Le nouveau numéro de L’Homme nouveau consacre plusieurs articles au pape Léon XIV, mais aussi au pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, avec notamment un entretien avec Philippe Darantière, président de l’association. Extrait :
Que répondez-vous à ceux qui perçoivent votre attachement à la liturgie traditionnelle comme un repli identitaire ?
Je leur dirais simplement : venez et voyez. Quand des milliers de jeunes de 20 ans de moyenne d’âge marchent 100 kilomètres à pied pendant trois jours, ce n’est ni par nostalgie ni par esprit de repli. Ce que certains perçoivent comme un repli est en réalité un enracinement. Nous pensons qu’on ne peut pas construire l’avenir en effaçant l’héritage reçu de générations de saints. C’est une question de piété filiale et de gratitude. Nous sommes les héritiers d’un trésor. Le recevoir et le transmettre, ce n’est pas du repli : c’est une ouverture vers l’autre, vers demain. y
Justement, la liturgie traditionnelle est exigeante. Pourquoi attire-t-elle autant de jeunes ?
On peut répondre à deux niveaux : sociologique et spirituel. D’un point de vue sociologique, les jeunes d’aujourd’hui sont saturés d’images et de mises en scène de soi. Ils vivent à travers Instagram, TikTok, la diffusion permanente de leur image. Or la liturgie traditionnelle les décentre. Elle les arrache à cette logique d’autopromotion. Le silence, la langue latine, les rites orientés vers Dieu : tout cela les bouleverse. Spirituellement, cette liturgie parle à leur âme. Elle touche profondément. La marche épuise les artifices. Elle met à nu. On découvre ses limites. Et on découvre les autres, dans une communion réelle, pas virtuelle. Prier ensemble, adorer, communier : tout cela creuse un chemin intérieur. Et c’est ce qui rend possible un renouveau, parfois une conversion. C’est un déclencheur d’élan missionnaire.