“A qui veut régénérer une Société en décadence, on prescrit avec raison, de la ramener à ses origines.” Léon XIII, Rerum Novarum
Alors rappelons-nous :
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le 9 mars 1309 : installation des Papes à Avignon.
Le conflit qui opposait le pape Boniface VIII et le Roi de France Philippe le bel, s’achève avec la mort du pape, suite à « l’attentat »d’Agnani en 1303. Benoit XI succède pendant un an à Boniface VII; puis Philippe le bel parvient à faire élire comme successeur, un pape français, Clément V.
Bertrand de Got, ancien archevêque de Bordeaux et pape sous le nom de Clément V, fixe la résidence papale au couvent des dominicains à Avignon afin d’échapper aux troubles politiques qui agitent alors Rome. Cela va durer 68 ans. Clément V demeure ensuite à Malaucène, Carpentras et Caromb.
Avignon est la propriété du comte de Provence et roi de Naples. Sur les conseils du Roi de France, Philippe IV le Bel, le souverain pontife a renoncé à regagner Rome et s’y installe
De 1309 à 1377, sept papes se succèdent en Avignon : Clément V, Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI
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le 9 mars 1409 : Paix de Chartres, cessez-le-feu momentané entre Armagnacs et Bourguignons
La paix de Chartres est signée, mettant provisoirement fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Parmi les 21 articles signés, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur y reconnaît le meurtre de Louis Ier d’Orléans en 1407 (voir la chronique du 23 novembre), et présente ses excuses à ses enfants, Philippe et Charles. Une cérémonie de conciliation est organisée le même jour dans la cathédrale de Chartres, où les successeurs d’Orléans accordent leur pardon à l’assassin de leur père.
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le 9 mars 1513 : élection du pape Léon X.
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le 9 mars 1661 : mort du cardinal Mazarin.
Le principal ministre de Louis XIV, le cardinal Mazarin s’éteint à Vincennes à l’âge de 58 ans.Vers minuit, dans un souffle, il murmure à Anne d’Autriche et à Louis XIV :
“Je vais bientôt finir, mon jugement se trouble. J’espère en Jésus Christ”.
A deux heures du matin, le père Joly, qui lui a donné l’extrême onction le 7, lui fait embrasser le crucifix et commence à réciter la prière des agonisants. Le mourant tente vainement de se redresser pour parler mais s’effondre : son cœur a cessé de battre. Après avoir scrupuleusement mis en ordre ses affaires spirituelles et matérielles, le cardinal Jules Mazarin s’est éteint.Souvent décrié en France, il a fortement renforcé la monarchie face aux Frondes de la noblesse ; le Royaume qu’il laisse est un Royaume restauré et en paix, à l’abri des invasions. Sur le plan extérieur, il a parachevé l’œuvre de Louis XIII et de Richelieu, grâce aux Traités de Westphalie (1648 ; voir la chronique du 24 octobre). La France en sort grandie et devient la pièce maitresse du nouvel ordre européen qui régit les relations internationales du continent jusqu’à la Grande Guerre. Il est aussi à l’origine du Traité des Pyrénées qui délimite définitivement la frontière entre la France et l’Espagne.
Quelque temps auparavant, il avait présenté Colbert au Roi en lui disant :
« Sire, je dois tout à votre Majesté, mais je m’acquitte de ma dette en lui présentant Colbert »
Le lendemain, le Roi de France âgé de 22 ans convoque ses ministres et leur annonce sa volonté de reprendre seul les rênes du pouvoir :
“[…] jusqu’à présent j’ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal; il est temps que je les gouverne moi-même.”
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le 9 mars 1661 : Jean-Baptiste Colbert entre au service du Roi.
En septembre 1661, Colbert va obtenir la disgrâce de Fouquet, qui est arrêté à Nantes le 5 septembre 1661 par d’Artagnan. Colbert lui succède à la tête de l’administration des finances, d’abord comme intendant puis, en tant que contrôleur général, en 1665. Remarquable gestionnaire, il développe le commerce et l’industrie par d’importantes interventions de l’État. Sa politique a été baptisée de son nom: le colbertisme.
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le 9 mars 1678 : l’armée de Louis XIV occupe Gand, puis Ypres (le 25 mars).
Cette occupation trouve sa place dans le cadre de la guerre de Hollande (1676-1678), qui modifie l’équilibre européen. La France triomphe de ses adversaires sur le plan militaire. Par le traité de Nimègue, qui met fin à la guerre, la France restitue la plupart de ses conquêtes, mais acquiert la Franche-Comté et plusieurs villes de Flandre. Qui a dit que Louis XIV était un Roi despotique ?
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le 9 mars 1720 : un édit supprime les charges prévôtales de la Maréchaussée.
L’ancêtre de la Gendarmerie est alors constituée en brigades situées dans une zone géographique, mais le maillage complet du territoire n’est réalisé qu’en 1769.
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le 9 mars 1790 : la fortune personnelle du Roi est déclarée propriété nationale.
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le 9 mars 1796 : le général Bonaparte épouse « civilement » Joséphine de Beauharnais.
Le général Bonaparte épouse civilement Joséphine de Beauharnais à la mairie du IIème arrondissement de Paris. Joséphine est créole, elle a grandi en Martinique, s’est mariée une première fois en métropole en 1779 avec le général Alexandre de Beauharnais qui lui a donné deux enfants, Hortense et Eugène. Deux jours après son union, Napoléon Bonaparte part rejoindre son commandement à Nice. Il laisse sa femme continuer à batifoler dans les salons parisiens qui lui fournissent nombre d’amants.
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le 9 mars 1799 : les Français assistent de loin à la décapitation de leurs 2 émissaires par les Turcs.
Ils prennent d’assaut Jaffa, l’enlèvent, massacrent les défenseurs, font 3000 prisonniers, n’épargnent que les Egyptiens, et pillent tout ce qu’ils trouvent.
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le 9 mars 1831 : vote d’une loi créant la Légion étrangère.
Louis-Philippe annonce la création d’une nouvelle unité militaire composée uniquement de volontaires d’origine étrangère, sauf les officiers qui sont Français.
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le 9 mars 1893 : début du procès du scandale de Panama.
Ferdinand de Lesseps et ses associés sont accusés d’avoir versé des pots de vin à des députés et des sénateurs pour qu’ils votent une loi autorisant la Compagnie à émettre des obligations. Après 13 jours de procès, l’ancien ministre des Travaux publics, Baïhaut, est condamné à 5 ans de prison pour corruption ; il est, en effet, le seul homme politique à avouer les faits ! Clemenceau, lui aussi sali par le scandale, n’est pas condamné. Les frères Lesseps et l’entrepreneur Gustave Eiffel écopent d’un an pour abus de confiance.
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le 9 mars 1929 : première représentation de Marius de Marcel Pagnol au Théâtre de Paris, avec Raimu et Pierre Fresnay.
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le 9 mars 1942 : au fort du mont Valérien, sept résistants sont fusillés par les Allemands, qui avaient rendu la sentence dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
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le 9 mars 1943 : les usines Renault du Mans sont bombardées.
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le 9 mars 1945 : attaque des Japonais en Indochine.
Malgré sa situation de considérable infériorité militaire face au Japon et un blocus qui démultiplie les difficultés de la vie civile et économique, l’amiral Decoux, gouverneur général de 1940 à 1945, a réussi l’exploit de conserver l’Indochine en paix sous administration française. À six mois de la capitulation japonaise, il peut espérer remettre intact le dépôt qu’il avait reçu dans la tourmente de juillet 1940.
En multipliant les provocations agressives aussi stupides qu’irresponsables, les gaullistes vont hélas susciter une violente réaction des Japonais. Le 9 mars 1945, à 20h00, les garnisons françaises sont toutes simultanément attaquées. Selon la vulgate officielle, les soldats français, assimilés à des collabos vichystes, auraient capitulé “honteusement”, sans se battre. La réalité est tout autre.
“Dans des conditions nettement plus favorables pour eux, les Américains avaient été chassés des Philippines en 1941, et les Anglais éliminés de Singapour en moins de huit jours. Les Français de 1945, mal armés et mal équipés, ont tenu deux mois au Tonkin face à l’armée japonaise. Partout ailleurs en Indochine (Annam, Cochinchine, Cambodge, Laos), de nombreux Français, rapidement submergés dans leurs garnisons après d’âpres combats, ou isolés chez eux au moment de l’attaque vont tenter de prendre le maquis conformément aux ordres reçus […] En fait de “capitulation honteuse”, les soldats français d’Indochine connaîtront le taux de mortalité au combat le plus élevé de toute la Seconde guerre mondiale : 17,6 % de l’effectif total ou 20 % de l’effectif engagé (deux mille cent dix neuf tués), sans compter les blessés. Sans compter, non plus, les sévices subis par leur familles et par les civils en général (agressions, viols, massacres, vols, humiliations, brimades et spoliations diverses).” (de Paul Rignac, La désinformation autour de la fin de l’Indochine française, Editions l’étoile du berger, p.185)
“Sur le plan économique et financier, les Japonais vont ruiner l’Indochine en quelques semaines. […] La santé publique connaît une régression sans précédent.” (Ibid., p.189)
Quand Leclerc arrive enfin à Hanoï, le 18 mars 1946, soit plus d’un an après le coup de force japonais, les Français du Tonkin, qui ont vécu un enfer, demandent en grand nombre leur rapatriement. Quant aux populations d’Indochine, elles vont souffrir trente années de martyre. L’armée française, elle, laissera sur le terrain plus de cinquante mille morts, dont chaque année un nombre d’officiers équivalents à une promotion de Saint-Cyr.
Le général De Gaulle voulait instamment du “sang versé” : il y en aura, et à profusion. Mais cela ne vaudra jamais à la France auprès de ses “Alliés” le “titre imposant” que le chef de la France libre en attendait :
“Pour pénible que dût être localement cet aboutissement, je dois dire que, du point de vue de l’intérêt national, j’envisageais volontiers qu’on en vînt aux mains en Indochine. Je tenais pour essentiel que le conflit ne s’y achevât pas sans que nous fussions, là aussi, devenus des belligérants. […] Si nous prenions part à la lutte, fût-elle près de son terme, le sang versé sur le sol de l’Indochine nous serait un titre imposant. […] Je voulais que nos troupes se battent, en dépit de ce que leur situation aurait de désespéré.”
Charles De Gaulle, Mémoires de guerre.
Arrivés de métropole après la défaite finale du Japon, les émissaires gaullistes, transposant en Indochine les mœurs de l’Epuration qui sévissent en France, et y organisent une épuration massive. Cette épuration va causer : “une fracture irréparable entre la quasi-totalité des anciens Français d’Indochine et les nouveaux arrivants nommés par le GPRF […], priver l’Indochine de cadres compétents, et compromettre l’image de l’ensemble des Français aux yeux des Indochinois. La négation de cette épuration est un grand sujet de désinformation. »
Paul Rignac dans, La désinformation autour de la fin de l’Indochine française, pp.211 et 198).
« Quant à la population vietnamienne, après avoir vu “la chute de l’homme blanc et son humiliation par des Asiatiques, […] elle se retourne brusquement contre les colonisateurs. Les Européens sont désormais soumis à toutes sortes de brimades, vexations, vols, attentats et agressions diverses. On risque sa vie en allant simplement faire les courses. La marchande de légumes, si aimable autrefois, vous injurie et refuse de vous servir. Les enfants de la rue, si gais et si souriants avant le 9 mars, volent les bicyclettes arrachent les montres, les bijoux et les sacs. » (Paul Rignac dans, La désinformation autour de la fin de l’Indochine française, p.200-201)
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le 9 mars 1966 : la France se retire du commandement militaire de l’OTAN.
Voir la chronique du 7 mars
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le 9 mars 1998 : affaire Dumas, Loïk Le Floch-Prigent est mis en examen.
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le 9 mars 1999 : affaire du sang contaminé : pas de coupables !
La Cour de justice de la République (CJR) ordonne la relaxe de l’ancien Premier ministre Laurent Fabius et l’ancienne ministre des Affaires sociales Georgina Dufoix, poursuivis pour homicides involontaires dans l’affaire du sang contaminé. Seul l’ancien secrétaire d’État à la Santé, Edmond Hervé, est symboliquement condamné, avec une dispense de peine.