"impuissante à réformer le capitalisme parce que tel n’était pas en réalité l’objectif d’une jeunesse bien plus matérialiste que la précédente, la génération de 68, lorsqu’elle scandait "jouissez sans entraves", nous signifiait en réalité "consommez sans entraves". En ce sens, bien loin de vouloir "liquider Mai-68" comme l’avait promis tel ancien candidat à la présidence de la République, lors d’une campagne électorale qui semble déjà appartenir à un passé plus lointain que les "zévénements" d’il y a quarante ans, on est en réalité en train de le parachever […].
Et ce d’autant plus que la droite n’a toujours pas entamé son réarmement intellectuel. Dans une récente interview accordée à l’Express, Rama Yade proclame « A nous maintenant de faire notre Mai-68 », et à la question « Qu’est-ce qu’être de droite ? », a cette réponse désarmante – et désarmée (qu’on ne citerait pas si elle n’était si typiquement sarkozyenne) : « Choisir la modernité, chercher l’efficacité de l’action, prendre à bras-le-corps un héritage lourd, souvent fait de renoncements, et essayer d’enclencher le mouvement » ; cependant que les jeunes de l’UMP-Grandes écoles, pour contrer 68, n’ont rien trouvé de mieux que « Le passé nous contraint, l’avenir nous libère »… Le mouvement comme seule valeur, la modernité comme seul référent, la droite résumée à une avant-garde du bougisme universel : les ex-soixante-huitards auraient bien tort d’être nostalgiques, car c’est tous les jours leur fête."