Sandro Magister rappelle que le Paraguay, dernière étape du voyage du pape François, a été sauvé par des femmes, dont le Saint Père avait fait l'éloge il y a deux ans :
"Des trois pays d’Amérique du Sud dont François a commencé la visite hier, le Paraguay est peut-être celui qui lui tient le plus à cœur.
Un pays dont le pape avait parlé, il y a de cela deux étés, au cours du voyage qui le ramenait de Rio de Janeiro à Rome. Les propos qu’il avait tenus avaient paru énigmatiques à beaucoup de gens :
"Pour moi, la femme du Paraguay est la femme la plus glorieuse de l’Amérique Latine. Elles sont restées, après la guerre, huit femmes pour chaque homme, et ces femmes ont fait un choix difficile : le choix d’avoir des enfants pour sauver la Patrie, la culture, la foi et la langue".
Peu de gens connaissaient la catastrophe à laquelle le pape François faisait allusion : une guerre qui avait eu lieu un siècle et demi plus tôt et dans laquelle les armées du Brésil, de l'Argentine et de l'Uruguay avaient anéanti neuf hommes adultes paraguayens sur dix et réduit de moitié le territoire de cet état.
D’après une estimation qui est donnée par la British Encyclopædia, la population paraguayenne serait passée, au cours de ces quelques années de guerre, de 1 337 439 habitants à 221 079 survivants, ce dernier chiffre représentant à peine 17% du total initial. Et dans le plus récent numéro de "Donne Chiesa Mondo", supplément mensuel de "L'Osservatore Romano", Romina Taboada Tonina, de l'ambassade du Paraguay près le Saint-Siège, a écrit :
"Il ne restait plus que des veuves, des orphelins, des mères, des filles et des sœurs, sans défense. C’est elles qui ont décidé de faire continuer, en tout cas, leur pays qui était réduit en cendres, en assurant la survie de sa foi, de sa langue et de sa culture. Le matriarcat qui s’est créé à ce moment-là a permis au Paraguay de ne pas mourir".
Et pourtant, avant cette hécatombe, ce pays était la plus importante puissance du sous-continent sud-américain, la plus moderne et la plus avancée.
Mais il y a encore autre chose. Le Paraguay avait été, pendant près de deux siècles, l'épicentre de l’une des entreprises d’évangélisation et de civilisation les plus extraordinaires qui aient jamais été tentées dans l’Église catholique : celle des Réductions, imaginées et réalisées par les jésuites.
Aujourd’hui, ces deux grands chapitres de l’histoire du Paraguay continuent à y laisser leur empreinte, ce que le cardinal Pietro Parolin n’a pas manqué de mettre en évidence à la veille du voyage du pape dans ce pays.