“A qui veut régénérer une Société en décadence, on prescrit avec raison, de la ramener à ses origines.” Léon XIII, Rerum Novarum
Alors rappelons-nous :
-
le 6 mars : saints du jour français ou en France.
-
St Fridolin de Säckingen, abbé en Allemagne († VIe s.)
-
À Säckingen dans le sud de l’Allemagne, vers le VIIe siècle, saint Fridolin, abbé. Venu, dit-on, d’Irlande, il séjourna d’abord à Poitiers près du tombeau de saint Hilaire, puis pérégrina à travers la Gaule, et aboutit à Säckingen, où il fonda un monastère double en l’honneur de saint Hilaire.
-
St Chrodegand (ou Chrodegang), évêque de Metz († 766)
À Metz, en 766, saint Chrodegand, évêque, qui rédigea une règle de vie, pour les prêtres de son diocèse qu’il réunit en chapitres de chanoines, pour qu’ils vivent dans la vertu à l’intérieur du cloître; il promut aussi merveilleusement le chant d’Église.
Son nom offre bien des variantes : Chrodegangus, Chrotgandus, Godegrand, Rotgandus, etc
-
Ste Colette de Corbie, clarisse († 1447)
Sainte Colette Vierge, réformatrice des Clarisses (1380-1447)
Colette est née à Corbie, en Picardie. Ses parents se désolaient de ne pas avoir d’enfants ; ils prièrent saint Nicolas. Lorsqu’ils reçurent cette petite fille, ils lui donnèrent le nom du saint protecteur : Nicole, en diminutif familier Colette.
Orpheline à dix-huit ans, elle obtint du père Abbé d’un monastère voisin, la possibilité d’entrer chez les béguines d’Amiens malgré son âge. Elle n’y reste qu’un an jugeant leur vie trop douce. Même déception chez les bénédictines, puis chez les clarisses. Son père spirituel est franciscain et comprend son désir d’austérité. Il la fait entrer dans le Tiers-Ordre de Saint François comme recluse à Corbie.
Mais elle se sent appelée à plus de pauvreté encore et, pour cela, elle veut réformer le Second Ordre de saint François, les clarisses. C’est pourquoi elle obtient de rencontrer le pape Benoît XIII qui réside alors en Avignon. Ce pape était un « antipape d’Avignon » du Grand Schisme qui déchirait alors l’Occident. Mais son sens spirituel était réel et profond. Il reçoit la profession religieuse de sainte Colette dans la règle de Sainte Claire et la nomme abbesse de tous les monastères qu’elle sera amenée à fonder ou réformer. Si Colette s’adressa à Benoît XIII, c’est que, dans l’incertitude sur l’obédience à laquelle il fallait se rattacher, elle suivit la France entière, qui avait reconnu le pape d’Avignon ; mais dès les décisions connues du concile de Pise, elle fit ratifier par Alexandre V, l’élu du concile, les faveurs reçues précédemment de Benoît XIII.
Colette vient alors en Franche-Comté et réforme en premier lieu le monastère de Besançon puis bien d’autres en Savoie, Artois, Allemagne et Belgique. Elle mourra à Gand et son corps sera, par la suite, transporté à Poligny dans le Jura.
-
le 6 ou 11 mars 251 : début du pontificat de saint Corneille, 21ème pape.
-
le 6 mars 1058 : confirmation par le pape Étienne IX du privilège monétaire de Cluny.
-
le 6 mars 1204 : Philippe Auguste s’empare de Château-Gaillard.
Cette forteresse de Château-Gaillard, construite en 1196 par Richard Cœur de Lion tombe après un siège de six mois sous l’assaut des troupes françaises de Philippe-Auguste. Après la conquête de cette place forte, capitale à l’époque car s’est le verrou qui protège toute la Normandie, il poursuit sa conquête de la Normandie.
Philippe-Auguste est entré en Normandie durant l’été 1202, entendant bien prendre cette province pour le compte de la couronne de France, à Jean sans Terre qui a succédé à Richard en 1199.
-
le 6 mars 1365 : trêve et signature du traité d’Avignon.
Les Français et les Navarrais déposent les armes conformément à la trêve d’Avignon signée par Charles V et Charles de Navarre sous l’égide d’Urbain V. Battu à Cocherel, Charles de Navarre n’a d’autre choix que de signer un traité le même jour ; il abandonne ses possessions d’Île-de-France ainsi que ses droits sur la Bourgogne, la Champagne et la Brie, et gagne les comtés d’Évreux, du Cotentin ainsi que Montpellier.
-
le 6 mars 1429 : Jeanne la pucelle, rencontre Charles VII, Dauphin de France.
Certains historiens parlent du 23 février ; d’autres de deux entrevues. Celle qui nous intéresse est l’entrevue où elle reconnaît le Dauphin parmi les courtisans et où elle lui transmet le « signe » donné par le Ciel justifiant de sa légitimité sur le trône de France.
Après avoir chevauché à travers les terres bourguignonnes depuis la place de Vaucouleurs, Jeanne d’Arc arrive au château de Chinon. Mais le Dauphin la met à l’épreuve en se cachant dans le groupe des courtisans. Guidée par ses Voix, Jeanne se dirige tout droit vers lui et lui annonce :
“Gentil Dauphin, j’ai nom Jehanne la Pucelle et vous mande par moi le Roi des Cieux que vous serez sacré et couronné à Reims et que vous serez lieutenant du Roi des Cieux qui est Roi de France !”
Et en guise de bonne foi, elle lui aurait révélé la prière qu’il récitait en secret:
« A donc, Seigneur mon Dieu, est-ce qu’à cause de la conduite de ma mère, je ne serais pas ainsi que je l’ai cru l’héritier légitime du trône et de la couronne de France ? S’il en est ainsi, inspirez-moi, Seigneur, auquel cas je suis décidé à rendre le Royaume à qui il appartient et à quitter le pouvoir pour me retirer en royaume ami. Au contraire, si je suis véritablement fils du Roi et légitime héritier de la Couronne, je vous prie de combattre pour moi et de m’aider à recouvrer mon Royaume. Si les malheurs de la France sont arrivés à cause de mes péchés qu’il vous plaise, Seigneur de me punir tout seul; mais si ces malheurs sont la conséquence des péchés du peuple, veuillez bien apaiser votre colère et pardonner. »
Le futur Roi comprend alors le caractère divin de la mission de Jeanne. Il sort « transfiguré » de cette entrevue.
En fait, elle lui annonce que sa mission est de « bouter les Anglais hors de France »; mais aussi quatre évènements : la libération d’Orléans, le sacre de Reims, la libération de Paris, qui aura lieu en 1436, et la libération du Duc Charles d’Orléans (alors retenu en Angleterre).
La réaction de la cour est assez hostile ; en particulier La Trémoille, le puissant protecteur de Gille de Rais ! Qui est un personnage que l’on peut qualifier de byzantin pour ne pas dire plus…
Le Dauphin doute encore et va la faire interroger par ses théologiens à Poitier. Jeanne convainc le Roi et ses théologiens. Elle reçoit alors le commandement militaire, et une armure.
Ses voix disent de creuser derrière l’autel de l’église de Sainte Catherine de Fierbois pour trouver une épée marquée de 5 croix, que la tradition attribue à Charles Martel. Elle fait peindre sur un étendard le Christ entre deux anges et broder sur la soie ” Jésus, Maria ! ” avant de prendre le chemin d’Orléans.
Avant de faire couler le sang elle somme au nom de Dieu les anglais de quitter le Royaume, en écrivant au chef anglais.
- le 6 mars 1447 : élection du pape Nicolas V.
Tommaso Parentucelli né à Sarzana vers 1398. Il est élu pape le 6 mars 1447 sous le nom de Nicolas V. Il met fin au schisme de l’antipape Félix V ; fonde la Bibliothèque vaticane ; fait construire des fortifications et restaurer des églises. Il commence son pontificat en embellissant la grande ville et en invitant les peintres, les architectes et avant tout les écrivains. Reconnu comme seul souverain pontife en 1449, il garde une position de neutralité en Italie.
Peint par Laurent de la Hyre 1630 : descendant dans la crypte de la basilique d’Assise, le pape Nicolas V voit saint François debout. Soulevant le bas de son froc, il découvre un de ses pieds stigmatisés d’où le sang coule encore. Le corps de saint François est resté intact dans sa tombe.
-
le 6 mars 1571 : Charles IX entre dans Paris.
-
le 6 mars 1618 : incendie du Parlement de Paris.
L’incendie se déclenche dans le bâtiment de l’actuel palais de Justice, proche de la Sainte-Chapelle, qui, comme cela se passera de nouveau en 1871, est miraculeusement préservée des flammes.
-
le 6 mars 1629 : le Roi Louis XIII bat les Savoyards au Pas de Suse.
Débarrassés de La Rochelle depuis le 28 octobre 1628, Louis XIII et Richelieu, à la tête de l’armée française commandée par les 3 mêmes maréchaux, Créqui, Bassompierre et Schomberg, partent de Grenoble le 2 février 1629 pour Briançon, franchissent les Alpes au le col du Montgenèvre et arrivent devant le fameux « Pas de Suse », défilé étroit qui commande l’entrée de Suse, petite cité stratégique piémontaise. La mission de forcer le passage est confiée à 200 volontaires commandés par Bassompierre. Juste avant la bataille, aurait eu lieu le dialogue suivant avec Louis XIII. :
« Sire, dit-il, les invités sont arrivés, les violons sont prêts, les masques sont à la porte. Si Votre Majesté est d’accord on peut commencer le ballet ».
Le Roi répond « Sachez que l’artillerie, n’a plus que 500 livres de plomb ».
« Ce n’est pas le moment de penser à une bagatelle de ce genre, répliqua le maréchal, faut-il remettre le ballet parce que l’un des masques n’est pas prêt ? Que Votre Majesté me permettre d’attaquer et tout ira bien ».
Et Richelieu d’intervenir : « Sire, à en juger par le visage de Monsieur le Maréchal, il me semble que l’on peut compter sur un succès ».
En effet les Savoyards et Piémontais, culbutés et bousculés de maîtresse façon par la «furia francese» s’enfuient et Charles-Emmanuel, est obligé de s’incliner devant Louis XIII et de signer un éphémère traité (6 mars 1629) dans lequel il reconnaît Charles Gonzague de Nevers, duc de Mantoue et Montferrat. Le 18 mars suivant l’armée française délivre la capitale du duché de Montferrat.
-
le 6 mars 1642 : le pape condamne l’Augustinus de Jansénius.
Mais la bulle n’est publiée que l’année suivante.
-
le 6 mars 1651 : Turenne se réconcilie avec le Roi Louis XIV, qui lui pardonne.
Il peut rejoindre la cour.
-
le 6 mars 1661 : Mazarin décide de fonder un collège, sur sa fortune personnelle.
C’est le Collège des Quatre-Nations, destiné à l’instruction gratuite de 60 écoliers, dans lequel serait installée sa bibliothèque. Pour financer cette construction il met bientôt son mobilier en vente aux enchères.
-
le 6 mars 1664 : signature d’une alliance entre la France et le Brandebourg.
-
le 6 mars 1690 : Fénelon obtient un privilège pour publier son opuscule De la véritable et solide piété.
-
le 6 mars 1703 : les troupes royales de Montrevel défont les Camisards à Pompignan.
-
le 6 mars 1714 : Traité de Rastatt.
Entièrement rédigé en français il met fin à la Guerre de Succession d’Espagne. Il est signé par l’archiduché d’Autriche et le Royaume de France, respectivement représentés par le duc de Villars et le prince Eugène. Il fait suite à de difficiles négociations entre les deux parties, qui duraient depuis novembre 1713.
-
le 6 mars 1766 : naissance de Marin-Pierre Gaullier, colonel français dans les armées royales.
Il est aussi l’un des chefs qui prennent la tête des Chouans en Mayenne. Il meurt le 9 avril 1817.
-
le 6 mars 1779 : naissance d’Antoine de Jomini, général, banquier, historien suisse.
Général dans la Grande armée, véritable autodidacte, il publie plusieurs traités de stratégie et d’histoire des guerres napoléoniennes. Théoricien de l’art napoléonien, il est totalement oublié en France et particulièrement étudié par les militaires américains de nos jours.
Il découvre le passage de Studianka, sur la Bérézina, qui permet à la Grande Armée d’échapper à Wittgenstein et à une destruction totale.
-
le 6 mars 1801 : Sade est arrêté pour “délire de vice” sans jugement pour sa Zoloé
Où il dépeint les mœurs de Joséphine de Beauharnais chez son éditeur, Massé. Les ouvrages sont saisis.
Le professeur Jean Dumont surnomme ce membre du GODF (loge « Les amis de la liberté ») « le père de la Révolution française ». Il écrira dans Justine ou les malheurs de la vertu :
« La nature n’a créé les hommes que pour qu’ils s’amusent de tout sur la terre… Tant pis pour les victimes, il en faut. »
Et un autre frère, François Labbé écrira :
« On pourrait se demander si le vice sadien et la vertu maçonnique ne représentent pas un même concept, celui de la liberté. » (*)
Cette liberté revendiquée par Lucifer avec son « Non serviam.» On ne saurait faire plus synthétique. En 3 phrases tout est dit.
(*) Cités par François Marie Algoud dans Histoire de la volonté de perversion de l’intelligence et des mœurs (pages 86 et 87)
-
le 6 mars 1803 : envoyé pour réoccuper les villes françaises de l’Inde, l’amiral Decaen s’embarque pour l’île de France, future l’île Maurice.
-
le 6 mars 1916 : combats au Mort-Hommes et à la Cote 304.
La bataille de Verdun bat son plein.
-
le 6 mars 1906 : la république met en œuvre sa haine de l’Eglise catholique : expulsion des Congrégations.
« À 10 heures du matin, le percepteur, M. Caillet, se présente devant l’église de Boeschepe, un village du Nord, non loin de la frontière belge. Il est accompagné de son fils, étudiant en droit à Lille, et de M. Benoist, commissaire de Bailleul, le chef-lieu du canton. Un détachement du 8e d’infanterie, une dizaine de dragons et cinq gendarmes les attendent. Leur mission : assurer la protection de l’inventaire des biens ecclésiastiques qui doit avoir lieu à Boeschepe, comme dans les 36 000 communes de France, en application de la loi de séparation des Églises et de l’État promulguée le 9 décembre 1905. Depuis un mois, ces inventaires ont donné lieu à de multiples incidents. Mais en Flandre française, la population est très pratiquante : l’atmosphère est électrique.
Deux serruriers étrangers à la commune ont été réquisitionnés. Ils forcent la porte de l’église. Entouré d’une cinquantaine de fidèles, le curé, l’abbé Haan, lit la protestation que son évêque a transmise au clergé du diocèse. Pendant que les fonctionnaires examinent les objets du culte, l’assistance entonne des cantiques. À 11 heures, alors que l’opération s’achève, un tumulte se fait entendre : forçant les barrages, 300 hommes pénètrent dans le cimetière, passent par la sacristie et font irruption dans l’église.
Aucun d’entre eux n’est armé. Revolver au poing, le commissaire demande au prêtre de calmer les manifestants. L’abbé Haan s’exécute. Dans un premier mouvement, les assaillants reculent. Mais la bagarre éclate avec les gendarmes. Coups de poing, coups de pied, les chaises volent. Dans l’action, le percepteur roule à terre. Son fils, qui porte un revolver sur lui, prend peur : il tire, au moment où claquent d’autres détonations. Un homme s’effondre, mort. Dans la plus grande confusion, le percepteur et son fils s’échappent, puis un fourgon de cavalerie les emmène au galop.
L’autopsie révélera que la balle mortelle venait du calibre 6 du fils du percepteur, l’enquête confirmant que trois balles avaient été tirées par cette arme et trois autres par les gendarmes. Premier martyr des Inventaires, Gery Ghyseel, un ouvrier boucher de 35 ans, laissait une veuve et trois orphelins.
La Flandre catholique l’enterrera le 10 mars. Trois jours auparavant, ce drame avait provoqué la chute du gouvernement. »
Tiré de Quand les catholiques étaient hors la loi de Jean Sévillia (éditions Perrin page 9)
Voir les chroniques du 5, 6 et 7 novembre du 6 et 26 mars, du 12 avril.
-
le 6 mars 1946 : la France reconnaît le Vietnam comme État libre au sein de la Fédération Indochinoise.
Mais les sages avis du futur maréchal Leclerc ne sont pas suivis. La guerre d’Indochine va commencer.
-
le 6 mars 1946 encore : sur place débute l’opération « Bentré ».
Ce même jour, débute une importante opération de la marine Française qui a pour but de rétablir notre souveraineté au Tonkin en relevant par des troupes françaises les militaires chinois qui avaient désarmé les forces japonaises au nord du 16e parallèle.
Au sud la relève des Anglais s’était très bien passée. Avec les Chinois un accord a été signé 8 jours plus tôt.
Cette opération baptisée “Bentré” devait se dérouler sans problème puisque les Chinois étaient en principe nos alliés, mais elle débute de façon dramatique : en dépit des accords, le Triomphant, commandé par le CF Jubelin et dont la mission est de protéger les cinq premiers LCI chargés de transporter les troupes (environ 20 000 Français au total) pour les mettre à terre, est accueilli par un tir violent d’armes de tous calibres de la part des Chinois. Au total, cet engagement fait 29 tués et 93 blessés du côté français.
Mais dès que l’autorisation d’ouvrir le feu est donnée par LECLERC, le rapport de force s’inverse ; l’opération se termine sans autre difficulté et le 15 mars toutes les troupes ont débarquées.
Parmi les mort, le lieutenant de vaisseau Cruchet chargé de diriger le tir de l’artillerie depuis le télépointeur de 138 mm du Triomphant est mortellement blessé par l’explosion d’un obus. Par décret du 19 septembre 1946, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume avec la citation suivante à l’ordre de l’armée de Mer :
“Officier canonnier du Triomphant tué à son poste de combat le 6 mars 1946. Malgré un feu meurtrier de l’adversaire, ayant déjà un blessé très grave à ses côtés, a montré jusqu’à la fin le plus parfait mépris du danger ; belle figure d’officier d’une haute valeur morale, aimé de ses hommes qu’il avait parfaitement entraînés au combat.” Cette nomination comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme.
Il a été enterré au cimetière Courbet en baie d’Halong.
-
le 6 mars 1982 : le professeur Cabrol pratique la première opération « cœur + deux poumons ».