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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, cette jeunesse dont nous avons besoin

Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, cette jeunesse dont nous avons besoin

Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :

Il y a un mois exactement, le premier dimanche du mois d’août, Léon XIV accueillait plus d’un million de jeunes dans la ville éternelle, à l’occasion de l’année jubilaire. En ce premier dimanche de septembre, ils sont plusieurs centaines de milliers à faire, de nouveau, le déplacement. La sagesse populaire enseigne que les voyages forment la jeunesse, les pèlerinages romains sans doute aussi. Devenue minoritaire dans un Occident apostat, la génération catholique des 18-25 ans n’en affiche que plus sa foi et se présente au rendez-vous de ce début de pontificat.

Dans le fameux texte Être jeune, le général MacArthur indique que la jeunesse n’est pas une période de la vie mais un état d’esprit. N’est-elle pas surtout, et d’abord, un enjeu ? Pour toute personne qui a le souci de la transmission, la jeunesse mérite les attentions les plus soutenues. A cet égard, l’Eglise, dans son histoire, n’a eu de cesse de se préoccuper du blé qui lève. Communiquer un message qui dépasse le médiateur mais dont ce dernier sait l’importance pour le récepteur, voilà l’ADN même des hommes d’Eglise. « Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu » écrivait déjà l’apôtre Paul aux habitants de Corinthe.

La leçon de Bellamy sur la jeunesse

François-Xavier Bellamy s’est penché avec un talent irréprochable sur cette urgence de la transmission. Bien sûr, il appartient à la nature même de la jeunesse de bousculer les certitudes les mieux installées chez leurs ainés. Quoi de plus stimulant du reste pour des adultes que de se trouver déranger dans ses tranquillités. Il n’empêche : « Cette liberté que cherche la jeunesse, elle doit la recevoir de ses ainés » expliquait Bellamy dans la préface d’un recueil de textes intitulé A la jeunesse (Librio, 2016). Selon lui, et en tant que professeur de philosophie, c’est en effet aux anciennes générations que la jeunesse doit la culture. La culture, ce patient travail des hommes dont chacun hérite et qui rend possible l’apprivoisement du monde qui est le nôtre.

« Tout le mystère de l’existence humaine se trouve là : l’idée la plus inédite, l’intuition la plus personnelle, la liberté la plus affirmée, ne sont possibles que par le langage des autres, le langage de ceux qui nous précèdent. »

Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati en témoignent dans leur existence. Ce n’est pas seulement l’altérité de leurs aînés, mais aussi leur autorité qui a donné à leur trajectoire de vie une telle épaisseur. Un prêtre salésien, don Antonio Cojazzi, tiendra un rôle majeur dans la croissance spirituelle du jeune Pier Giorgio. La nounou polonaise de Carlo, elle, lui lira des vies de saints et l’accompagnera adorer Jésus dans les églises à l’occasion de ses promenades. Ces deux italiens canonisés aujourd’hui encadrent un XXe siècle athée. Leur vie est un contre reliquaire d’une période dépossédée de transcendance. Frassati est né en 1901 et Acutis en 1991. Le premier est mort à 24 ans, le deuxième à 15 ans. Mais ne nous y trompons pas, en les élevant à la gloire des autels, l’Eglise n’entend pas s’offrir une cure de jouvence à moindre coût. Le jeunisme est une tare aussi mortifère que la dictature de vieillards cacochymes. La fraîcheur et le panache spirituels de nos deux saints ne viennent pas tant de leur jeunesse en soi, que de leur capacité à s’être rendus perméables, dès leur plus jeune âge, à la densité de l’Evangile. C’est la victoire insolente de Dieu dans leur vie que l’Eglise célèbre aujourd’hui. Et par-là, Rome souhaite rappeler aux jeunes d’aujourd’hui que la sainteté – c’est-à-dire l’ouverture du cœur aux grâces de Dieu – est encore possible au XXIe siècle.

« Vivre sans Foi, sans un patrimoine à défendre, sans lutter pour la vérité, ce n’est pas vivre, c’est simplement exister. » Pier Giorgio Frassati

« Sommes la jeunesse de Dieu ! » s’était écrié François Athanase de Charette. Michel de Saint-Pierre rapporte dans son ouvrage consacré au héros des Guerres de Vendée cette harangue restée célèbre :

« Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi… Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition… Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ? Cette Patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous, elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! »

Nos deux saints renvoient en écho ce cri du chevalier Charette. Pier Giorgio Frassati en expliquant : « Vivre sans Foi, sans un patrimoine à défendre, sans lutter pour la vérité, ce n’est pas vivre, c’est simplement exister. » Et Carlo Acutis, tout adolescent qu’il était, en affirmant avec une sagesse saisissante :

« Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies. »

Vivre sa foi de façon authentique. Refuser de s’agenouiller devant les injonctions d’une pensée unique. Mettre Dieu à la première place au bénéfice de ses frères. S’oublier. Etre digne. Penser droit. Non pour se donner des airs comme le font les mondains, mais pour aller jusqu’au bout comme y aspirent les saints. Voilà ce qu’indique leur vie. Voilà cette certaine jeunesse dont l’Occident a plus que jamais besoin pour sortir du marasme spirituel dans lequel il s’est plongé depuis plus de soixante ans. Saint Carlo, saint Pier Giorgio : priez pour nous !

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