Suite des extraits du livre d’entretien avec le Père Dimitri Smirnov (relire l’extrait 1, l’extrait 2, l’extrait 3) :
Quel est le lien entretenu entre la Russie et la Sainte Mère de Dieu ?
Ce lien est très fort. Il y a en Russie des fêtes chrétiennes qui n’existent pas dans le reste de l’Église, par exemple la fête de « Pokrov », l’Intercession. Il y a de très vieilles églises qui lui sont dédiées et cet événement se distingue dans l’ensemble de l’histoire de l’Église. Il y a aussi l’histoire de l’icône de Vladimir qui est étonnante. D’autre part, dans l’histoire de la Russie ancienne, les églises principales étaient dédiées à Sainte Sophie, la sagesse. Puis, à mesure de l’accroissement de la dévotion à la Mère de Dieu, sont apparues des églises dédiées à la Dormition, comme à Kiev, à Novgorod, à Moscou il y a des églises de la Dormition. C’est une fête titulaire en Russie. (…)
La Russie a-t-elle été consacrée à la Sainte Vierge ?
Il n’y a pas eu d’acte de ce type. Ce sont les catholiques qui aiment faire ça, de façon officielle. (Sourires) Chez nous on préfère faire les choses en famille. Les catholiques aiment bien institutionnaliser. Cet ordre nous impressionne, mais malgré tout nous préférons agir autrement que sur la base d’instructions. On décide en famille : le père, la mère, les enfants.
Mais la nation, c’est une famille de familles, on reste en famille…
C’est vrai. Nous le comprenons bien, et l’Église est l’Eglise des familles. Ce sont toutes ces petites églises qui s’assemblent en une seule Eglise. Et toutes ces communautés sont aussi des familles.
C’est pour cette raison que ce qui reste de la société chrétienne en Europe continuera d’exister parce que la Sainte Vierge a promis de nous protéger, elle l’a dit.
« Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle ». Deux écrivains d’Église, assez récents si j’ose dire, avaient l’habitude de répondre à un certain nombre de questions. Un jour, un homme leur a posé cette question : « Que faire quand viendra l’antéchrist ? » La réponse fut : « Trouver un lieu où vivent des chrétiens et vivre là ». Donc certaines familles resteront comme des îlots, peut-être sera-t-il possible de défendre une ville ou un village et là, si les gens vivent en paix, célèbrent la messe, alors il est possible d’imaginer qu’on les laisse en paix. D’un autre côté, notre expérience de l’histoire européenne dit que la haine est telle qu’il faut être prêt à verser son sang. Mais on peut être sûr qu’une partie de l’Église se maintiendra pour que celui qui veut parvenir au Christ puisse toujours trouver l’Eucharistie.
