"Ils sont tous, ou ont été jadis, des aficionados des partis… qu’ils ont plus ou moins reniés depuis qu’ils sentent le vent tourner. A l’aune du dépècement des Républicains, à l’annonce de la mort du parti socialiste, alors que le parti écologiste flétri est déjà au tombeau : de Nathalie Kosciusko Morizet à Hervé Mariton, de François de Rugy à Christophe Castaner en passant par Noël Mamère, tous l’ont annoncé : au second tour, ils soutiennent Emmanuel Macron.
C’est pour ne pas que les électeurs coutumiers de son parti ne « céde[nt] aux sirènes de l’extrême-droite » que Nathalie Kosciusko Morizet, s’était empressée de déclarer qu’il fallait faire barrage au Front National. « Pour moi, il n’y pas de question, il y a deux candidats et il faut battre le Front National (…) Je vois bien que certains hésitent et je fais ce que je peux pour les convaincre », a-t-elle confié récemment aux médias. Dans cette perspective, le député, héritier de la circonscription parisienne de François Fillon, a même lancé un Comité de Riposte Républicaine aux côtés de Christian Estrosi : une réponse réactive, qui fait peu de cas de son électorat… C’est avec la même promptitude que le soir même de la défaite de son candidat, Hervé Mariton annonçait qu’il voterait pour le candidat d’En Marche. Après avoir piètrement mené sa campagne à la présidentielle, soutenu Alain Juppé pour se tourner ensuite vers François Fillon, le revirement est aussi diligent qu’il est attendu.
Certains n’avaient même pas attendus le deuxième tour de l’élection présidentielle pour apporter leur soutien au fondateur d’En Marche. L’ancien candidat à la primaire de la « Belle Alliance Populaire » annonçait le 22 février que « les idées qu’[il avait] défendues pendant la primaire [étaient] plus proches des idées défendues par Emmanuel Macron » que celles de Benoît Hamon. Un « constat logique » pour le député écologiste : quelques jours plus tôt, celui qui avait déjà abandonné son parti pour ratifier des accords avec le Parti Socialiste allait bientôt trahir une seconde fois, en soutenant En Marche en dépit de la promesse faite le 15 janvier, annonçant qu’il soutiendrait d’office le vainqueur de la primaire de la gauche… La trahison constitue d’ailleurs l’une des seules traditions dont la gauche semble respecter la filiation. A l’instar de Christophe Castaner, qui a soudainement abandonné son parti pour devenir le (piètre) porte-parole d’Emmanuel Macron.
« J’irai voter pour Emmanuel Macron, sans me pincer le nez », a enfin déclaré Noël Mamère le 2 mai. Une position dont l’ancien député des Verts se targue, dressant au passage le triste panorama d’une France à la « démocratie défigurée » sous Marine Le Pen. Face au tenant d’un potentiel président qui souhaite rythmer son quinquennat à la fantaisie de ses ordonnances, il est évident que la démocratie macronienne aura plus belle figure. Quoiqu’il en soit, Noël Mamère, dont c’est le dernier mandat, n’a pris là qu’une position symbolique. A l’inverse des potentats plus haut nommés, dont tous espèrent secrètement qu’ils composeront avec le candidat du mondialisme. En somme, ceux-là en sont sûrs : les mangeoires seront toujours grassement pourvues par l’ami des vieilles figures du quinquennat passé."