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C'est arrivé un...

C’est arrivé un 23 mars…

C’est arrivé un 23 mars…

“A qui veut régénérer une Société en décadence, on prescrit avec raison, de la ramener à ses origines.” Léon XIII, Rerum Novarum

Alors rappelons-nous :

  • le 23 mars: saints du jour français ou en France.
    • St Fingar ou Guigner, martyr († Ve siècle)

Commémoraison de saint Fingar ou Guigner, vénéré comme martyr en Cornouailles et en Bretagne.

  • St Gautier, premier abbé à Pontoise († v. 1035)

À Pontoise près de Paris, vers 1035, saint Gautier, premier abbé du monastère de ce lieu. Sacrifiant son amour de la solitude, il accepta cette charge, enseigna aux moines par son exemple la discipline régulière et chercha à détruire les mœurs simoniaques dans le clergé.

  • le 23 mars 752 : élection du pape Étienne II.
  • le 23 mars 789 : le Capitulaire «Admonitio generalis».

Le Capitulaire d’Admonitio generalis de Charlemagne fixe les premières grandes lignes directrices de la réforme carolingienne, qui entend réglementer tous les compartiments de la vie du royaume, décrétant notamment la création d’écoles dans chaque évêché et le baptême des enfants avant l’âge d’un an.

  • le 23 mars 1372 : Du Guesclin reprend Niort aux Anglais.

Il fait revêtir d’uniformes anglais 200 de ses soldats ; à leur vue, les sentinelles anglais abaissent le pont-levis ; les Français entrent dans la ville et les désarment.

  • le 23 mars 1357 : Trêve de Bordeaux.

C’est la quatrième depuis le début de la Guerre de Cent Ans. Elle est censée durer un an. Après la bataille de Poitiers, où il a été fait prisonnier, Jean II le Bon signe une trêve avec le Prince Noir, avant d’être envoyé en Angleterre, où il demeure en captivité pendant trois ans. Le Prince Noir devait le libérer mais Edouard III s’y oppose.

  • le 23 mars 1449 : François de Surienne s’empare de la ville de Fougères.

En 1449, les royaumes de France et d’Angleterre sont en paix depuis 1445. Le 23 mars 1449, en pleine trêve, François de Surienne, dit « l’Aragonais », s’empare par surprise de la ville bretonne de Fougères. Celui qui aura passé plus de vingt années de sa vie au service du roi d’Angleterre était connu pour s’emparer par surprise des cités ; plus d’une trentaine de villes avant Fougères. Au matin du 24, les Anglais ouvrent les portes au gros de l’armée. Les mercenaires répandus dans toute la ville commettent toutes sortes d’exactions contre la population : massacres, incendies, pillages, tortures et viols. Le butin prélevé par les Anglais est énorme avec près de deux millions d’écus.

Son action sème le trouble entre la France et l’Angleterre, et la guerre reprend. Les négociations ayant échoué, le duc de Bretagne François 1er va reconquérir en novembre la ville non sans avoir conquis le Cotentin afin d’isoler totalement les Anglais.

  • le 23 mars 1555 : décès de Jules III.

Né à Rome le 10 septembre 1487 et mort à Rome, Giammaria Ciocchi del Monte est élu pape le 7 février 1550 sous le nom de Jules III. Il pratique le népotisme durant son pontificat ; soutient ardemment l’Ordre des Jésuites, qui prend son essor et, sur les instances de saint Ignace, il publie le 31 août 1552, la Bulle qui fondait le Collegium Germanicum en lui accordant une subvention annuelle. Pendant son pontificat, le catholicisme est provisoirement rétabli en Angleterre par la reine Mary. (Cf. la chronique du 7 février)

  • le 23 mars 1633 : dernier voyage de Samuel de Champlain.

A 63 ans, Samuel de Champlain s’embarque pour son dernier voyage vers Québec, depuis Dieppe ou Rouen, les avis divergent. Il part avec 3 bateaux, le Saint Pierre, le Saint Jean et le Don de Dieu (la devise de la ville de Québec est « Don de Dieu ferai valoir ») et 200 personnes. Il débarque à Québec le 22 mai. En octobre 1635, Champlain frappé de paralysie, meurt le 25 décembre 1635 sans enfant. Il est enterré temporairement dans une tombe sans nom, dans l’attente de la fin de la construction de la chapelle de Monsieur le Gouverneur. Malgré de nombreuses fouilles, l’emplacement exact de son tombeau reste inconnu.

  • le 23 mars 1568 : Paix de Longjumeau.

Signature, entre Charles IX et le prince de Condé,après la victoire remportée à Calais par le duc de Guise sur les Anglais, de la Paix de Longjumeau, qui rétablit l’Édit de Pacification d’Amboise du 19 mars 1563. C’est la fin de la deuxième guerre de religion. La troisième commence 5 mois plus tard. N’est-il pas surprenant de voir que la paix est signée entre le Roi de France et les huguenots après une victoire sur les Anglais ?

Rappelons que le 20 septembre 1562, a été signé le traité d’Hamptoncourt, exemple parfait de trahison des huguenots dont personne ne parle, entre la reine d’Angleterre qui porte encore le titre de reine de France et les fleurs de lys sur ses armoiries, et les chefs huguenots Coligny et Condé. Ce traité peut se résumer ainsi :

  • promesse anglaise de 3.000 hommes de garnison pour le Havre, et 3.000 autres pour défendre contre l’armée du Roi de France Rouen et Dieppe ;
  • promesse anglaise de leur payer 140.000 écus d’or, somme contre laquelle les Huguenots livrent à la reine la ville de le Havre, en toute propriété à la Reine, pour qu’elle puisse l’échanger contre Calais qu’elle convoitait par-dessus tout.
  • le 23 mars 1594 : pour fêter son entrée triomphale dans Paris, la veille, le Roi Henri IV dispute une partie de jeu de paume.

Cf. la chronique de la veille.

  • le 23 mars 1653 : Louis XIV pose la 1ère pierre de l’Eglise St-Roch, à Paris, accompagné par sa mère Anne.

Journée du 13 vendémiaire : le général Bonaparte fait tirer au canon sur les insurgés royalistes. Les impacts sur la façade de l’église Saint Roch sont encore visibles de nos jours

  • le 23 mars 1680 : décès de Nicolas Fouquet, homme d’état français, surintendant des finances de Louis XIV.

Né le 27 janvier 1615, Nicolas Fouquet est un homme politique important de l’époque. Il est connu pour être le surintendant du Roi Louis XIV (de 1653 à 1661), et pour la construction du château de Vaux-le-Vicomteoù il fait travailler les meilleurs artisans du moment : Le Vau, Le Brun, Le Nôtre et Villedo. Toutefois, il est soupçonné de malversations financières. Louis XIV le fait arrêter le 5 septembre 1661 et enfermer avec de nombreux confrères dans la forteresse de Pignerol. Il y trouve la mort à l’âge de 65 ans, le 17 mars 1680. Certains historiens parlent du 17 mars, d’autres du 3 avril.

Nicolas Fouquet, vicomte de Vaux et marquis de Belle-Isle. Peinture à l’huile de Sébastien Bourdon. (Musée national du château de Versailles)

  • le 23 mars 1682 : Louis XIV confirme par édit la Déclaration des Quatre Articles.

La déclaration devient ainsi loi d’État, et en quelque sorte la charte gallicane française, ne reconnaissant au pape qu’un pouvoir spirituel sans effet sur le politique.

Le pape Innocent XI refuse alors de donner l’institution canonique aux prêtres choisis par le Roi pour occuper les évêchés vacants, sous prétexte qu’ils avaient souscrit à la déclaration, qu’il déclare nulle. Toutefois, sous Innocent XII le Roi assouplit sa position.

  • le 23 mars 1767 : la Boudeuse de Bougainville arrive aux Malouines.

Il met ensuite le cap sur Rio de Janeiro et y demeure quatre mois. En novembre 1767, le navire reprend la mer et atteint le Pacifique en janvier 1768. Bougainville aperçoit alors Tahiti, qu’il baptise Nouvelle-Cythère.

  • le 23 mars 1893 : fin du procès de l’affaire du canal de Panama.

En 1888, la Compagnie du Canal de Panama, en difficulté, veut émettre des obligations. La Compagnie verse des dessous de table à des « chéquards », des députés et sénateurs, pour obtenir l’autorisation du Parlement. En dépit de cela, la société doit déposer son bilan en janvier 1889. Ferdinand de Lesseps est arrêté : inculpé d’escroquerie, il est condamné à une peine légère, que la Cour de cassation annule. Le procès des parlementaires poursuivis s’achève sur une seule condamnation : celle de Baïlhaut, ancien ministre des Travaux publics ; le seul à avoir avoué. Clémenceau aussi impliqué n’est pas inquiété.

  • le 23 mars 1911 : au dernier recensement, la France compte 39 605 000 habitants.

     

  • le 23 mars 1918 : les Pariser Kanonen ou Parisgeschütz (canon de Paris) bombardent Paris : 256 morts et 620 blessés.

Tôt le matin, plusieurs explosions à un quart d’heure d’intervalle se font entendre sans qu’aucun avion ne soit apparu dans le ciel. C’est surtout le fait de ne pas savoir d’où viennent les coups qui va provoquer la psychose. Les canons à longue portée allemands Wilhelmgeschutze (l’arme de Guillaume), surnommés Pariser Kanonen ou Parisgeschütz (canon de Paris), disposés en batterie au nord de Crépy-en-Laonnois et séparés de 800 mètres les uns des autres, d’un calibre de 210 mm, qui propulsent des obus de plus de 100 kg à près de 30 kilomètres d’altitude et à 126 km de distance. Sur 400 obus tirés, 351 atteignent Paris faisant 256 morts, 620 blessés et d’importants dégâts.

  • le 23 mars 1939 : la France et le Royaume-Uni font une proclamation solennelle d’appui armé à la Hollande, à la Belgique et à la Suisse en cas de conflit.

Cela a au moins le mérite d’être la suite logique de l’arrêt de la ligne Maginot sur la frontière franco-belge.

  • le 23 mars 1966 : le pape Paul VI reçoit à Rome le Dr Michael Ramsey, archevêque de Cantorbéry.

Depuis près de quatre siècles, les deux Églises ne se fréquentaient plus. Ce jour-là, ils créèrent une commission anglicano-catholique.

  • le 23 mars 1968 : le XV de France réussit son premier grand chelem.
  • le 23 mars 1971 : mise en place d’un comité pour ériger un monument à Colombey-les-Deux-Églises.

En accord avec la famille du général De Gaulle, un Comité national, est constitué en vue de l’érection à Colombey-les-Deux-Églises, dans le cadre choisi pour ses méditations par le général lui-même, d’un mémorial « à la mémoire du libérateur de la Patrie et du rénovateur de la République ».

  • 23 mars 2012 : enterrement des soldats français assassinés par Merah.

Face à la barbarie, le silence et la prière sont la meilleure réponse.Qu’ils reposent en paix.

Voici l’homélie de l’abbé Christian Venard, aumônier catholique du 17e RGP, prononcée au Cimetière de Manduel, lors de l’inhumation du caporal Abel Chennouf:

« Abel, mon camarade parachutiste, mon frère, voilà une semaine, jour pour jour et presque heure pour heure, je tenais ta main, encore chaude de la vie que venait de te prendre un assassin. Je tenais ta main en priant pour toi, en pensant à ta maman et en te confiant à notre Maman du Ciel, la Vierge Marie. Je ne connaissais pas encore Caroline, mais si tel avait été le cas, je t’aurais aussi parlé pour elle et pour ce petit bébé que vous attendez. Puis je me suis penché sur ton camarade Mohamed Legouad qu’essayaient de maintenir en vie les remarquables équipes d’urgentistes. Enfin, j’ai assisté au départ vers l’hôpital de Loïc Liber, qui à cette heure même se bat, entouré de son papa et de sa maman, pour rester en vie. Que de souffrances. Que d’incompréhensions. Mais aussi que de solidarité, de soutien, d’hommages et, pour nous chrétiens, de foi (comme le rappelait hier l’évêque aux armées en la cathédrale de Montauban) et d’espérance, malgré tout !

Il y a deux mille sept cents ans, à Rome, au cœur même du forum, symbole et centre de la vie de la Cité, un gouffre s’ouvrit. L’oracle consulté livra cette réponse : pour combler ce gouffre, Rome devait y engloutir ce qu’elle avait de plus précieux. Chacun s’interrogeait encore sur ce qui pouvait être de plus précieux, quand un jeune cavalier, un jeune homme armé, Curtius, se jeta avec son cheval dans le gouffre qui se referma aussitôt. Oui, ce que Rome avait de plus précieux était un jeune militaire défenseur de la Cité.

Le criminel terroriste qui a mené ces actions dans lesquelles tu as perdu la vie, Abel, a tenté d’ouvrir un gouffre. Le prix à payer pour le combler est bien sûr infiniment trop lourd ; mais mon ami Abel, tu es devenu, comme Curtius, symbole de ce que notre pays, la France, possède de plus précieux. Et désormais, c’est ainsi que tu nous apparais : jeune caporal parachutiste, mort pour la France, dans un attentat terroriste qui voulait mettre à bas notre Patrie.

Abel, je veux aller encore plus loin. C’est parce que tu portais l’uniforme français, parce que tu étais fier de ton béret rouge, que ce criminel t’a visé. Ce que ce meurtrier ne pouvait savoir c’est aussi tout ce que tu représentes aujourd’hui pour notre Patrie. Issue d’une famille à la fois alsacienne (avec tout ce que cette région fait ressortir en notre pays des souffrances liées aux deux conflits mondiaux) et kabyle (et comment ne pas évoquer ici les douloureux événements d’Algérie), ta famille choisit la France avec (et je reprends les mots mêmes de ton cher papa), avec toutes ses traditions, y compris ses racines les plus profondes, qui sont chrétiennes. Comment ne pas voir, mon ami Abel, dans une telle accumulation de symboles, ce que nous avons de plus précieux cette capacité que possède notre Patrie française de prendre en son sein, tous ceux qui veulent devenir ses fils.

Au moment où nous allons te porter en terre, dans cette terre pétrie des ossements de nos pères (c’est cela la Patrie aussi), Abel, avec toute ta famille, tes amis, tes camarades parachutistes, je te fais le serment que nous soutiendrons Caroline et ton enfant. Que nous resterons présents auprès des tiens. Désormais c’est à Dieu que nous te confions, au travers des rites catholiques qui accompagnent nos défunts. Nous savons que tu es vivant auprès du Père. Tu as rejoint Jésus, ce Dieu fait Homme, cet innocent mort à cause de la méchanceté et la violence qui habitent trop souvent le cœur des hommes. Ton sacrifice se trouve comme enveloppé dans celui du Christ Jésus. En te retrouvant jeudi dernier, gisant sur le sol montalbanais, en prenant ta main et en voyant couler de tes blessures ce sang si rouge et si pur, je confiais au Seigneur de la Vie, cette vie qui s’écoulait de toi. Et si aucune larme ne sortait de mes yeux, comme tant de tes camarades, c’est mon cœur qui pleurait sur toute violence faite aux innocents sur cette pauvre terre. Et c’est à l’Innocent qui a versé son Sang pour nous réconcilier avec son Père, qui a versé son propre Sang en rançon pour toutes les violences, que je confiais ta belle âme.

Abel, français d’origine alsacienne et kabyle, catholique par choix, parachutiste au service de la France, que notre grand saint patron, que l’Archange saint Michel t’accueille et te fasse entrer au sein du Père, avec le Fils et le Saint-Esprit. Amen. »

Requiescat in pace

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