Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :
Alors que LFI et certains écologistes se moquent de la France « jambon beurre », la période estivale est au contraire l’occasion de renouer avec ce qui préside aux véritables réjouissances, familiales et typiquement françaises.
La guinguette. Le barbecue. La pétanque. Le bal des pompiers. Les vachettes aux jeux d’InterVilles. Le petit blanc siroté en terrasse. Le petit noir avalé sur le zinc d’un comptoir. La caravane Cochonou à l’occasion du Tour de France. Faut-il donc que les joies simples qui ont fait le bonheur de millions de Français pendant des années soient déclarées suspectes ? Le saucisson découpé sur une planche serait-il fasciste malgré lui quand les graines de quinoa peuvent défiler tranquilles sur le tapis rouge de la bienpensance ? Les Trois cafés gourmands sentent-ils le rance parce que leur tube A nos souvenirs célèbre la famille, la campagne corrézienne et la transmission ? Avons-nous le devoir moral de délaisser les danses provençales pour nous ébahir plutôt devant le programme Drag Race France que nous offre le service public ?
Il reste, fort heureusement, une vérité bien établie : seules les joies paisibles portent du fruit. La bataille culturelle menée par la gauche est déjà perdue. Bien sûr les idées wokes continuent de semer leur ivraie dans les consciences, mais nul combat idéologique ne peut être gagné avec des idées tristes. Une morale sèche n’enivre pas les foules. La culpabilisation sans rédemption : voilà l’enfer qui nous est trop souvent proposé. Don Bosco, l’apôtre de la jeunesse défavorisée des faubourgs de Turin lors de la seconde moitié du XIXe, peut témoigner du contraire. Devant son insolent succès auprès des jeunes livrés à eux-mêmes, voyous pour la plupart, il indiqua un jour sa botte secrète à ses détracteurs. Pourquoi les jeunes lui accordaient-ils une confiance sans borne au point de réformer leur inconduite en se laissant apprivoiser par l’Evangile ? « C’est très simple, expliquait le saint éducateur. A la jeunesse, je ne lui parle que d’une chose : du Ciel ! » Si l’Eglise s’est toujours sentie le devoir de dénoncer les comportements, les lois, les paroles contraires à l’enseignement du Christ, ses avertissements sont formulés en vue d’un bien supérieur. Le salut. Le Ciel. Un jeu qui en vaut la chandelle. Une réalité à venir dépassant toutes les attentes : la rencontre avec Dieu et la félicité éternelle.
Cibler les déconstructeurs sans tomber dans la démoralisation
Les postures inquisitoriales ont désormais changé de camp. Si le présent est incertain, force est de reconnaître surtout que l’espérance appartient aux droites convictions. Nous désintéresserions-nous de l’avenir ? Nous aimons la famille ! Proposerions-nous donc, comme la majorité des députés de le réduire légalement ? Nous aimons la vie ! Frapperions-nous notre poitrine sur le passé de nos ancêtres ? Nous vénérons notre patrimoine ! Le poison du découragement, Jacques Bainville l’évoque dans son Histoire des Trois générations en citant le duc d’Audiffret-Pasquier. Ce dernier, prenant la parole à la Chambre en 1872, fustige les artisans de la débâcle de 1a guerre Franco-Prussienne de 1870 :
« Nous avez-vous seulement légué des embarras, des douleurs et des désastres ? Non, vous avez fait pire encore. Vous nous avez légué la démoralisation. »
Disons-le tout net : les discours progressistes sont d’une tristesse infinie quand ils ne sont pas d’une gênante bêtise. Il n’y aurait qu’à citer l’iconique « Je ne suis pas un homme, Monsieur. Je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme mais je ne suis pas un homme ? ». Ces mots, prononcés en 2018, sur le plateau d’Arrêts sur Images, par l’administrateur (barbu) de l’Inter-LGBT, Arnaud Gauthier-Fawas (qui organise notamment la marche des fiertés) résument à eux-seuls l’immense décalage entre le pays réel et ce qu’il est convenu d’appeler le système médiatique.
Le bonheur d’un été français !
Tout au contraire de cette démoralisation latente, quel bonheur de croquer dans la vie en redisant notre espérance invincible en un redressement possible ! L’été arrive justement. L’heure est aux réjouissances, aux retrouvailles, aux éclats de rire, aux parties de cartes entre cousins, aux apéros entre voisins. L’heure est aux parties de pêche dans les étangs, aux nuits à la belle étoile, aux découvertes de paysages, aux haltes dans les chapelles de montagne, aux retours de camps scouts. “Un été français”, ce n’est pas seulement une chanson d’Indochine. C’est aussi une visite d’une fromagerie dans le Cantal, une arrivée de cyclistes au col de la Loze, un pardon breton à Sainte-Anne-d’Auray, un 15 août à Lourdes, une feria à Béziers, une retraite spirituelle à l’abbaye du Barroux. C’est encore un premier baiser au bord de la mer, les 80 ans d’une grand-père où tous trouvent l’occasion de se réunir, une randonnée entre amis, des trajets en voiture en chantant. Ce sont des glaces ou des bonbons partagés. Des souvenirs qu’on livre aux plus jeunes. Des petits-enfants qui attendrissent les plus âgés. Un été français, ce sont des déambulations lors de marchés qui donnent à redécouvrir des senteurs que la vie citadine nous avait fait oublier, des couchers de soleil dont on ne se lasse pas d’assister, des grains de sable qui viennent se glisser jusque sous nos draps, des Time’s Up ! en famille jusque tard dans la nuit, des petits déjeuners où l’on prend – enfin – le temps d’acheter des croissants !
Ne nous laissons pas voler nos joies. Pour ces viandes rouges, ces bouteilles débouchées ; pour ces airs claironnés, ces insouciances assumées ; pour ces processions aux flambeaux, ces cantiques mariaux ; pour ces semaines où il fera peut-être trop chaud (et alors ?!) mais où on ne sera pas au boulot : réjouissons-nous ! Grincheux et prophètes de malheurs, passez votre chemin. Nous, nous ne voulons refaire nos forces qu’autour de ce qui fonde le bonheur gaulois. L’amitié. Les rencontres. Les banquets. Et ce Ciel, qui loin de risquer de tomber sur nos têtes, nous rappelle qu’il y a toujours du bon à faire le bien autour de soi.