Le père Jean-François Thomas, jésuite français, a écrit en commentaire d'un post d'Yves Daoudal sur l'hypocrisie de la revue Etudes, qui a publié certaines caricatures de Charlie Hebdo :
"Tous les jésuites ne partagent pas cette horrible position. Voici la lettre que j'ai envoyée à l'autorité compétente. Il ne faut pas hésiter à faire savoir que vous êtes choqués en écrivant à qui de droit dans la Compagnie.
Cher Père,
N'ayant aucune illusion sur l'effet de ma protestation, je désire tout de même la formuler, sachant par ailleurs que bon nombre de jésuites de ma communauté ressentent la même chose sans oser ou pouvoir le faire. La page d'accueil du site d'Etudes de ces derniers jours est tout à fait indigne.
Tout d'abord, la Compagnie n'est pas Charlie. Nous ne partageons, j'espère, aucune des "valeurs" ordurières de cet hebdomadaire. L'horreur de l'attentat ne peut faire taire ce que ces journalistes n'ont cessé de détruire durant des décennies. La liberté d'expression n'est pas la liberté d'offenser jour après jour les croyants des religions honnies et de blasphémer contre Dieu lui-même. Point besoin de loi contre le blasphème. Le bon sens, le bon goût et le respect des autres suffisent pour ne pas l'utiliser. L'humour, même grinçant, peut faire rire. La vulgarité érigée à ce point en absolu fait plutôt pleurer et ne peut qu'attiser la haine de beaucoup. Le dernier numéro de Charlie Hebdo pour Noël était de nouveau une attaque scatologique du Christ, de la Sainte Vierge et de la foi chrétienne. Mettre en ligne au moins quatre caricatures anti catholiques, choisies parmi les plus "soft", dans une revue de la Compagnie est scandaleux. Je trouve que la pire est celle concernant Benoît XVI car elle est quasi diffamatoire. Quant à l'atteinte au drame de la Crucifixion, elle est pitoyable. Je ne savais pas que certains jésuites pouvaient trouver sujet à en rire. Personnellement j'en pleure chaque jour, à cause de mon péché et à cause de toutes les souffrances vécues dans leur chair par tant de chrétiens persécutés, bien moins souvent défendus par l'équipe des Etudes. Des journaux pourtant peu soupçonnables de cléricalisme et de religiosité, comme le Monde, ont émis déjà, et cela n'est que le commencement, bien des réserves quant au style Charlie Hebdo et aux méthodes de ses journalistes. Les Etudes furent une grande revue lorsque la Compagnie avait encore un sens profond de ce que catholique veut dire. Personnellement, je ne fais pas partie du troupeau qui s'applique à bêler en choeur, ni dans ce domaine, ni dans d'autres. Il serait heureux d'entendre une voix autorisée remettre les pendules à l'heure.
Fraternellement in Christo Jesu, Jean-François Thomas s.j."