Le directeur de l’Immaculée-Conception, à Pau, avait été suspendu par le rectorat. Une décision annulée par le tribunal administratif en juin. Il raconte dans France catholique :
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C’est une guerre qui nous est menée : certains veulent abattre l’enseignement catholique. Derrière des formulations vagues et des témoignages subjectifs, le rapport de l’inspection ne révèle pas de manquements réels au contrat d’association mais témoigne du refus d’accepter la spécificité de l’enseignement catholique, pourtant garantie par la loi. Or nous sommes souvent trop tièdes. Nous sommes à la remorque de ce que décident les « laïcistes » au mépris du « caractère propre » de nos établissements. Quand Vincent Peillon [ancien ministre de l’Éducation nationale, NDLR] publie sa Charte de la laïcité en 2013, le Secrétariat général de l’Enseignement catholique lui emboîte le pas et diffuse aussitôt un texte de la même eau… Nous adoptons leur conception quasi religieuse de la laïcité. Or la laïcité n’est pas une religion de substitution. J’espère que le nouveau secrétaire général mènera le combat qu’on nous impose. Le bon combat. Il est temps de rappeler l’enseignement de l’Église en matière d’éducation, d’ailleurs fondé sur une longue expérience.
Que faut-il faire pour endiguer cette offensive ?
Au niveau local, ne nous laissons pas intimider par des inspecteurs dont certains outrepassent leurs pouvoirs. Osons, au contraire, des propositions pastorales audacieuses, comme nous y invite Mgr Aillet dans son dernier livre, L’Église face au monde moderne. L’école catholique n’est pas une école comme les autres, mais un lieu où l’Évangile est proposé comme une lumière. Il ne nous est pas permis de la mettre sous le boisseau. Ce qui suppose aussi que l’équipe éducative soit cohérente, et les enseignants convaincus de leur mission. La formation des maîtres, et celle des chefs d’établissements, méritent d’être réformées.
Au niveau national, le Secrétariat général devrait rappeler clairement que la loi garantit le caractère propre de l’école catholique. Cette offensive met en danger le pluralisme scolaire. Il faut s’armer pour y répondre. Ce qui passe par la mise en place d’une veille juridique pour livrer les combats que certains veulent nous imposer. Que peut-on faire dans le cadre de la loi ? Comment garantir la liberté d’enseignement qui a valeur constitutionnelle ? Cela suppose aussi que les chefs d’établissement indûment attaqués bénéficient d’une assistance juridique : c’est notre liberté qui est en cause. Et notre dignité. Le jugement rendu à Pau rappelle que la justice demeure une garantie essentielle contre les attaques infondées. Loin d’être un instrument idéologique, la laïcité est confirmée par le tribunal comme un principe d’équilibre et de liberté que certains voudraient travestir en dogme d’exclusion.
Qu’attendez-vous des évêques ?
Mgr Aillet, l’évêque de Bayonne, ne m’a jamais lâché. J’aurais aimé que la Conférence des évêques de France monte elle aussi au créneau. Nous avons besoin de l’assistance juridique du Secrétariat général, et du soutien spirituel de nos évêques. Je veux aussi remercier le sénateur Max Brisson, ancien inspecteur général, qui a pris la parole au risque de déplaire, en restant fidèle à une certaine idée de l’école et de la liberté d’enseignement.