c’est celle qui sert à nous élever à la majesté de Dieu et non à en faire un simple homme. Nous sommes déjà trop immergés dans l’humanité pour que nous n’en ayons pas besoin quand nous allons à l’église, là nous avons besoin d’entendre ce que nous dit Saint Paul (Actes des Apôtres, 24-26) : « le Dieu qui a fait le monde et tout qui contient, qui est le seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples construits par des mains humaines ni ne se laisse servir par des mains humaines comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, car c’est lui qui donne vie et souffle à tout et à tout “. La musique sacrée ne peut naître de l’homme mais doit toujours être la sublimation en Dieu de ses sentiments et de ses aspirations. C’est pourquoi il est important de se rappeler qu’il n’y a de vraie musique sacrée que lorsqu’on rend d’abord gloire à Dieu, la gloire qui lui est due en tant que Seigneur et Créateur de tout. Si nous n’y croyons plus, si nous ne croyons plus en Dieu, alors nous chantons des chansons joyeuses pour nous distraire, parce que si nous pensions à ce que serait la tragédie d’une vie sans sens, alors nous aurions vraiment de quoi désespérer.
Prions Sainte Cécile de transformer les instruments incandescents en instruments chantants. Prions sainte Cécile pour que le sacré ne soit pas constamment profané avec l’idée folle que cela fera retourner les gens à l’église, alors que cela ne fait qu’élargir la porte à ceux qui en sortent. Prions sainte Cécile pour qu’elle inspire les prélats, les évêques, les cardinaux, les papes, et leur fasse vraiment comprendre que, comme l’avait bien dit saint Paul, Dieu n’a pas besoin de nous, mais nous avons certainement besoin de Lui.
France Fougère
Souvenir de mon heureux temps de pensionnaire chez les Sœurs Oblates de Saint Francois de Sales : la fête charmante de la Sainte Cécile, quand chaque jeune fille recevait un cadeau personnalisé de ses compagnes, par exemple une carte peinte à la main avec un joli message, lors d’une soirée musicale.
Que de bons souvenirs, des trésors pour la vie, car les Sœurs avaient et ont vraiment une vocation d’éducatrice.
D’ailleurs, elles continuent et s ‘adaptent.
Je regrette seulement leur habit sombre et beau qui contribuait à leur prestige.