Extrait de l'éditorial d'Aymeric Pourbaix, à propos des canonisations de demain :
"Concernant les pasteurs, c’est leur sainteté personnelle qui est sollicitée, plus que le gouvernement de l’Église, soumis aux aléas humains et temporels. Mais cette sainteté n’est pas non plus totalement déconnectée de l’époque dans laquelle elle a éclos. Celle de Jean XXIII, puis celle de Jean-Paul II, ont été dominées par une tempête dévastatrice : la révolution sexuelle. Déjà en 1959, Jean XXIII affirmait que « dans le monde contemporain, le mariage et la famille sont, hélas, trop souvent attaqués de multiples façons ; des principes fondamentaux de la morale naturelle y sont impunément niés ou méprisés ». Et il ajoutait : « Combien de foyers chrétiens, peu à peu pénétrés par une ambiance de naturalisme ou d’immoralité latente, en viennent à perdre de vue la grandeur surnaturelle de leur vocation ». Il n’est pas sûr que, de ce point de vue, les choses aient beaucoup changé !
Sauf que les papes, eux, ont pris la mesure du danger, et y ont répondu d’une manière magistrale. Bien souvent d’ailleurs, contre l’avis même de leurs proches conseillers, et d’une partie des clercs… […] Un exemple : au début de son pontificat, Jean-Paul II consacrera pas moins de vingt-sept catéchèses pour expliquer une seule phrase, celle de Jésus parlant de l’adultère « dans le cœur », par le simple regard…
Pour l’avenir, ces canonisations constitueront ainsi une pierre d’angle, et devraient marquer en profondeur le prochain Synode sur la famille. Dans un contexte encore trouble, entretenu à l’intérieur même de l’Église, sur des questions essentielles comme celle de l’indissolubilité, nul doute que l’héritage de Jean-Paul II, notamment, va peser de tout son poids pour mieux faire connaître et diffuser cet « Évangile de la famille ».
Car une réalité terrestre aussi belle et grande que le mariage a également besoin d’être sauvée de cette « guerre incessante » entre la chair et l’esprit dont parlait saint Thomas. C’est ce que soulignait le fondateur des Équipes Notre-Dame, le Père Caffarel : « La grâce guérit l’amour et le recrée sans cesse »."