Un gauchiste dépité raconte la contre-manifestation face à Civitas à Toulouse. Extraits :
"Les intégristes sont venus avec des centaines de cierges. Une sono. Un orchestre. On a l’air bien cons à 40 avec nos capuches, incapables de couvrir le son amplifié de la prière. Ils sont en confiance. On éteint quelques cierges, et les dialogues qui s’ensuivent nous mettent dans une position rhétorique de réaction, acculés dans l’énervement et les insultes. Le front démocrate est coincé à 200 mètres de là, et on se retrouve minoritaires à subir les bondieuseries de près. Un peu comme si l’air du temps, c’était eux. Et peut-être qu’après tout l’air du temps c’est eux, et que ce soir on le prend en pleine gueule. Les flics et les journalistes se marrent en nous regardant ; les premiers repèrent des visages au passage. Quelques jeunes identitaires, qui connaissent les prières par cœur, repèrent quant à eux des « connaissances » antifas. Pour plus tard. Eux sont hilares, et nous sommes crispés.
[…] Et même du côté de celles et ceux qui ont pu approcher la prière et susurrer des gémissements de jouissance aux oreilles des « pieu-ses » : n’oppose t-on pas notre propre caricature à la leur ? Comme si nous n’étions « constitués » que de jouissance et de progressisme… En réalité l’humour des slogans était à la mesure de l’impasse. Salvateur et dérisoire. […]
[L]a venue de Civitas, ce jour-là, nous a fait apparaître – j’en étais – comme une bande d’abrutis lambda. Qui meugle. Qui tape. […] Aux prières d’un jeune homme brandissant un chapelet, il est aisé, voire agréable, de répondre par l’insulte et la violence. Beaucoup moins par le débat. […] Mais en allant plus loin, on pourrait se poser d’autres questions, au moins entre nous. […] [A]gir comme si un positionnement anticapitaliste suffisait à se prémunir de l’infection judéo-chrétienne, c’est risquer de remplir le vide laissé par l’absence d’un système de croyances aliénant par un autre système de croyance. Peut-être même aussi aliénant."