Mariage, Eucharistie, contraception : les propos du Père Dimitri Smirnov, président de la commission famille du Patriarcat de Moscou, sont très audibles pour des catholiques… Suite des bonnes feuilles du livre du Père Dimitri Smirnov.
La communion au Corps et au Sang du Christ raffermit l’union des époux. Quel lien y a t- il entre le sacrement du mariage et celui de l’Eucharistie ?
Comme la circulation du sang dans l’organisme de quelqu’un nous dit qu’il est vivant, la vie n’est pas seulement biologique mais aussi spirituelle. Et la fréquentation constante du Sacrement témoigne que telle personne a une vie spirituelle. Comme l’a dit un saint russe il y a cent ans, celui qui n’a pas le zèle de communier n’aime pas Jésus-Christ. Quand les gens s’aiment, ils cherchent à s’unir, dans le mariage, dans l’amitié, dans une affaire en commun, etc. Il existe dans le monde toutes sortes de formes de christianisme auquel on a arraché quelque chose. Par exemple dans le protestantisme, ils ont rejeté la Mère de Dieu, l’Icône, l’Eglise, et même un objet si magnifique que la parole de Dieu, ils l’ont réduite… Si bien que même la musique en a pris un coup ! Enfin c’est mon avis…
À l’exception de Bach, peut-être ?
Mais Bach, c’est une musique considérée comme chrétienne, c’est encore un terreau de christianisme. Ce n’est pas un hasard si après Bach il n’y a pas eu de Bach, c’est la mort de la perception… Il faut donc être prudent à cet égard. Dieu nous a donné les sacrements pour notre vie… Pendant que nous sommes en vie, nous sommes pécheurs et nous avons donc sans cesse besoin de régénération. C’est comme une dialyse. L’homme malade a besoin d’un renouvellement constant, sinon il s’empoisonne lui-même. C’est la même chose. Si l’homme vivait au paradis, il n’en aurait pas besoin puisqu’il serait en communion constante et totale avec Dieu.
Il y a quelque chose de frappant aujourd’hui : l’Eucharistie est moins vue comme un don que comme un droit. L’esprit de la société de consommation instille cette approche dans les esprits de manière très forte. Peut-on s’approprier le Corps et le Sang du Christ ? Comment réagissez-vous à cela ?
J’essaie d’éclairer le peuple, mais j’ose le dire, cette civilisation anti-chrétienne dans laquelle nous vivons a forcément une influence, souvent bien négative. Je n’y vois pas grand-chose de positif. Les gens pourront certainement comprendre mon approche sévère. Pourtant, quand le prêtre dit à quelqu’un qu’il vaut mieux ne pas communier, il peut arriver que la personne s’indigne ; c’est sommes toutes une réaction naïve. Qui m’étonnera toujours. (…)
S’agissant de l’amour entre les époux, connaissez-vous l’encyclique Humanæ Vitæ ?
Oui. Les sujets qu’elle aborde m’intéressent, mais je n’ai pas pris véritablement le temps de la lire.
Y a-t-il une doctrine relative à la contraception que vous conseillez aux chrétiens puisque cette question est quand liée au problème de l’avortement ?
Si l’on mène une vie chrétienne normale, enracinée dans l’Evangile, alors on sait respecter des périodes d’abstinence, c’est-à-dire sans recourir à la contraception. On comprend bien que les tentations viennent, diverses et variées, mais on peut les surmonter avec l’aide de Dieu. De même qu’il faut savoir s’abstenir sur d’autres plans. L’Apôtre saint Paul dit qu’il ne faut pas céder à la concupiscence de la chair.
Avec la contraception, les femmes oublient qu’elles ont un cycle ; et un certain nombre d’entre elles qui désirent avoir un enfant en s’approchant de la quarantaine, découvrant les richesses de leur féminité, font la triste expérience que leur corps n’est plus très fécond, en tous cas moins qu’avant… La déconnexion de la psychologie avec les lois du corps est à l’origine de beaucoup de souffrances chez les femmes. Autre exemple de déconnexion aux lourdes conséquences : la grossesse sans désir d’enfant. Terrible distorsion intérieure qui conduit certaines femmes à choisir l’avortement lorsqu’elles se découvrent enceintes… Imaginons, que d’un côté, certaines pleurent de ne pouvoir avoir d’enfant, et de l’autre, certaines connaissent l’angoisse d’être mère. Le drame c’est que dans tous les cas, c’est le plus faible qui trinque, celui a le moins sa voix au chapitre : la femme à qui l’on n’a jamais dit que la pilule lui retranche une part de sa féminité et l’enfant, assassiné dans le sanctuaire de la vie…
Oui, j’ai connu des femmes dans ces tristes situations…