Dans le cadre de l’élection présidentielle 2012, le site Onirik a envoyé à tous les candidat un questionnaire sur le thème de la culture et du partage culturel (SACEM, livres numériques, téléchargement, enseignement, presse, internet etc…). Voici un extrait de la réponse de Carl Lang à propos des pièces de théâtre et oeuvres qui avaient choqué les catholiques :
" La liberté d’expression a des limites, bien entendu, qui sont le respect de la vie privée, le droit à l’image, le respect des bonnes mœurs et de l’ordre public, etc. Ces limites, la loi les fixe déjà (…) Par contre, les lois qui interdisent d’exprimer certaines opinions en tant que telles, ou de contester des faits historiques, sont liberticides. Pour reprendre l’exemple tiré de l’actualité auquel vous faites allusion, chaque cas doit être défini avec justesse. Ainsi, prétendre que Jésus n’aurait jamais existé, en dépit des preuves historiques qui existent, relève d’une opinion, manifestement fausse au regard des preuves historiques, mais parfaitement licite ; de même, nier qu’il soit le fils de Dieu relève de la croyance, et dans ce cas la loi ferait violence aux consciences si elle voulait imposer cette foi ; par contre, badigeonner l’image du Christ d’excréments en public est un sacrilège… C’est dans ce dernier cas seulement, bien entendu, que les croyants peuvent s’estimer lésés, et que la liberté d’expression trouve une limite. Il est déjà assez troublant que des spectacles contenant des scènes de ce genre puissent obtenir des subventions ; mais il serait intolérable que les justes plaintes des croyants outragés ne puissent obtenir réparation. Ces nuances sont importantes, parce qu’elles montrent que c’est souvent par malhonnêteté intellectuelle qu’on réclame la liberté totale pour l’art… Liberté dont on a parfois l’impression qu’elle consiste essentiellement dans le droit de choquer. Et on a parfois la désagréable impression que les artistes qui réclament la plus grande liberté sont souvent ceux qui sont le plus avides de subventions, et partant les plus serviles à l’égard des idées dominantes."
Lurker
Non. Il est à côté de la plaque.
Le blasphème que Lang veut voir poursuivi est, qu’il le veuille ou non, la même notion qui permet l’emprisonnent d’Asia Bibi par des cinglés islamistes au Pakistan. Tout ce que cela ferait serait de créer des “martyrs” qui ne méritent pas cette dignité là même où il existe de vrais martyrs.
Le scandale, grave, et le seul scandale de Golgota Picnic, de Sur le concept du visage du fils de Dieu et de toutes ces pièces de m*rde consacrées aux névroses défécatoires de soi-disant “créateurs” est l’accès indu aux subventions et aux infrastructures financées par le public, théâtres publics et festivals subventionnés.
Mais, le blasphème est comme le reste une notion d’ordre privé, subjective et contingente aux sensibilités de chacun. Je suis athée et “Sur le concept” ne me parait donc évidemment pas blasphématoire, mais simplement ridicule, laid, narcissique et digne du plus profond mépris. Si certains veulent se complaire dans les lubies coprophiliques de monsieur Castellucci par des moyens privés et en des lieux privés, c’est leur droit et ils n’ont pas à être inquiétés ni par la loi, ni par les revendications personnelles d’autres personnes. Mais aussi libre à quiconque d’exprimer publiquement tout le mal qu’ils en pensent.
Là où je rejoins volontiers Civitas et les activistes catholiques, c’est que lorsque les deniers des contribuables sont engagés, il est tout à fait normal que s’imposent aux bénéficiaires des largesses publiques des standards de décence beaucoup plus restrictifs que ceux de la seule liberté d’opinion et d’expression. Et si ça ne plait aux “créateurs”, ils peuvent toujours se référer au paragraphe précédent. Castelluci au off off d’Avignon, si ça lui chante et à ses frais, mais à l’Opéra-Théâtre au frais de la région et du Ministère de la (in)Culture, pas question.
NB : Pour le petit Delanoë et son pote Michel Gaudin, les manifestations pacifiques sur la voie publique, même bruyantes, ne sont pas des motifs légitimes d’inquiétude tant qu’elles n’entravent pas physiquement ou par l’intimidation la circulation des tiers. Les autorisations de manifester, ce n’est pas sur les opinions des manifestants qu’elles sont délivrées ou refusées, mais uniquement sur des considérations d’ordre public. Y a des claques et des condamnations qui se perdent.
PG
@ Lurker
Pas en accord avec vous. certes les spectacles subventinonnés ne doivent pas agresser une partie de l’opinion, surtout en matière religieuse et particulièrement le christianisme, qui est l’un des substrats de notre civilisation.
Mais le blasphème concernant d’autres valeurs que religieuses existe et il est puni par la loi : essayez de nier tel ou tel génocide ou politique génocidaire et concentrationnaire, tels que définis par les lois Pleven-Gaysot et leurs suites législatives : là la négation de crime contre l’humanité est sanctionnée, preuve qu’il existe dans toute société des valeurs, fausses ou non, définies clairement ou non, mais dont il est licite de faire interdire par la loi leur négation, leur agression, leur relativisation, leur abaissement, etc……
Ce que mérite la dite SHOAH, et autres génocides, le christianisme, réalité historique et composante intime de centaines de millions d’Européens,le mérite également.
Carl LANG a raison sur ce point, quoi qu’on pense par ailleurs de son action politique.
HB2
S’il y a quelqu’un qui est à côté de la plaque, c’est bien vous Monsieur Lurker. Bien que vous soyez athée, il y a bien des choses ou des valeurs en lesquelles vous croyez, enfin je l’espère. Ne trouveriez-vous pas normal que lorsque celles-ci sont traînées dans la boue (dans la merde en l’occurrence) publiquement et scandaleusement insultées, ces actes provocateurs et orduriers soient réprimés ou au moins interdits ?
Si on suit votre raisonnement, pour prendre un registre non-religieux, un artiste non-subventionné qui défèque sur le drapeau français doit pouvoir exposer librement c’est ça ?
Oui à la liberté d’expression, non au blasphème, à l’insulte, à la diffamation et à la provocation ordurière.